Edito
09H35 - vendredi 19 décembre 2025

Face à Marine Tondelier, Marion Maréchal défend une laïcité enracinée : « L’islam est une religion importée »

 

Face à Marine Tondelier, Marion Maréchal défend une laïcité enracinée : « L’islam est une religion importée »

Le face-à-face de ce jeudi soir entre Marine Tondelier, secrétaire nationale des Écologistes, et Marion Maréchal, eurodéputée et présidente du mouvement Identité-Libertés, dans l’émission La Grande Confrontation sur LCI, a cristallisé deux visions radicalement opposées de la France, de son histoire et de son avenir. Un débat tendu, souvent heurté, mais révélateur des lignes de fracture idéologiques qui traversent aujourd’hui le pays.

Dès l’ouverture, Marion Maréchal a choisi d’aborder frontalement la question de la laïcité et du voile, en revenant sur la polémique liée à la présence de jeunes filles voilées dans les tribunes de l’Assemblée nationale. Face à une Marine Tondelier invoquant strictement le respect du règlement et une lecture libérale de la loi de 1905, l’eurodéputée a développé une approche assumée, mêlant droit, culture et civilisation. Revendiquant le port de sa croix et de sa médaille de baptême, Marion Maréchal a établi une distinction claire entre christianisme et islam, refusant de les placer sur un strict pied d’égalité historique et symbolique. « La religion chrétienne est ici chez elle », a-t-elle affirmé, qualifiant l’islam de « religion importée », devant, selon elle, se plier au cadre culturel européen.

Là où Marine Tondelier défend une laïcité réduite à la neutralité de l’État et à la liberté individuelle, Marion Maréchal a plaidé pour une conception plus large, intégrant l’héritage historique et civilisationnel de la France. Pour elle, le voile ne peut être analysé uniquement comme un choix personnel, notamment lorsqu’il concerne des mineures. Elle a rappelé que ce symbole renvoie, dans de nombreux pays, à une contrainte sociale et religieuse exercée sur les femmes, voire à des persécutions lorsqu’il est refusé. Une dimension que son opposante a minimisée, en s’appuyant sur des enquêtes sociologiques et une lecture strictement sociale des phénomènes observés.

Le débat s’est ensuite déplacé vers l’immigration et l’insécurité. Marion Maréchal a défendu l’idée d’un lien structurel entre immigration de masse, difficultés d’intégration et montée de certaines formes de délinquance, citant des données du ministère de l’Intérieur et soulignant la surreprésentation des étrangers dans plusieurs catégories d’infractions. Marine Tondelier a, de son côté, rejeté toute causalité directe, mettant en avant la précarité et les facteurs sociaux, accusant sa contradictrice d’entretenir des amalgames et des peurs.

Mais là encore, Marion Maréchal a maintenu sa ligne, estimant que quelle qu’en soit la cause, les conséquences imposent un changement de cap. Selon elle, persister dans une politique migratoire massive sans exigence d’assimilation revient à fragiliser la cohésion nationale et à exposer davantage les classes populaires, premières victimes de l’insécurité et de la concurrence économique.

Au fil des échanges, le contraste est apparu net. D’un côté, une écologie politique incarnée par Marine Tondelier, universaliste, déconstructrice des repères culturels et hostile à toute hiérarchisation des héritages. De l’autre, une droite assumée, portée par Marion Maréchal, revendiquant une continuité historique, une identité européenne et une lecture politique des enjeux religieux et migratoires.

Au-delà des invectives et des interruptions, ce débat aura mis en lumière une réalité désormais centrale dans le paysage politique français : la question n’est plus seulement sociale ou économique, elle est aussi culturelle et civilisationnelle. Et sur ce terrain, Marion Maréchal a montré qu’elle entendait occuper pleinement l’espace, sans détour ni faux-semblant.

 

Emma Ray,

Journaliste