La chronique de Patrick Pilcer
09H28 - jeudi 31 juillet 2025

Israël, une Nation debout : et si la France s’inspirait de sa résilience ? La chronique de Patrick Pilcer

 

Israël, une Nation debout : et si la France s’inspirait de sa résilience ? La chronique de Patrick Pilcer

Il y a des peuples qui ploient, et d’autres qui se redressent.

Dans le voyage que j’ai entamé depuis quelques jours, en prenant du temps pour mieux comprendre l’Israël d’aujourd’hui, une chose me frappe, m’interroge et m’inspire : la capacité du peuple israélien à surmonter les chocs traumatiques, à s’adapter à tous les défis et à dépasser tous les obstacles. C’est ce qu’on appelle la Résilience.

Le 7 octobre 2023, le peuple israélien a été frappé dans sa chair par l’horreur. Pas une guerre, mais un pogrom, méthodique, médiatisé, prémédité. Des civils massacrés, brûlés vifs, torturés, des enfants assassinés devant leurs parents, des femmes violées à répétition, des vieillards exécutés, des bébés décapités. Aucun terme n’est trop fort pour décrire ce que les barbares islamistes du Hamas, et de nombreux civils attirés par la rapine et le sang, ont perpétré, même si beaucoup voudrait oublier, tourner la page, nier. Et pourtant, ce peuple debout, cet État qui se défend, a trouvé en lui la force de tenir. De panser ses plaies. De continuer à vivre.

Quelques mois plus tard, alors que les missiles pleuvaient depuis l’Iran et le Yémen dans ce que certains appellent déjà la « guerre des douze jours », ou ce que je préfère nommer la guerre des douze nuits, c’est encore ce même peuple, encore meurtri, encore endeuillé, qui a résisté. Une pluie de projectiles balistiques iraniens, précis, bourrés d’explosifs puissants, visant des civils, pour tuer en masse, et Israël qui tient. Qui ne plie pas. Qui encaisse, qui riposte, mais surtout, qui continue à vivre, à aimer, à chanter, à danser.

Cette capacité à se redresser, à créer, à vivre, malgré la guerre, malgré la haine, malgré le deuil, cela s’appelle la résilience nationale. Une résilience enracinée dans l’Histoire, dans l’esprit pionnier, dans le souvenir des persécutions, mais surtout dans une volonté farouche de ne jamais céder, ni à la peur, ni au fanatisme, ni à la mort.

Israël, en ce sens, est aujourd’hui un modèle, bien plus qu’un État : c’est une leçon de courage collectif pour nous tous.

Il ne s’agit pas ici d’être simplement manichéen, de ne voir les faits qu’avec des lunettes roses, de n’analyser les situations qu’en blanc ou noir. Loin de là.

Mais pendant que certains ignares manifestent en Europe pour soutenir ceux qui décapitent, pour aider ceux qui ont pris des otages, des vieillards, des femmes, des enfants, des bébés -qui peut oublier Shiri, Ariel et Kfir Bibas, gardons en mémoire ce petit bébé roux pris comme otage à dix mois, assassinés dans les tunnels du hamas parce que juifs- pendant que des élus, idiots utiles de l’islamisme, mauvais compagnons de route de l’obscurantisme et du totalitarisme, défilent derrière des slogans qui inversent les victimes et les bourreaux, pendant que nos universités se font infiltrer par une haine masquée sous les oripeaux du militantisme,pendant que les artistes et les sportifs subissent une pression des nervis du hamas pour cracher sur ce petit pays, Israël enseigne autre chose : la capacité d’une nation à se tenir debout, unie, debout même fracturée, debout même exsangue. Car quand on croit encore en sa propre dignité, on ne tombe pas.

Bien sûr, les Israéliens se disputent avec véhémence. Il faut voir la violence verbale des attaques contre Netanyahu, les propos crus de la droite ultra contre la naïveté de la « Paix Maintenant », et inversement, la diversité des opinions.

Bien sûr Smotrich et Ben Gvir donnent une piètre image des politiciens israéliens, mais Smotrich par exemple représente à peine 1,5% de l’électorat, et devrait disparaître de l’Assemblée, la Knesset, lors du prochain scrutin. Le combat électoral sera entre NaftaliBennet et Bibi, voire entre l’alliance des deux pour faire sortir Israël par le haut.

Bien sûr Bibi est mis en examen dans deux ou trois dossiers, mais combien de nos politiciens, députés ou ministres, en France, sont mis aussi en examen ou sous enquête, attendant leur jugement définitif ?

Bien sûr, Israël mène une guerre à laquelle l’ont contraint les islamistes et leurs vassaux. Une guerre sale, mais y-a-t-il une guerre propre, sauf dans les séries ou les films ? Nous aussi avons mené des guerres, et, par définition, des guerres sales, et partout dans le monde même quand l’existence de notre nation n’était pas en danger.

