Edito
10H22 - mercredi 21 juin 2023

Fête de la musique en ville, fête du brouhaha au Palais… L’édito de Michel Taube

 

Depuis que l’Assemblée nationale n’a plus de majorité gouvernable, depuis que les Insoumis en font un ring de boxe, la musique a laissé place à un brouhaha quasi permanent.

Alors que la Fête de la musique se prépare activement (tiens, Jack Lang reste très populaire pour les Français selon un sondage Ifop pour Sud Radio, même chez les jeunes), ce n’est peut-être pas la Fête pour tout le monde… 

Après son élection à la présidence de la Polynésie française, Moetai Brotherson renonça à son mandat de député début juin 2023. Dans un petit discours adressé à ses collègues, il s’amusa de leur « passion du brouhaha, passion qui est partagée sur tous les bancs », et lança à Mme Elisabeth Borne et à ses ministres, en guise de consolation, que le nom gouvernement se traduit « paix » en tahitien.

Eloge du calme et de la paix ? On est loin musique traditionnelle de nombre de politiciens braillards, élevant le ton, claironnant, exprimant leur désaccord en fanfare, toujours avec colère.

Avec les plus exposés, c’est toujours la même rengaine : le 13 juin, Louis Boyard, député du Val-de-Marne et membre de La France insoumise, interrompa le Premier ministre à cor et à cri et, se faisant sonner les cloches par le président de l’Assemblée nationale, Mme Yael Braun-Pivet, sans changer de refrain, traitait celle-ci d’« agent de l’Élysée ».

Et on dit que la musique adoucit les mœurs ? Ésope, lui, connaissait bien sa partition.

Le fabuliste grec du VIe siècle av. J.-C. s’est plu à instruire ses contemporains, comme le fera La Fontaine, le plus célèbre de ses sectateurs, non sans agrément, avec ironie. Nous conseillons aux Louis Boyard contemporains et aux émules qu’ils pourraient malheureusement faire la lecture du Joueur de cithare. Si l’insoumis impertinent estime n’avoir pas de leçon à recevoir d’un « agent » double, qu’il prête au moins attention à celle de cette fable. La traduction que nous en proposons est celle d’Émile Chambry, dans la Collection des universités de France (collection Budé), aux éditions des Belles lettres. Son prix assez élevé reste toutefois raisonnable pour tout un chacun, y compris pour un parlementaire privé d’une partie de ses subsides pour insolence.

« Un joueur de cithare dépourvu de talent chantait du matin au soir dans une maison aux murs bien plâtrés. Comme les murs lui renvoyaient les sons, il s’imagina qu’il avait une très belle voix, et il s’en fit si bien accroire là-dessus qu’il décida de se produire au théâtre ; mais arrivé sur la scène il chanta fort mal et se fit chasser à coups de pierres.

Ainsi certains orateurs qui paraissaient à l’école avoir quelque talent ne sont pas plus tôt entrés dans la carrière politique qu’ils font éclater leur incapacité. »

Pour ce 21 juin, le site de Météo France annonce, au-dessus du palais Bourbon, des éclaircies toute la journée. Le silence de certains peut servir l’intérêt général.

Bonne fête de la musique à tous !

 

Michel Taube

Directeur de la publication