La chronique de Patrick Pilcer
10H42 - mardi 24 juin 2025

« Macron se trompe toujours ». Du désir à la sidération. La chronique de Patrick Pilcer

 

On aimerait tant recevoir des compliments sur notre Président, entendre des félicitations sur ses actes et ses déclarations. J’aimerais tant écrire du bien sur ce président, aujourd’hui le plus mal aimé de la Vème République.

On a tant cru, pour beaucoup, en lui, en ses promesses, en son élan, en sa différence avec la classe politique du monde d’avant. Pourtant, il est tellement détesté que, s’il était né à l’époque du meurtre du petit Grégory, on l’accuserait aujourd’hui d’en être l’auteur…

Nous sommes passés ainsi, très vite, entre son élection en 2017 et l’épisode des Gilets Jaunes, avec un Edouard Philippe droit dans les bottes d’Alain Juppé, du désir à la sidération.

Mais n’oublions pas que désir et sidération ont la même étymologie. Désir vient de de-siderare, cesser de contempler l’astre, chercher à le consommer. Celui qui désire est en manque et cherche à combler ce manque, mais c’est impossible, c’est comme demander la Lune, on prend ses désirs pour des réalités.

Nous avons contemplé Jupiter, nous étions en manque, nous étions face à l’absence d’étoile, nous avons désiré l’impossible et nous avons très vite été sidérés, frappés de stupeur…

Il n’y a là rien que de très naturel, que la psychologie explique parfaitement. Tout comme la psychologie moderne explique la différence entre Macron et ses prédécesseurs. Sarkozy et les autres étaient égocentriques quand Macron est narcissique. L’avantage des égocentriques est qu’ils ont besoin des autres pour être au centre. Narcisse n’a besoin que d’un miroir…

Narcisse s’isole, il ne prend que des décisions verticales. Ce narcissisme, en politique, se traduit moins par une solitude de philosophe que par une imprévisibilité dans la gouvernance, où la constance diplomatique et l’efficacité politique deviennent accessoires.

Mais ce que les psychologues ont du mal à expliquer, c’est cet entêtement viscéral, quasi-maladif, d’Emmanuel Macron à dire tout et son contraire, et à être parfaitement illisible.

Le « en même temps », quand il se veut être à la fois libéral et social, dans le champ économique, fait sens. C’est même souhaitable dans la France du XXIème siècle. Libéral et social, cela fait même partie des bases du solidarisme prôné par Léon Bourgeois et les Radicaux.

Mais Léon Bourgeois inscrivait ce « en même temps » économique dans un ensemble plus vaste, dans un Pacte Social qui nous faisait Nation.

Pas Emmanuel Macron.

Léon Bourgeois tenait à l’efficacité de la puissance publique, à des règles budgétaires strictes, à une maitrise des dépenses publiques et de la dette. Visiblement pas Emmanuel Macron…

Inutile de décrire l’état de nos finances publiques, de nos services publics, inutile d’évoquer l’efficacité de nos écoles, de nos universités, de notre système de santé, de notre justice… Même si, quand on regarde d’autres pays, on peut trouver des raisons de se consoler, force est de se désoler !

Mais au final, il suffit peut-être d’entendre Donald Trump pour mieux comprendre Emmanuel Macron, pour mieux le cerner.

Que dit Trump qui croise Emmanuel depuis 10 ans ? Qu’Emmanuel Macron cherche juste à se faire de la publicité et qu’il ne comprend jamais rien ! Tout est dit, ou presque car Trump aurait pu ajouter la peur aussi dans le comportement de notre cher Président.

La peur de la « rue » quand il n’est pas à la tête de la nation, lors du grand rassemblement pour la République et contre la haine des juifs !

La peur quand il dit le matin à Tel Aviv qu’il faut une grande coalition contre le terrorisme islamiste et le soir à Amman qu’il faut un cessez le feu !

La peur quand il bloque Retailleau sur le dossier des OQTF comme dans l’exigence de la libération de notre citoyen Boualem Sansal !

La peur quand le vendredi il soutient le droit légitime d’Israël à éliminer la menace nucléaire, balistique et militaire de la Mollahchie, et quand le lundi il demande à Israël de ne frapper que les cibles nucléaires !

La peur quand il ne veut pas abattre le régime des Mollah et aider vraiment le peuple iranien !

Le peur quand il ne condamne pas avec force et vigueur l’usage d’un missile à sous-munitions contre un hôpital à Beer Sheva, la peur quand il n’exige pas une condamnation ferme du Conseil de Sécurité de l’ONU de cet acte infâme des militaires iraniens, sur décision du guide suprême… Quand Israël vise un QG terroriste à Gaza, dissimulé sous un hôpital, en prenant soin d’éviter les victimes civiles, il ne se gêne pourtant pas pour condamner l’acte… Mais quand l’armée iranienne vise délibérément un hôpital civil, avec une arme interdite, qui condamne ?

Il a peur et donne des leçons… Nous, Français, qui avons contribué à l’élimination de Kadhafi en Libye, alors que nous n’avions pas d’option politique pour le remplacer, donnons des leçons aux Israéliens et aux Américains alors que le Peuple Iranien demande l’élimination du régime des Mollah et offre plusieurs options pour la suite. Ne pas soutenir les femmes et les hommes iraniens, avec une suite de son histoire empreinte de Laïcité, une des valeurs piliers de notre République, est une erreur, une faute de plus de notre Président.

Il a peur et donne des leçons encore aux Israéliens au Salon du Bourget où ils sont les seuls à être interdits de montrer toutes leurs armes. Ils peuvent montrer leurs boucliers mais pas leurs glaives ! comme si le F35 qui paradait au même moment au-dessus de la tête du premier ministre Bayrou, chargé d’expliquer l’inexplicable, était une arme défensive et non offensive ! Bayrou a fait comme il a pu, sans conviction. Il en est même resté bloqué, dans le cockpit du Rafale.

Macron a enfermé les stands israéliens d’un grand mur noir. Les visiteurs ne pouvaient qu’en faire le tour, comme lors du pèlerinage à la Mecque, autour de la Kaaba. Par sa mauvaise compréhension du monde actuel, Macron a transformé les stands de l’armement israélien. Il en a fait symboliquement la Mecque de l’armement du moment !

Trump a bien raison, notre président ne comprend rien à rien, malgré sa grande intelligence, car il est narcissique et a peur. La peur d’être le grand président qu’il aurait pu être, qu’il aurait dû être !

 

Patrick Pilcer

Président de Pilcer & Associés, conseil et expert sur les marchés financiers

Président de Pilcer & Associés, conseil et expert sur les marchés financiers
Patrick Pilcer, Président de Pilcer & Associés, conseil et expert sur les marchés financiers