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10H21 - vendredi 31 janvier 2014

La loi italienne pourrait décriminaliser le statut des sans-papiers

 

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Ils ont pris du fil et même du fer pour se coudre la bouche, les 13 immigrés marocains qui protestent contre la durée et les conditions de séjour dans le Centre d’identification et d’expulsion (CIE) de Ponte Galeria, sur la route de l’aéroport de la capitale italienne.

Pour sept d’entre eux, c’est la deuxième tentative. « Les protestations ont repris parce que depuis Noël (et leurs premières actions), et malgré les promesses qui leur avaient étaient faites, rien n’a changé », explique le directeur du CIE, Vincenzo Lutrelli.

Les sans-papiers se sont mis également en grève de la faim. Ils proviennent tous du Centre de Lampedusa, un centre de premier accueil qui avait suscité l’indignation en Italie, le mois dernier suite à la diffusion d’une vidéo amateur montrant des réfugiés violentés par des fonctionnaires et qui se déshabillaient publiquement avant de passer, l’un après l’autre, sous un jet d’eau contre la gale.

Khalid Chaouki, député du Parti démocrate (PD) s’était par la suite barricadé symboliquement dans le centre de Lampedusa pour dénoncer les conditions inhumaines et la durée excessive de séjour des sans-papiers. Celle-ci ne devrait pas dépasser les 48 heures mais la plupart des migrants, dont sept qui avaient survécu au naufrage d’octobre dernier qui avait fait 366 victimes, étaient détenus depuis déjà des mois. Le Centre a depuis été vidé mais les immigrants ont été transféré dans d’autres centres de détention et ils attendent toujours.

Le crime d’être sans-papier

Jusqu’à présent pour la loi italienne, être sans-papier est un crime. Cette réalité, depuis le départ de Berlusconi, est cependant lentement en train de changer.

En effet, le Sénat a approuvé cette semaine l’abrogation de la loi qui vise à criminaliser l’immigration clandestine. Mais la mesure voulue par le gouvernement Letta doit encore être validée par la Chambre des députés, et pourrait prendre beaucoup de temps avant d’être finalement adoptée et appliquée.

En 2009, le gouvernement Berlusconi avait introduit le “délit d’immigration clandestine” qui prévoyait l’incarcération et l’expulsion des sans-papiers.

L’entrée et la présence illégale sur le sol italien ne seront plus maintenant qu’une irrégularité administrative. Les clandestins ne feront l’objet de sanction pénale et d’incarcération que s’ils reviennent une seconde fois après avoir été expulsés.

Un projet de loi à l’étude envisage également de réduire de dix-huit à deux mois la durée de séjour dans les centres de détention (CIE) et d’augmenter le nombre de commissions responsables des demandes d’asiles.

En finir avec la Bossi-Fini

La ministre de l’intégration, Cécile Kyenge, première ministre noire de la République italienne et d’origine congolaise, s’était engagée en octobre dernier, lors du naufrage sur les côtes de Lampedusa, à modifier la loi Bossi-Fini, du nom du fondateur du parti xénophobe de la Ligue du Nord et du Chef du parti d’extrême-droite Alliance Nationale.

La ministre a été, depuis sa nomination, l’objet d’une campagne de diffamation de la part de membres de la Ligue du Nord, qui l’ont comparée à un singe, l’ont accusée de porter la responsabilité morale des naufragés et surtout de vouloir ouvrir les portes du pays à une invasion de migrants.

La mesure adoptée fait partie d’un paquet de lois qui visent à la fois à réduire le nombre de présences mais aussi à améliorer les conditions de vie dans les prisons italiennes avant mai 2014. L’Italie s’expose en effet à des sanctions de la Cour européenne des droits de l’homme.

« Les clandestins marocains sont épuisés, sans espoir. Ils sont ici depuis novembre et veulent connaître leur destin, explique Gabriella Guido, la porte-parole de l’association LasciateCIEntrare. Deux des immigrants qui se sont cousu la bouche veulent rester en Italie pour aller rejoindre leurs familles ».

Une situation que la lenteur des navettes parlementaires risque de rendre explosive.

Journaliste italienne

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