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10H44 - vendredi 6 septembre 2013

Environnement : La surexploitation du sable mène à une catastrophe écologique

 

Le sable évoque des images de vacances, de plage, de soleil, d’été. Mais derrière cet aspect idyllique, se cache tout un business aux conséquences environnementales, sociales, économiques et géopolitiques importantes.

 

Les plages du Maroc subissent la frénésie de l'industrie sablière.

Les plages du Maroc subissent la frénésie de l’industrie sablière.

Le verre, les puces électroniques ainsi que le vin, la lessive, le dentifrice, le papier, les pneus et bien d’autres produits, sont issus du sable ou de ses minéraux. Le sable est devenu l’une des ressources naturelles les plus utilisées au monde, derrière l’air et l’eau, grâce à son très faible coût. Les échanges internationaux qu’il engendre sont évalués à environ 70 milliards de dollars par an. Aujourd’hui, les gouvernements indonésien mais aussi cambodgien, vietnamien et malaisien, ont décidé de mettre un terme à leurs échanges sabliers avec Singapour, qui utilise le sable afin d’étendre sa surface territoriale – grâce à des canons géants de sable dans sa baie. Cela a entrainé le développement d’un véritable trafic illégal de sable, qui représente un tel business en Asie que la mafia s’y est vite impliquée. Les trafiquants n’hésitent pas à sacrifier les populations locales pour répondre à la demande croissante. Si des conflits géopolitiques naissent ainsi de l’extraction intensive de sable, la raréfaction de la ressource sablière met particulièrement en péril la faune et flore océanique.   Toute la chaîne écologique en danger ?   A l’instar du pétrole et du gaz, le sable est une ressource non renouvelable. Alors que les carrières de sable sont épuisées, il est impossible d’utiliser le sable du désert, qui est trop lisse et trop fin, ne convenant pas à la construction. Quant à l’extraction du sable des rivières, cela provoque des crues, des inondations, et de la pollution. L’industrie se rabat sur l’extraction du sable marin, malgré ses impacts néfastes. En effet, le corail et la nourriture première de la chaîne alimentaire marine sont détruites ; la faune marine se retrouve sans abri et sans alimentation ; l’écosystème marin vacille et perd son équilibre si précis. L’homme est le premier concerné par ces problèmes. Certains pêcheurs autochtones se retrouvent privés de la base première de leur alimentation et de leur source de revenus, en Indonésie notamment.   De moins en moins de plages   Les conséquences ne s’arrêtent pas là. On estime qu’une vingtaine d’îles ont disparu dans ce pays, et que de nombreuses autres seraient également sur le point de basculer. La raison ? L’extraction du sable marin au large des côtes a provoqué des trous importants dans les fonds océaniques, entraînant par la suite des glissements de sable. Ce phénomène n’est pas spécifique à la région indonésienne : dans le monde, entre 75% et 90% des plages reculent.

Le célèbre palmier de Dubaï aurait coûté 12 milliard de $ et utilisé 150 millions de tonnes de sable.

Le célèbre palmier de Dubaï aurait coûté 12 milliard de $ et utilisé 150 millions de tonnes de sable.

  En outre, tous les continents sont touchés. Les constructions humaines provoquent un déséquilibre géant aggravant l’érosion naturelle. Car le sable des plages ne vient pas de la plage elle-même ; il se crée à l’origine du cours d’eau, de sa source puis se façonne le long de la rivière pour se jeter dans la mer et s’étendre sur les côtes. Mais en construisant des barrages sur les fleuves et les rivières, le cycle de création du sable est bloqué. En s’accumulant derrière le barrage, le sable ne peut donc plus réalimenter les plages. Or, il ne faut pas oublier que le sable nous sert lui-même de barrage contre la mer. Si rien n’est entrepris, et si la mer monte d’un mètre seulement, comme c’est annoncé, près de 100 millions de personnes en seront affectées.   Un grain de sable dans l’océan En France, un mouvement de lutte s’est fait connaître afin de préserver le sable breton de ce phénomène. Le Peuple des dunes est une association qui mène d’arrache-pied ce combat pour la protection des ressources sablières de la baie de Lannion. Une compagnie de navigation du groupe Roullier voulait monter un projet d’extraction de 400 000 m3 de ce sable chaque année, pendant vingt ans. Le président de l’association, Alain Bidal, nous explique la situation : « Ce projet se trouve entre deux zones Natura 2000 ; or les évaluations sur les zones Natura 2000 ou à proximité doivent répondre à des critères clairement définis par la Commission européenne ». Si ce projet venait à aboutir, ce serait non seulement la perte du sable coquillier, mais également, par manque de nourriture, des prédateurs marins et aériens.

 

A court terme, 160 à 450 emplois seraient directement ou indirectement touchés, dans les secteurs de la pêche, de la mytiliculture et du tourisme.   La voix de ces citoyens s’est finalement faite entendre. Ils se sont entretenus avec le ministre du Redressement Productif, le 27 août dernier, afin de défendre leur côte et leurs droits. « Les pêcheurs professionnels des comités départementaux et du Conseil régional de la pêche, les élus Mme Corinne Erhel députée, Joël Le Jeune président de Lannion Trégor Agglomération et M. Botrel Sénateur ont exprimé avec force leur opposition à ce projet destructeur de la biodiversité et de la vie économique », raconte Alain Bidal à OI. Alors que des études complémentaires ont été demandées au cours de la réunion, celles-ci ont été fournies mais non transmises aux différents intervenants. Le ministère a donc programmé une prochaine réunion à Bercy fin septembre, après analyse des enquêtes supplémentaires par tous les participants. Le Peuple des Dunes en Trégor espère y recevoir une réponse positive quant à la protection des côtes face au projet d’extraction. Sinon, Alain Bidal affirme que « nous déférerons ce décret ministériel devant la section contentieuse du Conseil d’Etat. »   Alors que le sable est un matériau encore peu reconnu, il est nécessaire que l’être humain prenne aujourd’hui conscience du phénomène de sa raréfaction, car cela affecte directement tant la planète que l’espèce humaine. Grâce à des mouvements de sensibilisation et des documentaires tel que ‘Le sable, enquête sur une disparition’, nous pouvons espérer que les décisions adéquates seront prises avant que le dernier grain de sable ne soit écoulé sur le sablier planétaire.  

 

 Yann-Marie Coulombez, vice-présidente de l’aDDu, association de Développement Durable de l’UPI (Université Professionnelle Internationale René Cassin)

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