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15H50 - mardi 17 janvier 2023

Et si l’année 2023 était un bon cru ? La chronique de Patrick Pilcer

 

A entendre depuis la rentrée de septembre la plupart des prévisionnistes et conjoncturistes, 2023 sera l’année de tous les dangers. Faillites, inflation, décroissance, amplification et contagion de la guerre en Ukraine, tensions sociales et sociétales, j’en passe, tous les maux nous attendent pour la prochaine année.

Inutile de rappeler que nous avons inventé les prévisionnistes pour que les météorologues ne soient pas les seuls à se tromper…

Car quand on examine les faits et les chiffres que voit-on ?

La Chine commence à comprendre que poursuivre sa politique « zéro » covid à l’identique est suicidaire. Elle a jusqu’ici refusé les vaccins occidentaux, dont l’efficacité est pourtant désormais établie (dommage d’ailleurs que l’Etat Français ne pousse pas le vaccin Valneva auprès des Chinois), mais elle ne peut plus enfermer sa population plus longtemps. Et si l’économie chinoise se remet pleinement en activité, l’économie mondiale en profitera.

Sur le conflit Russie / Ukraine, même Poutine commence à dire à haute voix qu’il faudra bien, au final, trouver un accord. Si ce conflit prend fin, je ne parle pas de paix mais de fin des hostilités, comme depuis 2014, alors le prix des matières premières énergétiques et alimentaires baissera très nettement. Le pétrole et le gaz ont déjà commencé leur baisse. Le prix du frêt, des containers par voie maritime, retrouve des niveaux plus classiques. Entre la reprise de l’activité pleine en Chine et la baisse des prix des matières premières et du frêt, c’est toute la chaine d’approvisionnement, la fameuse supply chain, qui s’en trouve améliorée. Et bien sûr l’inflation retrouve alors rapidement ses niveaux sous les 4%. Par effet domino, les taux d’intérêt rebaissent, les marges des entreprises augmentent, l’emploi reprend, la croissance s’affermit…

Bien sûr, en France, il faudrait que cette embellie économique ne soit pas ternie une fois de plus par des troubles sociétaux et une mauvaise gouvernance.

Il ne faudrait pas, par exemple, que le gouvernement s’entête sur des barrières d’âge, dans la réforme des retraites entre autres. Il y a d’autres paramètres que l’âge légal de la retraite, le nombre d’annuités par exemple.

Il est absurde de cibler l’âge. Lors de la crise du Covid, il était insensé de penser interdire aux gens de plus de 70 ans de sortir de chez eux, par exemple. Il y a des personnes de 80 ans en parfaite santé et d’autres de 50 ans qu’il valait mieux ne pas exposer. Dans un pays où après 57 ans, il est quasi-impossible de retrouver un emploi ou d’éviter le placard, brandir une réforme bâtie sur l’âge ne démontre pas une pleine prise en compte de la société actuelle ! Cela dénote un véritable aveuglement.

Parler d’annuités, dire que l’on peut bénéficier d’une retraite à taux plein, par exemple, à partir de 45 annuités (après tout, 45 c’est le chiffre de la plénitude), modifie le contexte de la négociation avec les partenaires sociaux. Une personne qui a commencé à travailler à 16 ans, souvent dans des emplois pénibles, pourrait alors partir à 61 ans, quand un médecin, ou un avocat, qui a commencé à cotiser à 25 ans partirait à 70 ans, ce qui est assez proche de la réalité d’aujourd’hui. Parler du nombre d’annuités est audible par tous. Parler d’âge, c’est par contre pousser une majorité de Français dans la rue une nouvelle fois, comme avec la barrière des 80km/h ! la France souffre d’âgisme, on stigmatise beaucoup trop par l’âge. Arrêtons avant qu’il ne soit trop tard.

Si cette réforme portait sur le nombre d’annuités, et non plus sur les 64 ou 65 ans, cela éviterait aux entreprises de rester focalisées sur l’âge, et cela permettrait aussi de commencer à changer l’état d’esprit du monde du travail et de remettre en activité réelle les plus de 57 ans.

Je parlais retraite, mais le sujet va bien au-delà et englobe la gouvernance assez mauvaise de notre pays depuis Jacques Chirac, depuis les tentatives de réforme de Juppé, ses échecs, et le renoncement de Chirac à toute réelle réforme. Depuis, nos politiques sont devenus les champions du monde de la procrastination. On reporte, on remet les réformes au lendemain, et du coup on s’endette toujours plus. Notre Dette est devenue le marqueur, l’indicateur de notre procrastination. Il est grand temps de dresser un diagnostic précis de l’état de notre système public et de le réformer véritablement. Avant qu’il ne s’effondre !

Si nous empruntons ce chemin, si nous profitons de l’embellie économique de 2023 pour commencer Diagnostic et Réforme de l’Etat, alors 2023 pourrait être une excellente année…

Vivement 2023 !

 

Patrick Pilcer

Président de Pilcer & Associés, conseil et expert sur les marchés financiers

 

Président de Pilcer & Associés, conseil et expert sur les marchés financiers
Patrick Pilcer, Président de Pilcer & Associés, conseil et expert sur les marchés financiers