La chronique de Patrick Pilcer
09H17 - vendredi 17 novembre 2023

Macron, le Président qui ne fut pas au rendez-vous de la Nation. La chronique de Patrick Pilcer

 

La magnifique Marche pour la République et contre l’antisémitisme du 12 novembre 2023 restera dans l’histoire pour deux raisons, au moins.

Tout d’abord pour la formidable mobilisation du peuple français à l’appel, fait inédit, des présidents des deux Chambres.

Yael Braun-Pivet et Gérard Larcher ont ressenti le profond besoin de la Nation d’exprimer son attachement aux Valeurs Républicaines, des valeurs de Liberté, Egalité, Fraternité, Laïcité, et donc de rejet de tout antisémitisme, quelle que soit sa nature.

Il fallait voir cette superbe foule, largement au-delà des 180 000 personnes répertoriées par les préfectures, très largement au-delà, unies dans la dignité, dans le respect de l’Autre parce que Autre. Il fallait entendre cette foule s’arrêter régulièrement pour applaudir, pour chanter la Marseillaise. Il y avait à Paris bien plus qu’un Stade de France, 7 ou 8 Stades de France sur le pavé parisien en fait, les Boulevards Saint Germain et Saint Michel étaient noirs de monde comme très rarement.

La foule était très dense, et pourtant, il n’y eut aucune vitrine brisée, aucune dégradation du mobilier urbain, aucune voiture brulée, aucune agence bancaire attaquée, aucun magasin pillé, aucun restaurant incendié, aucun black block, aucune échauffourée avec nos forces de l’ordre.

Au contraire, à plusieurs moments, les manifestants, les véritables marcheurs, ont applaudi nos CRS, nos gendarmes et nos policiers.

Cette belle marche sentait bon le Vivre Ensemble, l’attachement au Bien Commun, l’engagement pour les Valeurs Républicaines.

J’appelle cela l’Égrégore républicain, c’est-à-dire cette énergie, cet état d’esprit qui nous unit au-delà de nos différences, ce Désir de Commun, ce désir de Vivre non pas face à face ni cote à cote mais simplement Ensemble, riches, enrichis de nos différences.

Bravo Madame la Présidente de l’Assemblée Nationale, bravo Monsieur le Président du Sénat. Vous nous avez remarquablement réunis. Vous avez senti que le moment était venu et que votre place était là, que notre place à tous était là. Pour cela vous resterez dans la Grande Histoire de notre Nation et les absents, tous les absents, ont eu grand tort.

Force est alors de s’interroger sur les raisons de l’absence du Président Macron. Il disait travailler à la libération des otages, strictement aucun résultat !

On apprend depuis quelques jours que deux de ses principaux conseillers ont rencontré, à l’Elysée, un « humoriste » des « quartiers », Yassine Belattar, qui les aurait mis en garde contre une « erreur irréparable ».

On peut légitimement être surpris d’apprendre qu’un homme, condamné à quatre mois de prison avec sursis pour menaces de mort et menaces de crimes, qu’un homme qui affirmait après les attentats de 2015 et 2016 « je ne suis pas Charlie, je ne suis pas Nice », un homme qui manie le langage des frères musulmans et dit lutter contre « l’islamophobie, un langage qui fleure bon le séparatisme, qu’un tel homme soit reçu à l’Elysée et que des conseillers du président écoutent ses conseils. Surtout pour entendre que marcher pour la République et contre l’antisémitisme pourrait être considéré par certains comme une « erreur irréparable » !

S’il y a « erreur irréparable », elle est surtout d’abord là, à recevoir et écouter un tel homme. S’il y a « erreur irréparable », elle est commise par ces conseillers. S’il y a « erreur irréparable », elle est dans le fait que le Président Macron ait suivi leur conseil quand le Courage, cette vertu des Hommes d’Etat au rendez-vous de l’Histoire, aurait dû s’imposer, le Courage de rejeter les conseils mal avisés, le Courage de ne pas avoir besoin de conseil en de pareils moments, le Courage d’être avec le Peuple. C’est, justement, en n’étant pas dans la foule parisienne, en n’étant pas au sein du Peuple Français, à sa tête, pour marcher, ensemble pour la République et contre l’antisémitisme, qu’il commit, là, une faute irréparable et impardonnable, une faute qui restera, elle aussi, dans l’Histoire.

Mitterrand était avec le peuple après Carpentras, Hollande après les attentats islamistes de janvier 2015. Giscard manqua lui la grande manifestation après l’attentat de Copernic. Nous nous souvenons tous, collectivement, de ces grands moments avec Mitterrand, avec Hollande. Qui se souvient encore de Giscard, celui qui, déjà, voulait réunir deux Français sur trois ?

 

Macron restera le Président qui ne fut pas au rendez-vous de la Nation !

Etre mal entouré, mal choisir ses conseillers, en entreprise comme à la tête de l’Etat, c’est aussi une erreur, une faute lourde.

Pour Georges Bensoussan, c’est comme si de Gaulle demandait l’avis de Fernand Raynaud. C’est fort juste mais injurieux pour Fernand Raynaud. Il y a eu, en outre, des humoristes, proche de de Gaulle, remarquablement utiles à notre République, comme Pierre Dac, la voix de Radio Londres, la voix de la France Libre, un humoriste talentueux mais surtout un véritable Républicain, attaché viscéralement aux Valeurs de notre Nation, un véritable humaniste, pas un séparatiste. Mais n’est pas Pierre Dac qui veut !

Macron aura donc été mal conseillé sur cette absence, mais aussi sur ces propos inaudibles à la BBC, ensuite en Suisse, avant dans son dernier voyage, bien tardif, au Proche Orient, tout comme dans l’absence totale de la France dans les négociations des accords d’Abraham ces cinq dernières années, mal conseillé sur notre attitude avec le Maroc, un pays ami à qui nous devrions, enfin, reconnaitre la souveraineté sur le Sahara Occidental, mal conseillé sur l’Afrique francophone, des pays amis, qui attendent beaucoup de nous et que nous décevons jour après jour, mal conseillé aussi sur les 80km/h, sur les Gilets Jaunes, sur les masques anti-covid, sur l’état de notre pays sur le plan sanitaire et hospitalier, sur notre Education Nationale sous Pap Ndiaye, sur la Recherche, sur la lutte contre les incivilités, sur la lutte contre le trafic de drogue, sur l’immigration, sur la reconquête de nos Territoires Perdus de la République…

Monsieur le Président, il est grand temps de changer tous vos conseillers ou ces erreurs de casting deviendront des fautes irréparables !

Patrick Pilcer

Conseil et expert sur les marchés financiers, président de Pilcer & Associés, Chroniqueur Opinion Internationale

Président de Pilcer & Associés, conseil et expert sur les marchés financiers
Patrick Pilcer, Président de Pilcer & Associés, conseil et expert sur les marchés financiers