La chronique de Patrick Pilcer
10H20 - mardi 4 février 2025

Budget : la gauche en rêvait, Bayrou l’a fait ! La chronique de Patrick Pilcer

 

Le centre et la droite doivent-ils censurer un mauvais budget ?

Chacun en convient, le budget présenté par le gouvernement Bayrou est un mauvais Budget qui ne répond strictement en rien, ni aux besoins du moment, ni aux préoccupations des Français.

Ce budget alourdit encore et encore les taxes et contributions qui pèsent sur les ménages et les entreprises sans réduire véritablement les dépenses publiques. Aux Jeux Olympiques de l’économie, notre pays est médaille d’or depuis des années dans l’épreuve d’imposition. Notre taux de contribution est le plus élevé de toutes les grandes économies. Médaille d’or aussi dans le poids des dépenses publiques, comme dans celui de la sphère publique rapportée au PIB. Et depuis peu nous revendiquons aussi la médaille d’or européenne sur les dettes et déficits publics !

 

Que propose le Gouvernement Bayrou pour redresser notre pays : plus de taxes, plus d’impôts, et, non pas une baisse de la dépense publique, mais une baisse de la hausse ! Insensé ! De qui se moque-t-on ?

Car si ce mauvais budget passe, ce ne sont pas que les Français « qui peuvent se le permettre », mais tous les Français qui devront se « serrer encore et encore la ceinture ».

Tous, non, car la mesure pour réduire les avantages des anciens présidents et premiers ministres, même si elle n’avait qu’une portée budgétaire symbolique, elle, est passée à la trappe. Certainement que François Hollande, Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, Laurent Fabius, Lionel Jospin, Edouard Philippe, Jean Castex, Jean Marc Ayrault… ne pouvaient « se le permettre » ! Ils ont tellement bien géré nos comptes.

Si ce mauvais budget passe, la principale préoccupation des Français, notre pouvoir d’achat, non seulement ne sera pas traitée, pire notre pouvoir d’achat va diminuer ! Insensé ! De qui se moque-t-on ?

Ce mauvais budget va affecter toute notre économie. Nos entreprises vont payer plus de taxes, elles seront moins rentables et pourront moins investir et embaucher. Le coût du travail va augmenter, l’apprentissage coûtera plus cher aux grandes entreprises, tout ceci dans un contexte de hausse des défaillances d’entreprises et de hausse du chômage. Insensé ! Quel sens du timing !

Quant au logement et à la construction, en crise profonde, il faudra attendre 2026 pour élaborer une véritable politique de relance. Pour les entreprises du secteur qui seront encore en vie… Insensé ! De qui se moque-t-on ?

Dans le même temps, à part dans les éléments de langage, on ne réduit pas vraiment la dépense publique. Prenons la fameuse Aide Médicale d’Etat, l’AME. Son budget devait être initialement augmenté. Le gouvernement propose de supprimer la hausse, mais comment appeler cela une baisse pour autant ? Surtout, le vrai travail de fond aurait consisté à regarder les prestations couvertes par cette AME et supprimer celles qui n’ont rien à y faire, comme le recollement des oreilles par exemple. Ajoutons que lorsque le panier de soins est large, il est difficile de limiter a priori son enveloppe. Qui peut prédire les affections dont seront victimes les bénéficiaires de cette AME ? Mieux les protéger nécessite de réduire au véritablement utile le panier de soins couverts et, lorsque les épidémies de virus les frappent, permettre quelques dépassements de cette enveloppe, qui seront alors absorbables.

 

La dépense publique peut être très utile, mais pas dans les proportions actuelles. Surtout la hausse incontrôlée des dépenses vient essentiellement des dépenses sociales et des dépenses de fonctionnement. Or, il aurait été pertinent que l’Etat augmente vraiment nos dépenses d’investissement, nos dépenses dans notre avenir, en coupant les dépenses de fonctionnement. Ce budget fait l’inverse. Insensé !

Bien sûr, il faut simplifier les « mille-feuilles » administratifs, supprimer un grand nombre d’agences d’Etat, supprimer nombre de subventions aux associations, optimiser la fonction publique, « dégrossir le mammouth »…

Et là encore, ce mauvais budget ne propose pas grand-chose. On ne touche pas aux choses qui fâchent ! D’autant que si la censure est votée, il faudra bien que Bayrou touche sa retraite de premier ministre si méritée, il faudra bien recaser les « amis » dans ces fameuses agences à défaut de leur trouver des places à hauts revenus dans des entreprises privées ou publiques. Aujourd’hui, lorsqu’ils le peuvent, les actionnaires, syndicats et comités d’entreprise essaient d’être bien plus vigilants, et heureusement. Mais rassurons ministres et conseillers, leur pouvoir d’achat à eux ne sera pas touché, en tout cas pas à la baisse, ils ne pourraient « se le permettre »… Insensé ! De qui se moque-t-on ?

 

Alors oui, la question est posée, le centre et la droite doivent-ils approuver ce mauvais budget ou censurer le gouvernement ? Le centre et la droite peuvent-ils assumer un budget récessif qui plongera le pays dans la crise économique, avec toujours moins de croissance, moins de pouvoir d’achat, plus de chômage, plus de dettes, plus de déficit ?

Le centre et la droite peuvent-ils voter un budget avec des mesures totalement contraires à leurs promesses électorales, orthogonales à leur vision de l’économie ? Bayrou et son gouvernement ont beau jeu de dire, après eux le chaos, si le budget n’est pas voté, c’est terrible. Qui tirera ensuite les marrons du feu de la crise économique que ce budget va amplifier ? Pas le centre ni la droite !

Eh bien non ! Après Bayrou, ce ne sera pas le chaos, ce sera un autre premier ministre qui essaiera de faire adopter un budget qui restaure le pouvoir d’achat de la France qui travaille et a travaillé, qui réduise vraiment la dépense publique et la dépense sociale, et augmente nos dépenses d’investissement. On gardera Bruno Retailleau, Gérard Darmanin, Manuel Valls, Nathalie Delattre qui font un vrai boulot de fond à l’Intérieur, à la Justice, aux Outre-mer, au Tourisme, mais les autres ?

 

Alors oui, votons la censure et redonnons du sens à l’action publique !

 

Patrick Pilcer
Président de Pilcer & Associés, conseil et expert sur les marchés financiers

Président de Pilcer & Associés, conseil et expert sur les marchés financiers
Patrick Pilcer, Président de Pilcer & Associés, conseil et expert sur les marchés financiers