Poutine veut-il vraiment cesser la guerre, comme le veut Donald Trump au plus vite ?
Et si Vladimir Poutine refusait, dans quelques jours ou quelques semaines, le cessez-le-feu aérien, naval et énergétique proposé par les partenaires de l’Ukraine ? Et si, malgré l’objectif affiché de Donald Trump de mettre fin aux combats le plus vite possible, le maître du Kremlin décidait de poursuivre la guerre, défiant ainsi les velléités de paix de l’homme d’affaires devenu président ?
Osons un peu de politique fiction…
Depuis son entrée en politique, Trump a systématiquement appliqué la même méthode : se présenter comme l’arbitre ultime, le seul à même d’imposer sa volonté sur la scène internationale, quitte à humilier ses interlocuteurs, même ses partenaires, pour asseoir son autorité. C’est exactement ce qu’il a fait avec Volodymyr Zelensky en le sommant de négocier un accord désastreux sur les matières rares sous peine de voir l’aide américaine s’effondrer comme un château de cartes.
Dans cette perspective, pourquoi en irait-il autrement avec Vladimir Poutine ? Trump, depuis son retour au pouvoir, pourrait bien finir par réserver au président russe le même sort qu’à son homologue ukrainien : une mise au pas humiliante, destinée à prouver au monde que lui seul est maître du jeu. Une Amérique qui, sous sa férule, impose sa loi, non plus à ses adversaires traditionnels, mais aussi à ses « alliés » de circonstance. Car si la guerre en Ukraine est un problème à résoudre, elle est surtout un théâtre où Trump veut jouer le rôle du grand ordonnateur et conquérir de nouvelles sources d’énergie, véritables munitions de la nouvelle guerre mondiale.
Mais jusqu’où pourra aller Trump ? Exiger de Moscou un cessez-le-feu immédiat sous peine de nouvelles sanctions ? Marchander un accord de paix à coups de menaces économiques et militaires ? Ou, plus cyniquement, organiser un retrait américain qui laisserait Moscou face à l’enlisement, obligeant ainsi Poutine à venir quémander lui-même une sortie de crise ? Dans le monde trumpien, il n’y a pas de place pour la nuance : on plie ou l’on rompt.
Toutefois, ce scénario ne repose-t-il pas sur une vision trop rationnelle de la relation entre les deux hommes ? Car Trump et Poutine partagent quelque chose d’irrationnel : une fascination réciproque, un respect teinté d’admiration pour leur posture de chef incontesté. Trump ne cache pas qu’il apprécie chez Poutine ce qu’il voudrait incarner lui-même : un leader qui ne doute jamais, qui impose sa volonté sans compromis. Il l’a souvent complimenté, parfois au point d’en gêner jusqu’à ses plus fervents partisans.
Alors, Trump osera-t-il humilier Poutine comme il l’a fait avec Zelensky ? Rien n’est moins sûr. De l’influence à la démonstration de force, Poutine pourrait ne pas apprécier.
Et si, au final, Trump, le businessman qui ne jure que par la rentabilité immédiate, décidait tout simplement de tourner la page ukrainienne, laissant Poutine gérer seul les conséquences de son aventure guerrière ? Seul face à l’Europe ! Car le retrait définitif des États-Unis de l’OTAN est une autre option devenue aujourd’hui possible.
Michel Taube