Edito
18H40 - mercredi 18 septembre 2024

Le funeste chantage de la proportionnelle. L’édito de Michel Taube

 

L’introduction d’une forte dose de proportionnelle dans l’élection des députés de la nation achèverait de tuer la Vème République, déjà mise à mal par une dissolution hâtive et inutile.

C’est pourtant ce que réclament plusieurs partis politiques qui pourraient, en échange de l’adoption de cette mesure funeste, permettre à Michel Barnier de gouverner la France pendant dix mois voire les trois années qui nous séparent de l’élection présidentielle de 2027.

Le Rassemblement national, le Modem et Horizons, le Parti Socialiste, les écologistes, le nouveau Front populaire, tous réclament la proportionnelle pour s’assurer qu’ils conserveront des strapontins de députés dans les années à venir. Quitte à ruiner la politique française et le pays avec elle.

Le piètre spectacle de ces derniers mois renforce notre position. L’impossibilité de constituer des coalitions de gouvernement, de trouver le chemin du consensus pour doter le pays ne serait-ce que d’un gouvernement, prouve combien le mode de scrutin à la proportionnelle est parfaitement étranger à la culture politique de notre pays. Car il ne peut y avoir de proportionnelle sans capacité d’alliances entre forces différentes.

Pire, les seules fois où un semblant de coalitions s’est fait jour, ce fut pour le pire : les 35 heures doivent beaucoup à la majorité plurielle des années Jospin et l’abandon partiel du nucléaire au chantage qu’avaient pu exercer les écologistes sur François Hollande.

Pour dire les choses autrement, la proportionnelle donnerait aux petits partis, dans chaque bloc partisan, une prime à leurs exigences souvent radicales.

La proportionnelle, c’est la tyrannie des minorités ! Idée certes à la mode à notre époque.

  

Vous avez dit représentativité ?

L’exigence de représentativité de nos élus peut se régler, certes, par une dose partielle mais raisonnable de proportionnelle.

Imaginons ainsi une nouvelle configuration de l’Assemblée Nationale : imaginons que désormais l’Assemblée nationale soit composée pour deux tiers d’un premier collège composé de deux à quatre députés élus par département (selon leur population), et d’un second collège élu, lui, au scrutin proportionnel intégral sur des listes nationales de candidats représentant les partis politiques de la nation.

Une dose de proportionnelle dans une assemblée plus restreinte, des députés ancrés dans leurs territoires, dont les départements, avec les communes évidemment, constituent pour beaucoup de Français, le périmètre historique de leur vie locale.

Nous aurions peut-être dans cette nouvelle Assemblée, des majorités de gouvernement. Mais déjà serions-nous entrés dans une nouvelle République. Tant mieux car la Vème vit peut-être son agonie.

 

Michel Taube

Directeur de la publication

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