Opinion Paris 2024
15H26 - mercredi 3 avril 2024

Rien sans les bénévoles – partie 2. Dans les yeux de Paris 2024, la chronique #10 de Frédéric Brindelle

 

@ District Gers football

Le bénévolat permet à notre pays de pérenniser la pratique sportive. L’organisation de nos clubs, des compétitions, des évènements festifs périphériques ne s’envisage pas sans son apport. La contribution de ces volontaires s’apparente à une démarche citoyenne qui déclenche une salve de remerciements, fréquemment de la considération, rarement un retour matériel légitime. Le fameux t-shirt remis pour services rendus ne suffit ni à attirer ni à fidéliser. 

Les grandes sociétés commerciales de l’évènementiel sportif les sollicitent, y compris quand elles génèrent systématiquement des profits. Elles leur distribuent plus ou moins généreusement des objets publicitaires, les bénévoles s’en réjouissent, leur passion ajoute au sentiment de satisfaction. Mais peut-on s’appuyer sur des gens qui ne touchent aucun salaire quand d’autres, à leurs côtés, vivent grassement de leur activité sur le même événement ? Un peu comme le petit stagiaire qu’on sollicite pour aller faire du café et des photocopies, l’utilisation de bénévoles alimente un système mercantile pour les uns, frustrant pour les autres.

Ce recours systématique au bon cœur des gens, s’est généralisé sans modération, s’imposant comme un socle de notre vie en société. Les mairies, les collectivités locales, les sociétés privées de l’évènementiel, ne savent pas agir sans ce soutien. Un Français sur 5 pratique le bénévolat.

Parce que ces citoyens restent avant tout des parents, des amis, des collègues, qui savent que sans leur généreuse contribution, leurs proches ne pourraient s’adonner à leur passion. L’évolution des mentalités inquiète cependant sur l’avenir de cette pratique.

Le ministère des sports et le CNOSF tentent de l’institutionnaliser.

Les associations à but non lucratif se multiplient pour nourrir encore plus notre vie en société et incitent au bénévolat.

Quand il faut financer la recherche médicale, le voyage éducatif de l’enfant, le matériel des handicapés, le parti politique, tous s’en remettent à l’éthique vertueuse des associations. En fait notre société française se paralyserait sans la contribution des bénévoles.

Il existe même une association pour nous permettre de devenir membres d’associations, « France bénévolat » reconnue évidemment d’utilité publique. Elle définit sa vocation : « Chaque jour, nous mettons en contact des bénévoles et des structures associatives pour répondre à des problématiques d’intérêt général. (…) pour transformer le désir d’engagement de nos concitoyens en expérience épanouissante pour l’individu et utile pour nos associations membres ».

Les ministères s’emparent de la thématique. Concernant le sport 3,5 millions de bénévoles permettent à plus de 15 millions de Français de pratiquer dans les 360.000 associations sportives.

La simplification reste la priorité. Pensons au passionné président du club de tir à l’arc qui affronte les parents des licenciés à la moindre larme, les services techniques municipaux qui le scrutent sur la courbe de chaque flèche tirée, l’administration qui lui attribue une responsabilité démesurée.

Il ne gagne pas un sou et passe pourtant souvent plus de temps à gérer son club que dans l’entreprise où il travaille.

Pensons à ce sympathique retraité, réquisitionné au carrefour de deux départementales un dimanche entier, drapeau en main, sifflet à la bouche, gilet de sécurité sur les épaules pour assurer la sécurité au passage des pelotons cyclistes minimes, cadets, juniors. Les coureurs déboulent à vive allure, risquent à tout moment d’être percutés par une voiture, heureusement arrêtée par notre bénévole. De temps en temps, ce dernier reçoit des insultes quand ce n’est pas plus, de la part du fameux chauffard agressif bloqué par ces « connards de cyclistes ».

Combien de temps encore le bénévolat attirera les bonnes volontés ? Combien de temps encore les décideurs se dédouaneront-ils de payer à la valeur de l’investissement humain ? Combien de temps l’Etat mettra-il pour avantager fiscalement, par exemple, sur le modèle du don défiscalisé instauré par Coluche, ces bénévoles facilitateur de vie sociale ?

La start-up d’Etat « Diagoriente » a lancé en 2023 le service numérique « Brillo » qui permet d’identifier et de valoriser les compétences acquises dans le cadre d’expériences de bénévolat ou de volontariat.

De son côté, Paris 2024 a présenté ses badges de compétences numériques qui viendront certifier l’engagement des 45.000 volontaires des Jeux.

Ce travail de bénévole doit devenir une ligne supplémentaire et remarquable sur un CV. Histoire que ces bonnes âmes gardent leur sourire.

Frédéric Brindelle
Journaliste, chef de rubrique « Opinion Paris 2024 »