La chronique de Patrick Pilcer
10H10 - mercredi 20 septembre 2023

Quand la hausse de la TVA peut permettre une hausse du pouvoir d’achat ! Pour une TVA ESR. La chronique de Patrick Pilcer

 

Depuis plusieurs mois, la hausse de l’inflation met à mal le pouvoir d’achat de nos concitoyens. La consommation des ménages, qui représente un peu plus de 50% du PIB en France, commence à marquer le pas, et le gouvernement réfléchit intensément à la meilleure façon de redonner du pouvoir d’achat aux Français, et particulièrement aux petits salaires, aux policiers, aux enseignants, aux personnels soignants.

 

Faut-il pour autant autoriser la vente à perte sur les carburants ?

 

Cette mesure semble difficilement être le bon vecteur pour redonner du pouvoir d’achat. Tout d’abord, elle entraîne une forte distorsion de la concurrence entre les distributeurs qui peuvent se permettre de perdre de l’argent sur les carburants, qui n’est pour eux qu’un produit d’appel, et ceux qui ne peuvent pas car ils ne pourront pas se rattraper sur les autres ventes. Ceux-ci devront vite mettre la clé sous la porte !

 

Une mesure bien « saugrenue » pour une économie qui se dit encore libérale, quand une grande partie du prix du litre de carburant est composée de taxes… Depuis quand un Ministre de l’Economie, digne de ce nom, indique aux entreprises qu’elles peuvent, voire doivent, perdre de l’argent, quand lui peut décider de simplement baisser les taxes sur les carburants ?

 

Ensuite, après un été très révélateur sur les changements climatiques en cours, est-ce vraiment « environnementalement responsable » que de redonner du pouvoir d’achat par la consommation d’essence, alors que la hausse du prix des carburants permet justement d’inciter à se déplacer autrement ?

 

Quitte à revoir la politique environnementale de la France, autant décider d’un moratoire sur les mesures du type « passoire thermique » sur les logements plutôt que vendre à perte les carburants !

 

Les mesures environnementales sur les logements anciens retirent du marché de trop nombreux appartements et poussent à la hausse les loyers, ce qui rognent fortement le pouvoir d’achat des locataires (un bon quart des dépenses des ménages est consacré au logement), locataires qui n’ont plus les moyens pour assumer de nouvelles hausses. Entre la hausse hors normes de la taxe foncière et ces mesures, les propriétaires ne peuvent malheureusement souvent plus suivre, mais qui se soucie encore du pouvoir d’achat des petits propriétaires dans un pays de plus en plus collectiviste ?

 

Nos concitoyens n’ont pas tous besoin de leur voiture, mais ils ont tous besoin d’un toit !

 

Il y aurait, par contre, des mesures qui permettraient de rendre très vite du pouvoir d’achat aux Français : supprimer la CSG et la CRDS sur la partie des salaires sous le SMIC et compenser ce manque à gagner pour l’Etat par une hausse de la TVA de 3%. Beaucoup parlent de baisser les charges salariales, mais ces charges, qui ont déjà beaucoup baissées ces dernières années, financent la Sécurité Sociale, les Retraites, le Chômage. Difficile de placer la Sécurité Sociale ou les caisses de retraite en difficulté quelques mois après les débats sur les retraites. Et les politiques qui préconisent la baisse des charges ne disent que trop rarement comment ils la financent…

 

Par contre, l’Etat pourrait supprimer la CSG et la CRDS sur les revenus d’activité, sur la partie des salaires jusque 1750€, en augmentant la TVA, en passant le taux normal de 20 à 23% et le taux intermédiaire de 10 à 13%, sans toucher bien sûr à la TVA sur les produits de première nécessité.

 

Tous les salariés Français auraient ainsi, immédiatement, environ 170€ de salaire net, mensuel, en plus, soit près de 12% de plus pour un salarié au SMIC, la hausse de la décennie !

 

Voilà comment redonner, très concrètement un meilleur salaire et un meilleur pouvoir d’achat aux policiers, aux enseignants et aux personnels soignants comme à tous les Français qui travaillent !

 

L’Etat s’y retrouverait aussi par la hausse de la TVA et l’année d’après par la hausse de l’impôt sur les revenus pour ceux qui paient cet impôt.

 

Surtout, à quelques mois des Jeux Olympiques, les près de 15 millions de touristes attendus en plus sur 2024 contribueront aussi à notre effort économique. Enfin, la suppression de la CSG CRDS sur les revenus d’activité, couplée à la hausse de la TVA, permettra de doper notre compétitivité. Nos entreprises n’auront pas besoin d’augmenter fortement leurs salariés, puisque la suppression de la CSG CRDS reviendra à une augmentation spectaculaire immédiate. Nos produits et services seront ainsi plus compétitifs que les produits importés. Les Français qui travaillent auront un pouvoir d’achat en nette hausse et nous améliorerons, en même temps, notre souveraineté économique.

 

Ces mesures auraient aussi un autre avantage psychologique : les salariés verraient directement sur leur chèque à la fin du mois comme sur leur feuille de paie la très nette différence, en euros sonnants et trébuchants, avec un effet psychologique immédiat sur leur moral et sur leur consommation.

 

Enfin, plutôt que d’envoyer un mauvais signal économique et environnemental en autorisant la vente à perte sur les carburants, la hausse de la TVA touchera les produits importés, une taxe carbone implicite en somme.

 

Voilà comment la TVA pourrait devenir, non pas une TVA sociale, mais une TVA ESR, une TVA Environnementalement et Socialement Responsable !

 

Patrick Pilcer

Conseil et expert sur les marchés financiers, président de Pilcer & Associés, Chroniqueur Opinion Internationale

Président de Pilcer & Associés, conseil et expert sur les marchés financiers
Patrick Pilcer, Président de Pilcer & Associés, conseil et expert sur les marchés financiers