Edito
10H55 - jeudi 1 mai 2025

Le Mali sombre dans la dictature. L’édito de Michel Taube

 
Le Mali sombre dans la dictature. L’édito de Michel Taube

 

Il y a des coups d’État silencieux, et puis il y a ceux qui claquent comme une gifle à la démocratie. Ce 30 avril 2025, le Mali a basculé. Plus d’élections, plus de partis politiques, plus de pluralisme : la junte militaire dirigée par le colonel Assimi Goïta a décidé, seule, sans consultation du peuple, de prolonger son pouvoir pour cinq années supplémentaires. Et comme dans les républiques bananières du siècle dernier, elle a supprimé d’un trait de plume l’ensemble des partis politiques. L’autoritarisme ne se cache plus : il parade.

On pourrait croire à un scénario inédit. Il ne l’est pas. Depuis le 18 août 2020, date du premier coup d’État militaire contre le président Ibrahim Boubacar Keïta, le Mali n’a connu qu’instabilité et confiscation du pouvoir. En mai 2021, Assimi Goïta réitérait le putsch, cette fois contre ses propres alliés de transition. Depuis, le colonel-président n’a cessé de renforcer son emprise, avec à peine l’ombre d’une légitimité électorale. Hier, il a franchi la dernière marche : celle de la dictature assumée.

Ce basculement intervient dans un contexte déjà délétère. En conflit ouvert avec la France depuis le retrait de la force Barkhane en 2022, le Mali s’est isolé diplomatiquement tout en se rapprochant de nouveaux partenaires, russes notamment. Les tensions avec Paris, nourries par des accusations mutuelles et un climat de méfiance, ont laissé un vide sécuritaire que ni la junte ni les mercenaires de Wagner n’ont su combler. Pire : les violences djihadistes, loin de reculer, continuent de ravager le centre et le nord du pays.

En prétendant garantir la stabilité, la junte ne fait qu’aggraver la fracture nationale. En dissolvant les partis, elle muselle la société civile. En prolongeant son pouvoir sans élection, elle s’inscrit dans la lignée des autocraties africaines que les peuples finissent toujours par rejeter dans la douleur. À Bamako, le vernis du patriotisme cache mal une soif de pouvoir illimité. À Paris, on observe, on déplore, mais la voix de la France a perdu de sa force. Les erreurs de Barkhane ont coûté cher à notre crédibilité.

Le Mali ne mérite pas cette dérive. Son peuple, courageux, résilient, aspirait à une sortie de crise par la voie démocratique. Il se retrouve enfermé dans une spirale autoritaire, sous prétexte d’ordre et de sécurité. Comme souvent, la dictature entre par la porte du chaos, au nom de la nation. Mais tôt ou tard, elle en paiera le prix.

 

Michel Taube

Directeur de la publication

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