Développement durable
09H33 - jeudi 23 juin 2011

Perenco au Guatemala : l’exploitation qui fait débat

 

 

Opinion internationale s’est rendu lundi 20 juin à l’Assemblée nationale à la conférence de presse « Mayas à l’honneur au Quai Branly, leurs droits violés au Guatemala ».

 

Perenco sur le banc des accusés

La conférence de presse s’est tenue le même jour que le début de l’exposition sur la civilisation Maya au quai Branly, dont l’entreprise franco-britannique Perenco est le mécène. Perenco Guatemala Limited, sa filiale exploite le pétrole du Peten, département du nord du Guatemala, au cœur du Parc National de la Laguna del Tigre, dans la deuxième plus grande zone humide d’Amérique latine. La société emploie donc un double discours. En effet, un rapport du Collectif Guatemala a révélé de nombreux dégâts environnementaux et des violations des droits humains fondamentaux causés par la filiale de Perenco. La conférence de presse a été animée notamment par Anibal Garcia, député guatémaltèque, candidat à la vice-présidence du Guatemala et par Antonio Manganella, représentant de la Coalition européenne pour la responsabilité sociale et environnementale des entreprises. Anibal Garcia rappelle qu’en 2001, Perenco, entreprise spécialisée dans le rachat et l’exploitation de concessions « matures » (comprenez non rentables), rachète le contrat de Basic Resources. En août 2010, Perenco Guatemala Limited obtient du président Colom un renouvellement du contrat pour 15 ans sans appel d’offre préalable. Cinq députés dont Anibal Garcia se sont opposés à ce contrat. Ils ont obtenu une réduction de la durée d’exploitation de 25 à 15 ans.

Anibal Garcia accuse la filiale de violation des lois environnementales et de causer des dégâts importants dans la lagune. Tout d’abord en 1989, la Laguna del Tigre obtient le statut de zone protégée, ce qui devait interdire l’extraction. Or l’exploitation provoque une pollution quantifiable, études à l’appui. L’eau de la lagune est souillée à proximité des puits, or les communautés environnantes se ravitaillent à ce point d’eau. Bien que la filiale refuse une analyse publique obligatoire concernant les impacts de ses activités sur l’environnement, recevant l’appui de la présidence guatémaltèque, la convention RAMSAR a réalisé une étude en 1997 sur les émissions de dioxyde de soufre dans l’air et l’eau. Elle recommandait alors de ne pas renouveler le contrat. Une étude américaine montre que les activités de Perenco sont incompatibles avec la protection de l’environnement puisque certaines espèces de poisson sont génétiquement modifiés. Le dernier plan de gestion du Peten a été validé par toutes les instances de protection de l’environnement. Mais le directeur du conseil de la zone protégée l’aurait falsifié après sa validation, en supprimant les lignes signifiant que l’exploitation présente une menace pour la lagune. Le député accuse également Perenco Guatemala Limited d’user d’artifices pour obtenir un maximum de profits. La société bénéficie d’exonérations fiscales et de coûts récupérables. Entre 1995 et 2009, Perenco a reçu quatre milliards de quetzales (environ 360 millions d’euros) de l’État mais n’en a investi qu’un milliard. Elle a souvent des contentieux avec l’administration fiscale, pourtant les cours de justices tranchent toujours en sa faveur. Le montant de ses bénéfices, lui, demeure un secret d’État.

Des revendications difficiles à faire valoir

Chacun des acteurs a donc des revendications précises. Anibal Garcia souhaite l’annulation du contrat. Il critique également un nouvel appel d’offre d’exploitation d’un gisement pétrolier auquel Perenco Guatemala Limited a déjà répondu présent. Antonio Manganella défend une législation qui relie la société mère à sa filiale – ce qu’avait promis le président Sarkozy au début du Grenelle de l’environnement. Cela permettrait de pouvoir réaliser un procès contre Perenco en France, où les compensations financières en cas de victoire des victimes seraient bien plus dissuasives que dans les pays du Sud. Il veut que les filiales se soumettent à l’obligation de transparence quant à leurs activités. Il aimerait également en France voir la création, comme cela se fait aux Pays-Bas, d’un fonds de soutien aux populations locales qui intentent des procès dans le pays d’origine de l’entreprise. Cet argent permettrait de financer les frais du recours en justice. Il souhaite enfin que ce soit à l’entreprise de prouver son innocence plutôt qu’aux communautés de prouver sa culpabilité, de sorte que le procès ne soit pas déséquilibré. Les populations locales refusent la militarisation de la région. Elles veulent la sécurité juridique de pouvoir être propriétaire et de pouvoir cultiver le haricot et le maïs, qui constituent leur alimentation de base. Elles désirent aussi que Perenco tienne ses promesses en matière de santé et d’éducation et alloue plus de moyens destinés à ses œuvres sociales. Les communautés ont interpelé le ministre de l’énergie en septembre 2010 pour obtenir des informations sur le plan de gestion. Cependant, les deux prêtres, leaders du mouvement ont été renvoyés et un état de siège a été annoncé il y un mois et est renouvelé pour trente jours. La lutte pacifique semble donc mal engagé.

Vivien Rebière

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