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11H13 - jeudi 25 avril 2024

« Les Flammes Awards », la vitrine qui manquait aux musiques urbaines ?

 

Aya Nakamura, star de la cérémonie des Flammes Awards 2024

Le rap, le hip-hop, les musiques urbaines : autant de termes aux contours imprécis mais qui désignent le même phénomène. En France, comme dans de nombreux pays, des artistes relevant de ce courant musical trustent les premières places de tous les palmarès : ventes d’albums, diffusion radio, places de concerts, écoute en streaming. Ce n’est pas Spotify, le leader mondial du streaming musical avec ses 236 millions d’abonnés qui dira le contraire : bon an, mal an, le rap représente 70% de l’écoute de la plateforme en France.

Né il y a un demi-siècles aux États-Unis, le hip-hop possède une audience qui a vieilli en lui restant fidèle et qui se renouvelle sans cesse : aujourd’hui, deux à trois générations d’artistes comme d’auditeurs se côtoient, se respectent et se mélangent assez peu, faisant de cet univers culturel un immense archipel, aussi central dans l’industrie musicale que discret dans l’espace public mainstream.

D’ailleurs, si les Victoires de la Musique, le grand classique de l’autocélébration du monde de la chanson française, créées en 1986 sous l’impulsion de Jack Lang (et déclinées en Victoires de la Musique « classique » et « jazz »), ont fini par lui accorder une petite place, celle-ci est sans commune mesure avec son audience, en réalité ultradominante.

Considérant ne pas être apprécié à sa juste valeur, voire d’être encore considéré avec une certaine condescendance, le monde du rap français s’est donc pris en main. Plusieurs tentatives ont été nécessaires, mais celle de 2023, portée par Booska-p et Yard, a été la bonne : la première cérémonie des « Flammes Awards » a réuni dans un bel ensemble toutes les vedettes contemporaines de la scène urbaine française au théâtre du Châtelet (Damso, Sch, Dadju, Tiakola, Gazo, Ziak), n’oubliant pas de rassembler les générations à travers divers hommages à des artistes plus anciens (Mac Tyer, Ministère Amer, Rat Luciano) ou à des courants musicaux tels que les musiques caribéennes ou africaines qui sont de puissantes sources d’inspiration pour les artistes du rap.

Les « Flammes Awards » sont de retour le 25 avril 2024, de nouveau sur la prestigieuse scène du Châtelet, qui participe à l’institutionnalisation du phénomène. L’objectif est toujours de rassembler les publics, les générations, les styles musicaux et montrer la vitalité et la force d’un courant artistique. Celui-ci a d’ailleurs gagné ces dernières semaines une figure de proue qui transcende désormais son univers : Aya Nakamura.

Nommée dans 6 des 24 catégories de récompenses attribuées par un vote du public et un jury d’experts (« Album de l’année », « Album nouvelle pop de l’année », « Morceau de l’année », « Artiste féminine de l’année », « Clip de l’année », « Concert de l’année », mais il n’est pas exclu qu’elle l’emporte aussi dans d’autres catégories ouvertes, telle que celle du « Rayonnement international »…), celle qui est pressentie pour représenter la France à l’occasion de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Paris 2024 a de grandes chances d’établir un joli record de trophées.

Laurent Tranier

Rédacteur en chef Opinion Internationale, chef de rubrique Amériques latine, fondateur des Editions Toute Latitude

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