Opinion Paris 2024
11H49 - mardi 16 avril 2024

Des sports de combat exemplaires pour la société ? – Dans les yeux de Paris 2024, la chronique #11 de Frédéric Brindelle

 

La jeunesse se bat, pas forcément plus qu’avant mais plus violemment sans aucun doute.

Le judo et l’escrime trônent dans le Top 5 des sports qui ramènent le plus de médailles à la France aux Jeux Olympiques ! Ces disciplines de combats s’appuient sur un art de vivre, une hiérarchie, un respect, une histoire. Leurs champions explorent la dimension humaine, les strates de la société, l’action citoyenne… Comme si le principe des cours de judo et d’escrime s’apparentaient à une initiation à l’élévation humaine. Pas étonnant que ces sports fournissent nos gouvernements en ministres et conseillers : Lamour, Flessel, Douillet, Rey.

Ajoutons à cette liste de disciplines, la lutte, le taekwondo et la boxe. Nous avons ainsi la famille du combat Olympique au complet, même si l’injuste mise à l’écart du karaté frustre notre joie de tenir en main les 6 cartes de la famille au complet, comme dans le célèbre jeux pour enfants.

Justement, ces sports s’adressent-ils à nos enfants ? Sans aucun doute. La boxe dans sa globalité (boxe thaï, pieds poings, savate, etc.) dénote de par la violence des coups portés, mais le mouvement olympique a trouvé la parade puisque chaque combattant porte depuis toujours, un casque.

Ces sports accueillent dans leurs clubs une population très variée. Leurs enseignants inspirent le respect et la crainte. La valorisation du combattant s’appuie sur l’abnégation et le travail. Pour ceux qui regrettent la suppression du service militaire pour la cohésion sociale, les sports de combats proposent un semblant de palliatif.

Ces clubs initiatiques ne cachent cependant pas leurs difficultés à combattre l’entrisme religieux. Les autoproclamés  » combattants de Dieu  » y apprennent les bases des techniques, parfois ils y imposent leur vision de la société, la panique s’installe. Aujourd’hui les services de renseignements cadenassent ces clubs avec le soutien des fédérations concernées. Des universitaires fournissent des études saisissantes sur la radicalisation dans le sport. Les conseils régionaux, départementaux, les directions de la jeunesse et des sport, multiplient les initiatives pour prévenir et guérir.

Les sports de combats assurent ainsi leurs principales missions  l’apprentissage de techniques de combats réglementées, la préparation aux compétitions sportives, mais ils étendent leur champ d’action sur le domaine éducatif, social, citoyen… Ils demeurent un rempart au chaos.

Ce chaos qui nous paralyse encore en ce printemps 2024. Les adolescents post-covid pataugent dans une marre de violences psychologiques et physiques. Des rixes punissent leurs jeunes victimes parfois par la peine capitale. Les réseaux sociaux relaient des ignominies, véritables vindictes populaires du moyen âge ou de l’après-guerre. Nos enfants jonglent avec leurs téléphones et leurs écrans, sous le grand chapiteau scolaire, évoluent sans filets, dans la cage aux lions, les images de décapitation sanglantes jouent le rôle de feu d’artifice final, lancé à la Kalachnikov.

Pourquoi nos sports de combats ne parviennent plus à imposer leurs valeurs comme rempart ?

Parce qu’ils passent de mode, supplantés par le moderne MMA. Les bagarres qui ont plongé dernièrement deux adolescents dans le coma (Montpellier et Viry-Châtillon) singent totalement les actes de ce qui se passe dans la cage aux œufs d’or. Le MMA, sport de combat où quasiment tous les coups sont permis, génère des profits faramineux. Les gens payent pour visionner un combat où gicle le sang, ou s’éteint l’humain sous l’assaut des frappes d’un autre. Le combat hyperviolent réunit tous ceux que la galère de la cité ou du bidonville oblige à s’élever honnêtement pour nourrir leur famille.

L’arrivée du MMA en France a soulevé d’innombrables problématiques. L’encadrement de sa diffusion tout d’abord. Et puisque les fous de Dieu y accouraient pour aller plus loin dans leur préparation sans le regard vigilant fédéral, il y avait urgence à encadrer ce déferlement américain sur notre territoire. C’est la Fédération Française de Boxe qui reçut le juteux sésame dans son escarcelle. La boxe en proie à des irrégularités permanentes et des modèles économiques obscurs… Tiendra-t’elle en laisse ce pitbull ?

Les images de ces combats affluent sur tous les écrans, parfois sur des chaines gratuites. Nos jeunes les regardent, les banalisent, les reproduisent. L’Olympisme n’a encore jamais évoqué leurs intégrations à la fête. Pour gagner aux 7 familles il suffit bien de réunir 6 cartes, pas plus.

Frédéric Brindelle
Journaliste, chef de rubrique « Opinion Paris 2024 »