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12H29 - samedi 26 mars 2022

Un congé parental non-genré pour plus d’égalité entre les sexes

 

La France a étendu la durée du congé paternité le 1er juillet dernier, passant de deux à quatre semaines. Si les pères peuvent désormais s’investir davantage auprès de leur nouveau-né, ils sont loin de bénéficier des mêmes droits que le congé non-genré suédois.

 

La réforme a fait sourire tous les jeunes papas français. Depuis le 1er juillet 2021, ils sont autorisés à passer quatre semaines auprès de leur nouveau-né, sans retourner au travail, contre la moitié auparavant. Et si le nouveau format du congé paternité inspirait les candidats à l’Elysée pour repenser cet avantage social ? La France reste en effet loin derrière la Suède, pionnière en matière de congé maternité-paternité. Le pays scandinave offre aux parents 480 jours de congés à se partager à chaque naissance. Les Suédois parlent d’ailleurs plus de congé parental que de congé paternité et maternité, comme en France.
Le terme favorise une égalité entre les sexes plus importante. Car, hommes et femmes bénéficient dans ce cas de figure des mêmes droits face à leur employeur. Tous les deux peuvent se retirer de la vie active pendant une durée similaire tout en étant rémunérés. Sur les 16 mois de congé parental autorisés par la loi, 12 sont rémunérés à 80 % du salaire. Seule condition : qu’il n’excède pas les 3 000 euros par mois. Les 4 derniers mois sont financés par une bourse de l’ordre de 500 euros par mois financée par l’Etat suédois. Résultat : les femmes ont seulement 2 % de chances en moins d’être recrutées que leurs homologues masculins.
En France, l’écart de chances à l’embauche selon le sexe serait de 5,4 % d’après une étude Dares. Dans une course à l’Elysée cristallisée autour de débats sur l’immigration, le pouvoir d’achat et l’environnement, les autres sujets sont abordées au compte-goutte ou alors reléguées aux oubliettes, à l’instar du congé paternité.

L’économie suédoise au ralenti ?

Le système de congé non-genré suédois est le plus généreux au monde. Trop généreux ? Pas vraiment, car la souplesse du système offre plusieurs possibilités aux jeunes parents quel que soit leur sexe. Parmi les alternatives aux 16 mois de congé paternité : le travail à mi-temps pendant les deux premières années de l’enfant. Le jeune parent optant pour cette option exerce ainsi toujours sa fonction, tout en économisant ses jours de congé paternité qu’il pourra utiliser plus tard. Les 16 mois de congés étant encore valides deux ans après la naissance de l’enfant.

Les deux côtés en sortent gagnants. D’une part, l’Etat suédois s’assure de ne pas avoir trop de jeunes parents en congé en même temps en cas de babyboom dans le pays. Et les parents bénéficient quant à eux de plusieurs options avantageuses d’autre part. Ils peuvent soit être au côté de leur nouveau-né dès sa naissance, soit conserver leurs congés en travaillant à mi-temps pour les placer plus tard.

Rechercher l’égalité femmes-hommes sur le long-terme

L’avancée sociétale ne renforce pas uniquement les privilèges des hommes. Aussi, l’effet boule de neige de la réforme provoque-t-il un allégement des responsabilités pour les Suédoises ? Grâce à la configuration suédoise, les hommes possèdent en tout cas du temps libre adéquat pour contribuer à l’éducation des nouveau-nés.

Tout n’est cependant pas rose. Parmi les 480 de congés permis par la loi, 70 % d’entre eux sont pris par les Suédoises. C’est-à-dire que dans les faits, les mères s’absentent de la vie active 11 mois en moyenne, contre 5 pour les pères. Or, l’Etat suédois oblige papas et mamans à prendre au moins 90 jours de congé chacun. Le but ? Éviter que les hommes ne « donnent » tous leurs congés à leurs femmes. Ce qui ne fonctionne qu’en partie, car les hommes usent en moyenne de deux mois de congés supplémentaires que le minimum légal suédois. L’allaitement réalisable uniquement par les femmes pourrait être tenue responsable de cette différence entre la prise de congé féminine et masculine.

Une fausse bonne idée ?

Le congé parental serait-il alors une fausse bonne idée ? Non, selon les statistiques. La courbe évolue vers plus d’égalité depuis sa mise en place, à l’instar de l’écart de revenus entre hommes et femmes qui est désormais de 7 % seulement à Stockholm. Et la France emprunte le même chemin que la Suède. Autant le pays scandinave considère la discrimination de genre comme un délit depuis 1980, autant l’article 225-1, entré en vigueur en 2016 côté français, lutte pour les mêmes causes en punissant le fait de séparer les femmes des autres en les dévaluant. Et faire du congé parental une proposition des candidats à l’Elysée inciterait politique et justice à converger vers un même but : la parité entre les genres.

Noé Kolanek