La chronique de Patrick Pilcer
17H57 - jeudi 17 juillet 2025

Ce budget est sans souffle, sans plan, sans cap. La chronique de Patrick Pilcer

 

François Bayrou aurait certainement pu inspirer Edmond Rostand, l’auteur de Cyrano.

« Ah ! non ! c’est un peu court jeune homme !

On peut dire… sur ce budget … bien des choses en somme…

En variant le ton, – par exemple, tenez :

Descriptif : « c’est sans souffle ! c’est sans plan, c’est sans cap ! »

On attendait un « moment de vérité », on allait voir ce qu’on allait voir ! et on a vu. Pas grand-chose en fait.

Pourtant, tout n’est pas à jeter avec l’eau du bain dans le budget 2026 présenté par François Bayrou. La mesurette la plus intéressante est certainement celle que le Premier Ministre n’a pas évoqué dans son trop long discours et qu’il a laissée verbaliser par sa Ministre du Travail : monétiser la cinquième semaine de congés payés. Voilà une mesure, de faible ampleur néanmoins, qui va exactement dans le sens des attentes des Français : améliorer le pouvoir d’achat pour ceux qui travaillent tout en augmentant la création de richesse par nos entreprises, et donc par notre pays. C’est, sans le dire ouvertement, sans fâcher, la fin des 35 heures… Cette mesure complète parfaitement le dispositif que propose depuis quelques mois Astrid Panosyan-Bouvet, la ministre du travail : permettre de travailler plus, d’être plus nombreux à travailler, et améliorer notre pouvoir d’achat par le Travail. Et il est temps de glorifier à nouveau le Travail dans notre pays.

Bayrou a préféré porter la proposition de suppression de deux jours fériés, le lundi de paques et le 8 Mai. Deux erreurs dans cette proposition. Tout d’abord, cette suppression implique de travailler plus pour gagner autant. C’est là bien maladroit. Les Français attendent des mesures très concrètes sur l’amélioration de leur pouvoir d’achat, ils veulent que le travail et la prise de risque paient plus. Là, Bayrou propose l’inverse. De même sur la suppression du 8 Mai, sous le prétexte que nos Alliés ne le célèbrent plus non plus par un jour férié, il se trompe grandement. Il a raison sur diminuer les jours fériés du mois de mai, un mois « gruyère » qui nuit à la productivité et à la création de richesse de notre pays, sauf dans le tourisme. Mais il a tort sur le symbole.

Il devrait par contre proposer un regroupement des journées de commémoration des victoires, de la première comme de la seconde guerre mondiale, supprimer les 11 Novembre comme les 8 Mai, et appeler cela la Journée de la République le 9 décembre, la journée de célébration de la loi de séparation des Eglises et de l’Etat. Ce serait Le Jour, en même temps, d’hommage à nos anciens combattants, de toutes nos guerres, de souvenir de tous nos morts au combat, et de célébration des victoires de la République, la Laïcité bien sûr, socle de notre Vivre Ensemble, de notre modèle social, et notre philosophie pour Faire Nation. Car le 8 Mai n’est pas que la capitulation de l’Allemagne nazie, c’est aussi la victoire des forces de la République sur l’obscurantisme et le totalitarisme. A quelques mois du prochain scrutin présidentiel, où l’actuel locataire de l’Elysée pourrait devenir le marchepied des extrémistes de gauche comme de droite, ce geste majeur de transformation et d’éducation pourrait être une piqure de rappel bien salutaire, un vaccin, un antidote.

Quant au reste des propositions du Budget Bayrou, rien de neuf, de l’austérité avec des recettes éculées, comme si en faisant les mêmes erreurs plusieurs fois, on pouvait obtenir un meilleur résultat… On prend toujours plus dans la poche des Français, on tond ceux qui ont encore un poil sur le dos, on promet des baisses des dépenses publiques (surtout pour après-demain, sur 2026, on ne parle plus que de 3000 fonctionnaires en moins), on promet de récupérer plus d’argent sur la fraude fiscale et sociale (mais qu’attendait-il pour le faire déjà ?), on sait que nous n’obtiendrons jamais tous les montants promis mais peu importe, on mise sur le rejet du budget par le Parlement de toute façon.

Pire, aucun projet d’avenir, aucune incitation, alors que le rôle d’une bonne politique fiscale est d’inciter, d’orienter les investissements des Français. Ce budget est tout sauf incitatif. Et aucune référence ni de près ni de loin à l’Intelligence Artificielle, un comble en 2026 ! Rien sur l’IA pour l’administration, rien sur l’IA pour mieux gérer, et diminuer, nos dépenses publiques. Un budget statique, pour une France immobile, les yeux dans le rétroviseur…

Quel manque de courage en réalité ! on n’a pas peur de diminuer le pouvoir d’achat des « vieux » en supprimant une bonne partie de l’abattement fiscal sur les pensions de retraite, mais on laisse les exonérations fiscales au Qatar par exemple, et à d’autres : la France est un paradis fiscal pour le Qatar et un enfer pour les retraités ! chercher l’erreur ! Par simplification, l’abattement fiscal pour les retraités porte le même nom que celui sur les frais professionnels. Mais ce n’est que par simplification, par commodité. Le supprimer aujourd’hui en arguant de son nom est une faute politique que les retraités n’oublieront pas, devant l’urne ! Où est le courage dans cette mesure qui pénalisent ceux qui doivent dépenser plus pour continuer à vivre dans la dignité, ceux qui emploient des aidants pour rester chez eux le plus longtemps possible, ceux qui aident leurs enfants et petits-enfants en anticipant la transmission. L’Etat créera-t-il une nouvelle aide sociale ou une usine à gaz fiscale pour compenser ? un non-sens… Tout comme si ce budget touche à la générosité des Français et à la fiscalité sur les dons aux associations !

Bayrou aurait dû s’inquiéter quand Emmanuel Macron a vanté le courage de son budget… Emmanuel Macron, dans son dernier voyage en Grande Bretagne, avait profondément choqué les ministres et hauts fonctionnaires britanniques : plutôt que de demander des nouvelles sur la santé du roi Charles, plutôt que d’évoquer les liens entre la Grande Bretagne et la France, ou l’Europe, plutôt que de parler des sujets de défense, d’immigration, de recherche, d’éducation, d’intelligence artificielle, de création de richesses, etc… notre président a commencé par proposer la création d’un état palestinien, le nouvel alpha et oméga de sa politique…un président à côté de la plaque, comme ce budget.

Vivement les élections, présidentielles comme législatives, pour redonner à notre pays une gouvernance réellement attachée à améliorer son pouvoir d’achat et notre création de richesse, une gouvernance capable de relancer, de dynamiser notre pays et en refaire un pays phare, locomotive de l’Europe, une gouvernance proposant à nos concitoyens un souffle, un plan, un cap, une gouvernance qui permet d’espérer en un avenir radieux…

 

Patrick Pilcer

Président de Pilcer & Associés, conseil et expert sur les marchés financiers

Président de Pilcer & Associés, conseil et expert sur les marchés financiers
Patrick Pilcer, Président de Pilcer & Associés, conseil et expert sur les marchés financiers