Edito
09H59 - jeudi 1 juin 2023

Le mot wokisme est dans les dictionnaires comme dans la société : le nouveau racisme. L’édito de Michel Taube

 

« La représaille raciste au nom du racisme, c’est la connerie la plus dégueulasse que l’humanité ait jamais connue », répondit Romain Gary à un journaliste l’interrogeant sur son roman Chien blanc, paru en 1970, portant sur le combat des Noirs aux États-Unis.

En 2023, cette « connerie » perce à travers les États-Unis, où se trouve la source de ce mal, déformée dès sa naissance, et la France, où, déformée un peu plus encore par ses tenants, elle se diffuse, affreusement, sous le nom de wokisme.

Mais qu’est-ce que le wokisme ?

Avant de le définir dans ses pages, à partir du 15 juin prochain dans sa nouvelle édition, le Larousse, dictionnaire de référence, présente ainsi ce mot sur son site internet : « Idéologie d’inspiration woke, centrée sur les questions d’égalité, de justice et de défense des minorités, parfois perçue comme attentatoire à l’universalisme républicain ». Woke est un « mot d’argot afro-américain, « en éveil », de l’anglais to wake, « se réveiller », qui « se dit d’un courant de pensée dénonçant toutes les formes d’injustices et de discriminations subies par les minorités ethniques, sexuelles ou religieuses. (Ce terme, importé en France en 2020, est fréquemment employé par les tenants de l’universalisme républicain pour qualifier les excès relatifs au militantisme des défenseurs des minorités.) ».

Le mot wokisme figure aussi dans le Robert, autre dictionnaire renommé, depuis 2021 : « anglicisme (souvent péjoratif) Courant de pensée d’origine américaine qui dénonce les injustices et discriminations ; mouvement, pensée woke », c’est-à-dire « qui est conscient et offensé des injustices et des discriminations subies par les minorités et se mobilise pour les combattre, parfois de manière intransigeante (surtout péjoratif, par dénigrement) ».

Ainsi, les partisans du wokisme agiraient avec « excès » ou « de manière intransigeante »… Seulement ? Ces termes attirent notre attention par leur révoltante faiblesse quant à la qualification des actions qu’il a engendrées, en France notamment. Ils nous semblent insuffisants pour rendre compte de la dangerosité et de la définition même du wokisme.

Qu’on en juge plutôt d’après les effets de cette « idéologie ». Les amateurs de Z, film de Costa-Gavras, s’y retrouveront…

Ce pourrait être un recensement à la Prévert… Le wokisme : autorise les minorités autrefois victimes à faire subir ce qu’elles ont supporté ; pourchasse toute parole qui pourrait le contredire ; dénigre la présomption d’innocence ; cherche à nuire à une population qu’elle décrit comme « dominatrice », c’est-à-dire les hommes blancs et les Juifs ; incite au non-respect des règles de vie en société sous prétexte qu’elles opprimeraient les minorités ; incite à la victimisation et à l’individualisme ; incite à la haine des valeurs républicaines en jugeant arbitrairement et sans nuance l’histoire de France ; accuse la France de commettre aujourd’hui et insidieusement les méfaits dont elle s’est jadis rendue coupable ; réduit les individus à leur couleur de peau, à leur origine, à leur sexe, les empêchant ainsi de penser autrement que selon un modèle conçu par lui ; empêche un traducteur blanc de traduire un texte écrit par un auteur noir ; oublie que la France a permis à Senghor, agrégé de grammaire, de créer une œuvre littéraire grandiose, tout en jouant un rôle politique de premier plan comme Houphouët-Boigny, comme Monnerville, comme tant d’autres Noirs ; oublie que la justice française continue de garantir la liberté d’expression que ses partisans refusent à ses opposants ; favorise l’islamisme ; préfère l’effacement de ce qui le dérange ; pousse à la dislocation de la société française ; donne du grain à moudre aux partis extrémistes…

La qualité d’un dictionnaire reposant notamment sur son discernement et sur l’honnêteté des sens qu’il donne.

Il faut appeler un chat un chat : le wokisme est une idéologie raciste à l’égard de l’Occident et y prône patiemment la sédition, l’anarchie, l’implosion internes. Pire encore : derrière les minorités, nouveaux damnés de la terre, c’est la race qui revient au galop et nous enferme chacun définitivement dans notre couleur de peau.

La guerre des races a (re)commencé.

 

Michel Taube