Opinion Paris 2024
11H33 - vendredi 7 juin 2024

Allons-nous gagner le Paris des transports ? Dans les yeux de Paris 2024, la chronique #30 (épisode 1) de Frédéric Brindelle

 

Le grand chapiteau s’installe à pas d’éléphant, brisant porcelaines et pavés, asphyxiant un à un, chaque moteur thermique et électrique. La date approche inexorablement. La capitale s’offre à l’Olympisme. Les citoyens opèrent leur mutation comportementale. Le test impitoyable peut commencer. Relevons-le.

 

L’organisation des Jeux Olympiques mobilise tous les acteurs de la société.
Les précédentes villes organisatrices se sont toutes pliées aux mêmes contraintes. Des millions de spectateurs déferlent, 200 000 personnes accréditées et 10 000 athlètes doivent circuler rapidement, pour accéder aux 329 épreuves proposées sur 15 jours.

Mais la France exhibe son orgueil dès que l’occasion s’y prête. « Impossible n’est pas Français », « le pays des Lumières », « On n’a pas de pétrole mais on a des idées »

Quand Rio, Londres, Barcelone, Montréal excentraient le cœur de l’évènement pour fluidifier les accès, Paris 2024 concentre ses sites de compétition, dans un goulet d’étranglement savamment cadenassé depuis des années par des élus nourris à l’écologie punitive. Les Jeux trônent au cœur d’une ville surpeuplée et saturée. Le contexte décuple la complexité. La période anxiogène consomme des barils d’énergie pour déjouer les menaces sécuritaires, politiques et terroristes. Paris s’est indéniablement compliqué la tâche. Alors, comment faire pour se déplacer l’été prochain ?

Acceptons un principe de base, les voitures deviennent quasiment interdites car les Jeux parisiens réduisent l’empreinte carbone traditionnellement imprimée par un tel évènement. Les résidents, les banlieusards, les professionnels, les touristes doivent intégrer l’idée qu’aucune alternative n’existe. L’île de France s’apprête à se mouvoir pendant deux mois, uniquement à pied, à vélo ou en transports en commun.

Depuis la mi-mai, les usagers franciliens observent les nouveaux codes dans leur quotidien : du rose pour les stations de métro desservant les sites olympiques, la voie de gauche privatisée, estampillée « olympique » sur les axes routiers majeurs (A1, A4, A12, périphérique…), des lignes prolongées, métro14 (accès à Orly), Tramway 3b (ouest de la capitale), RER E (liaison Saint-Lazare – Nanterre via porte Maillot), 415 km de pistes cyclables dessinées dans la région (60 km à Paris), des parkings relais dans les gares de banlieues…

Des avancées pour beaucoup ! L’héritage de Paris 2024 offrira de nouvelles perspectives pour se déplacer. L’idée de réorganiser des repas de familles, de travailler à plus de 30 kilomètres de chez soi, d’assister à un événement populaire, proscrite depuis quelques années par le stress des embouteillages, s’envisage de nouveaux.

Les plus fragilisés par la torpeur des transports, les banlieusards, calculent sans répit dès qu’il s’agit d’anticiper l’été olympique.

  • « J’habite à Meaux, à l’est de Paris. Je souhaite assister à l’épreuve nocturne de cyclisme sur piste, à Saint-Quentin, à l’ouest. Y-aura-t’il des trains jusqu’à chez moi, après 23h ? Restera-t’il assez de places dans la dernière rame ? »
  • « Je suis serveur dans un restaurant à Saint-Germain-des-Près, dans le centre de Paris, mon service se termine à minuit. Comment rentrer chez moi, dans l’Essonne, à 50 kilomètres de là ? »

La profusion des navettes de bus gratuites tempère les angoisses. Les taxis, les chauffeurs en tous genres, envisagent une période rentable et assureront le rôle de sauveur des causes désespérées. Mais à quel prix ?

La question reste une préoccupation car les prix des transports augmenteront entre le 20 juillet et le 8 septembre.

L’abondance de moyens matraquera les bourses de ceux qui en manquent. Les abonnés n’en subiront pas les effets, les autres choisiront soit l’anticipation, (acheter les titres de transports à l’avance) soit le pass Paris 2024 (un système séduisant mais évidemment payant). La voiture restera au parking le temps d’un été. De nombreux professionnels dépendants de son utilisation préfèreront s’exiler vers un lieu de villégiature estivale. De toutes façons, la période en offre traditionnellement l’opportunité… A suivre !

Comment l’été olympique se déroulera-t’il en Ile-de-France pour tous ceux qui devront y circuler ? Dans les yeux de Paris 2024, la chronique #30 (épisode 2) de Frédéric Brindelle (Episode 2) : 

 

Frédéric Brindelle
Journaliste, chef de rubrique « Opinion Paris 2024 »