Ensemble contre le coronavirus
06H55 - vendredi 6 mars 2020

Au fait, c’est quoi le coronavirus ? Et comment (tenter de) s’en prémunir ? Françoise Rosenpick

 

Les virus sont probablement les plus petits êtres vivants sur Terre. Ils peuvent infecter tous les organismes, humains, animaux, végétaux. Tout au long de l’évolution, les virus ont ainsi infecté mais aussi enrichi nos organismes.

Ce sont des organismes composés d’une enveloppe de protéines qui renferme de l’ADN ou de l’ARN. Ils n’ont pas de métabolisme et, pour se reproduire, ils doivent pénétrer nos cellules, en prendre le contrôle et en détourner le métabolisme à leur profit. C’est ainsi qu’ils se répliquent et se disséminent dans notre corps. Notre corps, lui, se défend en produisant des anticorps qui les détruisent. Mais ils peuvent passer d’une personne à l’autre en empruntant différentes voies : certains utilisent la voie respiratoire, d’autres la voie digestive, transcutanée ou encore sexuelle.

Les coronavirus sont appelés ainsi car leur enveloppe forme comme une couronne (pas parce qu’ils infectent la bière Corona !!!). Ce sont des virus à ARN, et ils ont tendance à muter plus facilement que ceux à ADN.

« Les mutations font partie du mode de fonctionnement normal pour ce type de virus », explique Vincent Enouf, le responsable adjoint du Centre national de référence des virus respiratoires (Institut Pasteur) à Paris. « Leur survie dépend de ces mutations, qui vont leur permettre de s’adapter à leur environnement, aux différents hôtes qu’ils infectent », ajoute-t-il. La variabilité génétique est l’une des forces évolutives qui va guider la formation de populations adaptées à l’environnement.

Dans le cas du Covid19, qui infectait jusqu’ici un animal (qui reste à identifier), le passage à l’homme a probablement été facilité par de premières modifications génétiques, qui lui ont permis d’être reconnu par des récepteurs présents à la surface des cellules humaines.

Le Covid19 n’est donc pas un mutant échappé d’un laboratoire, ni le résultat d’un complot de type guerre bactériologique.

Le Covid19 colonise les cellules respiratoires. Il donne des symptômes semblables à ceux de la grippe. Il semble pour l’instant à peine plus méchant, sauf pour les personnes âgées ou ayant une déficience immunitaire due à une autre pathologie (diabète, pathologie pulmonaire ou cardiovasculaire, cancer…) chez qui il va provoquer des pneumonies graves.

Il paraît inoffensif chez les enfants.

Le principal problème est qu’il est totalement nouveau chez l’homme et, par conséquence, personne n’est immunisé. Ce qui explique la vitesse avec laquelle il se répand et ce qui justifie l’inquiétude des autorités. En effet, si trop de personnes sont malades en même temps, y compris le personnel soignant, les services de santé seront désorganisés et la qualité des soins pourra être altérée, entraînant, alors, des risques de surmortalité. C’est le scénario qui s’est déroulé en Chine. C’est pourquoi il est primordial de limiter la contagion. Et c’est l’affaire de tous.

Ce virus ne se transmet pas par les aliments, surtout lorsqu’ils sont cuits. Vous pouvez donc aller dîner au restaurant chinois sans courir plus de risque qu’en allant faire vos courses au supermarché. Le virus ne reste pas en suspension dans l’air mais survit quelques heures sur les surfaces (2 à 3 h).

La contagion se fait par les sécrétions respiratoires : postillons, sécrétions nasales et pulmonaires. En pratique, une personne malade qui parle, se mouche, tousse ou éternue va contaminer les personnes autour d’elle.

Comme beaucoup de personnes contaminées n’ont pas ou peu de symptômes, les principales mesures de prévention efficaces sont de limiter les rassemblements de personnes, de renforcer les mesures d’hygiène comme le lavage des mains et l’utilisation de mouchoirs jetables, de demander à toute personne malade de porter un masque et d’éviter de se déplacer.

Les masques sont peu efficaces s’ils sont portés par les personnes saines. Ils sont par contre très efficaces lorsqu’ils sont portés par une personne malade.

 

En pratique, que peut-on faire individuellement ?

Si on peut éviter de prendre les transports en commun, on le fait.

On évite aussi de se faire la bise et de serrer les mains.

On se lave les mains avec du savon très régulièrement. On utilise du gel hydro-alcoolique lorsqu’on ne peut pas se laver les mains.

Ces mesures de base sont déjà très efficaces pour limiter la contagion, beaucoup plus que de stocker du sucre, de la farine ou des masques qui ne servent à rien si on n’est pas malade.

On peut booster son système immunitaire par une alimentation riche en vitamine C et en zinc. Les aliments les plus riches en zinc sont les fruits de mer, les abats, les viandes et les fromages. Puis, viennent les fruits à coque, les aliments céréaliers non raffinés, les œufs et les légumes secs. Le zinc d’origine animale est le mieux assimilé. Pour la vitamine C, le chou kale, les poivrons, le persil, les agrumes et les kiwis en sont bourrés.

On peut aussi se faire une cure de trois semaines avec des gélules d’échinacée et pourquoi pas une dose d’Oscillococcinum par semaine, cela ne peut pas faire de mal…

Et on essaye de ne pas paniquer.  Le pourcentage de mortalité est voisin de celui de la grippe, pour 98% des cas, la maladie est bénigne…

 

Françoise Rosenpick

Docteur en pharmacie