Il y a des dates qu’on aimerait oublier. D’autres qu’on doit commémorer, non pour les célébrer, mais pour en tirer les leçons.
Le 9 juin 2023, au soir des élections européennes, Emmanuel Macron choisit de dissoudre l’Assemblée nationale. Une décision brutale, solitaire, jupitérienne, comme on dit, quand on veut habiller l’orgueil d’un vernis républicain.
Un an après, faut-il vraiment célébrer cette dissolution ? Ou faut-il plutôt, à la manière d’un peuple en quête de mémoire, goûter aux herbes amères de l’échec, un peu de raifort sur du pain bien sec, pour ne pas recommencer les mêmes erreurs ? Car ce soir-là, le président a misé sur le chaos pour sauver son pouvoir. Il a perdu. Et avec lui, c’est la France qui a glissé un peu plus vers l’impuissance et la confusion.
La suite ? Un long effondrement de l’autorité, des finances publiques, du lien social, et de la voix française sur la scène internationale. La honte, c’est cela mon frère…
Si Macron avait attendu la fin des jeux olympiques pour demander aux Français un soutien large, il aurait certainement remporté le scrutin. Mais non ! il a préféré dissoudre dans la foulée des élections européennes. Pourtant, ce scrutin avait strictement confirmé ce que donnaient les sondages depuis des semaines, aucune surprise, sauf la réaction jupitérienne. Il a tout misé sur l’éclatement de la coalition de gauche, il a tout perdu. Pire il a perdu son honneur en préférant faire élire des candidats Lfistes plutôt que des candidats RN, comme si la peste était préférable au choléra ! Il a préféré faire élire des clowns qui, derrière leur nez rouge, ne cachent même plus leur haine de l’autre, leur haine de notre République. Quel président aura été autant le marchepied de l’extrême droite comme de l’extrême gauche ? La honte, mon frère !
La honte aussi quand on prend la mesure de nos déficits publics, et du triste état de nos services publics. Après 7 ans de présidence Macron, et ses années en tant que ministre de l’Economie de Hollande, la France n’arrive plus à maitriser sa dépense publique. Pire, malgré cette dépense publique hors norme, nos hôpitaux sont au bord du précipice, tout comme nos écoles, nos universités, notre Justice, notre Police, notre Recherche, etc… Tout part a volo ! Notre pouvoir d’achat s’amoindrit année après année, nous payons tous plus d’impôts, de charges, de contributions, et aucun de nous n’est pour autant satisfait des services publics. La honte, mon frère !
La honte bien sûr quand on voit le déferlement de violence après un simple match de football. Piller les Champs Elysées, brûler des voitures, casser pour casser devient la norme dans notre pays, que notre équipe gagne ou perde. Et aucune parole présidentielle pour réconforter les commerçants dépecés, les citoyens attaqués, les femmes violentées. La honte, mon frère !
La honte encore, quand on refuse de voir la réalité, quand on nie la violence, l’ensauvagement et la barbarie qui déferlent dans notre société, quand on parle de « brainwashing » des chaines d’information en continu, quand on ferme les yeux afin de ne pas voir que les faits divers isolés ont muté en faits de société, ne pas voir pour ne pas avoir besoin d’agir, comme si renforcer le régalien nuisait à la paix civile, et que l’on est démenti le lendemain même par l’horreur avec cette jeune assistante d’éducation poignardée à mort par un adolescent de 14 ans… La honte, mon frère !
La honte quand on perçoit jour après jour l’entrisme des frères musulmans dans notre pays. Il aura fallu la publication forcée du rapport secret défense sur ce sujet par Bruno Retailleau pour que le Président se réveille, dise son inquiétude, et demande au gouvernement un plan d’action. A croire que Macron ne disposait pas de l’habilitation Secret Défense ! Mais il n’a pas dû lire les pages sur les liens entre le Qatar et la Turquie avec les réseaux fréristes, lui qui ne tarit pas d’éloges sur l’émir du Qatar… La honte, mon frère !
La honte quand il prend l’Etat d’Israël comme punching ball et essaie de se refaire une santé politique par l’international. Plutôt que de continuer à défendre une démocratie amie, lâchement attaquée, qui cherche à faire libérer ses otages et à éradiquer des barbares terroristes islamistes, qui sont aussi nos ennemis, Macron ne trouve rien de mieux que de condamner Israël, encore et toujours. Pour vendre des Rafales au Qatar ? N’a-t-il pas lu les rapports sur les liens entre le Qatar et le hamas en amont du 7 octobre ? La honte, mon frère !
La honte quand il propose de reconnaître un état palestinien sans démontrer en quoi cela servirait la paix. D’ailleurs les barbares du hamas applaudissent des deux mains, et Mahmoud Abbas, le « modéré », vante au même moment les bienfaits de la tentative de génocide perpétrée par ces mêmes barbares le 7 octobre 2023. La honte, mon frère !
La honte quand il demande le retour immédiat de la propagandiste Rima Hassan, alors qu’elle refuse son retour à Paris, cherche par tous les moyens à être mise en prison en Israël pour faire un buzz infâme. Nul ne conteste la nécessité de défendre les civils palestiniens, comme tous les civils dans tous les conflits, du Soudan à la RDC, mais ne prenons pas des vessies pour des lanternes, analysons les faits. Cette égérie de carnaval fait croire qu’elle voulait apporter de l’aide humanitaire dans son petit bateau, quand des centaines de camions apportent une aide réelle à partir d’Israël, malgré le hamas et ses sbires. Le Président le sait pertinemment mais préfère dire que le blocus fait par Israël est une honte… La honte, mon frère !
La honte quand il abandonne notre frère Boualem Sansal dans sa geôle en Algérie et bloque l’action méritante de Bruno Retailleau sur cette libération comme sur les OQTF… La honte, mon frère ! Nous n’oublions pas Boualem et exigeons sa libération immédiate !
Jupiter, disait-il. Une planète composée à 95% de gaz. C’est peut-être ce qu’il restera de son quinquennat : un nuage de paroles, de postures, de calculs. Avant que le prochain vent électoral ne le dissipe…
Mais de cette véritable honte, il ne faut pas détourner les yeux. Nous avons un devoir : regarder en face ce qui ne va pas, nommer, et reconstruire. Avec honneur, lucidité… et un vrai courage !
Patrick Pilcer
Président de Pilcer & Associés, conseil et expert sur les marchés financiers