Il y a même eu des guerres où l’esprit de capitulation l’emportait sur l’honneur, et cette capitulation nous a sali bien plus que si nous avions poursuivi la guerre. Je préfère de Gaulle à Pétain !

Et si nos Alliés n’avaient pas été jusqu’au bout de la guerre, en détruisant Dresde, en bombardant Berlin, en se contentant d’un cessez-le-feu, les nazis auraient certainement cherché à reprendre le combat à un moment pour nous infliger une solution finale, à nous Français aussi… Si les Etats-Unis n’avaient pas bombardé Tokyo, et envoyé des bombes atomiques sur Nagazaki et Hiroshima, le conflit aurait coûté bien plus de vies aux GIs comme aux Japonais ! N’oublions pas l’Histoire. La résilience, c’est aussi refuser l’esprit de capitulation. Il faut savoir arrêter une guerre, mais en évitant que ses causes ne demeurent, et que l’histoire ne se répète.

Israël est loin de la perfection, mais quel pays est parfait ? L’œuvre est loin d’être achevée, comme partout dans le monde. Mais, face aux grands défis, face au risque existentiel, le Peuple d’Israël est Un.

Contrairement aux craintes, les israéliens, juifs, chrétiens, druzes, musulmans, religieux, athées, hétéro, homo, sont restés unis face au danger et aux menaces existentielles.

 

Et la France, elle ?

Notre chère République, elle tangue.

Pas sous les bombes, pas sous les pogroms. Mais sous l’indifférence, le relativisme, l’ignorance de nos valeurs humanistes, l’oubli de ce qui nous fonde, l’incapacité à Vivre nos principes républicains, Liberté Egalité Fraternité Laïcité. L’oubli des promesses électorales. La peur d’affirmer nos principes. L’incapacité à nommer l’ennemi. Le renoncement. La soumission. L’obsession d’un consensus mortifère. La République ne meurt pas d’un choc frontal : elle s’effondre par abandon. Cet abandon, certains en profitent, ces fanatiques, ultra-minoritaires, qui profitent de l’ignorance de la foule pour assouvir leurs ambitionspersonnelles, comme en Russie en 1917, comme en Allemagne en 1933, comme en Iran en 1979. Comme à chaque révolution instrumentalisée par le totalitarisme et l’obscurantisme…

Ces fanatiques, dignes des SA, les sections d’assaut du parti national socialiste, osent tout. Ils tentent de nous faire prendre des vessies pour des lanternes, menacent la tranquillité de nos rues, harcèlent les artistes qui ne respectent pas le dogme, s’en prennent aux juifs, aux homos, aux catholiques, aux musulmans non soumis, à la République...

A Gaza, des gens meurent, c’est une évidence et chacun le pleure et le regrette. Mais pourquoi faire croire qu’un enfant atteint d’un mal génétique souffre de la famine ? Pourquoi prendre pour argent comptant les informations venant de médias inféodés aux frères musulmans, turcs comme qataris ?

Et si la France osait, enfin, s’inspirer de la force d’Israël ? Pas pour copier ses institutions, ni son modèle sécuritaire, ni ses divisions, ni ses défauts, ni ses excès, ni son système électoral basé sur la proportionnelle, une machine infernale qui permet à des faibles minorités de dominer une majorité relative par le chantage sur un soutien actif, soutien qui permet de maintenir ou de faire tomber un gouvernement. Un système à éviter, à honnir, en France comme le démontre l’Assemblée actuelle.

Non, mais pour réapprendre à faire Nation. Pour mettre en place un Mieux Vivre Ensemble. Pour dépasser les clivages du moment et regarder l’horizon. Pour tracer un cap, décider d’un plan commun, et rêver ensemble d’un avenir radieux. Pour Vivre Ensemble selon nos valeurs humanistes. Celle de la liberté. Celle de l’égalité. Celle de la Fraternité. Celle de la Laïcité. Celle de la Recherche de la Vérité.

La RESILIENCE, ce n’est pas juste continuer. C’est se reconstruire en mieux. C’est refuser la victimisation. C’est cultiver la mémoire et agir. C’est ne pas laisser la peur, ni la haine, ni l’indifférence gagner.

La résilience, c’est réparer ses fêlures, les dépasser, les sublimer comme le font si bien les maitres du Kintsugi

Israël, debout, malgré les cercueils. Israël, debout, malgré les missiles. Israël, debout, malgré la haine des ignorants. Israël, debout, parce que vivre est le plus bel acte de résistance.

Et nous, en France, qu’attendons-nous pour nous relever et nous reconstruire ?

En Israël, le message le plus beau et le plus fort, symbole de la résilience est certainement « et nous danserons encore ». Et nous, Français, danserons-nous encore ?

 

Patrick Pilcer

Président de Pilcer & Associés, conseil et expert sur les marchés financiers, auteur de « Ici et maintenant – lecture républicaine de la Torah » (préface du Grand Rabbin de France, Haïm Korsia, éd. David Reinharc).