Ensemble contre le coronavirus
06H45 - vendredi 27 mars 2020

La Terre en quarantaine crée une conscience planétaire ! la chronique de Michel Scarbonchi

 

Vidéo-réunion du G20 puis du Conseil des chefs d’Etats de l’Union européenne pour Emmanuel Macron hier après-midi. C’est que près de trois milliards d’êtres humains sont désormais en « résidence surveillée sanitaire », vivant le même enfermement et ses diverses conséquences.Toute une planète, parfois avec décalage, suivant les continents, vit la même peur, la même angoisse pour se protéger et survivre face à la menace du Covid-19. Quels que soient la couleur de leur peau, leur religion, leur mode de gouvernance, leur âge, ils vivent, au même instant, le fléau du virus.

La troisième guerre mondiale est sanitaire !

Nous vivions depuis 1945 dans la potentialité d’un conflit nucléaire, voire d’un météorite heurtant notre planète, certains imaginant même une invasion d’extraterrestres…ou l’apocalypse climatique. La gouvernance de Donald Trump avait crédibilisé le scénario du feu nucléaire.

Rien de tout cela !

Nous vivons une « guerre mondiale » mais c’est celle d’une pandémie liée à un virus venu d’une province chinoise. Point de missiles, de canons, de fusils mais des médecins, des infirmiers, des brancardiers, des soignants pour combattre le mal identifié mais invisible. Point de pays les uns contre les autres mais l’humanité contre 3 millimètres de virus !

De cette épreuve, nous pouvons déjà tirer une première leçon : la mondialisation du virus nous fait prendre conscience de notre appartenance à la planète Terre, plus sûrement qu’à une aire géographique d’origine. Le dérèglement climatique avait déjà commencé cette culture d’appartenance sans frontières. Nos vies sont en danger face à un ennemi commun à tous les habitants de la planète, ce qui induit que la Terre est en danger et l’espèce humaine menacée.

Nous ne sommes plus en voie de disparition en tant qu’Américain, Français, Russe ou Chinois mais comme » terrien ». N’en sortira-t-il que du positif ? Probablement, surtout par rapport aux phénomènes nationaliste et populiste.

Car, d’évidence, une deuxième leçon de la pandémie s’impose, celle de la nécessité d’une gouvernance mondiale relative aux problèmes de santé. Les risques du dérèglement climatique avaient fait naître, depuis la COP21, l’urgence d’un traitement mondial du devenir climatique de la planète, le Covid-19 a montré l’ineptie des « discours frontiéristes » des populismes prônant le repli sur soi quand la pandémie fait la démonstration que seule une action internationale aurait permis de faire face rapidement et efficacement à une telle pandémie mondiale. Le Coronavirus vient aussi battre en brèche les « théories trumpiennes » sur l’isolationnisme.

Il appartiendra au jour d’après qui ne sera plus comme le « monde d’avant » de répondre à ces premières leçons de la pandémie.

D’autres constats sautent d’ores et déjà aux yeux…

Face aux virus, les États centraux-autoritaires ou démocratiques (Chine, Russie, France) ont mieux résisté à la pandémie que les États fédéraux ou régionalistes (États-Unis, Brésil, Italie).

L’Europe a été, comme trop souvent, aux « abonnés absents » sur le plan sanitaire dans cette crise. La bonne nouvelle, c’est probablement, dès la fin de la pandémie, la naissance d’une Europe de la santé qui va sûrement s’accélérer avec la gestion de la crise économique que nous allons subir, l’Europe sociale et fiscale.

Autre leçon : la mondialisation avait un défaut, l’absence de gouvernance mondiale puisqu’elle ne s’est développée que sous la loi et le contrôle de l’hyper-puissance américaine. Nous devons réformer nos institutions internationales. Si l’ONU a des casques bleus pour intervenir entre belligérants dans les conflits armés, pourquoi l’OMS n’aurait-elle pas une force sanitaire internationale-les casques blancs-pour intervenir dans le cadre des catastrophes sanitaires. La mutualisation de la recherche et des moyens d’intervention, soit au niveau régional, soit au niveau mondial, est la seule réponse à apporter aux pandémies à venir.

Dernier constat, chaque jour pour les terriens confinés est un jour de dépollution respiratoire et sonore. Ce n’est pas le moindre paradoxe du Covid-19, il est en train de ramener à la vie notre planète au prix de la destruction de milliers de ses habitants.

Sans doute, le prix à payer de nos excès, de nos errements, celui d’un capitalisme dévoyé que nous devrons profondément changer « le jour d’après » pour un monde plus juste, plus solidaire, plus propre, plus sain, en un mot plus humain.

Michel Scarbonchi

Ancien député européen