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16H07 - mardi 8 mars 2022

Ne laissons pas l’Iran des Ayatollahs tirer profit de la guerre en Ukraine !

 

Le monde entier a les yeux fixés sur la guerre en Ukraine, sur les menaces nucléaires des uns et des autres, et sur le ballet diplomatique entre les dirigeants occidentaux et Vladimir Poutine. Pendant ce temps, les négociations sur le nucléaire iranien avancent à grands pas, et l’Iran pourrait profiter de ce contexte pour obtenir plus de concessions de la part des grandes puissances.

Pourtant, la logique aurait dû conduire la France, l’Allemagne et les États-Unis à être encore plus exigeants face à la menace d’un Iran doté de l’arme nucléaire. Le chantage à la bombe nucléaire de Vladimir Poutine laisse augurer du pire si le régime des Ayatollahs dispose d’une bombe, voire simplement d’une « bombe sale ». Poutine a beau être un dictateur, il a néanmoins encore des scrupules à mettre ses menaces à exécution. Un régime messianique n’a pas les mêmes freins, et pourrait hâter la venue du messie… La guerre Iran Irak a démontré s’il en était besoin le peu de cas que cette caste d’ayatollahs fait de la vie humaine de ses ennemis, comme de son propre peuple.

Les Occidentaux sont aussi dans une position économique délicate. En sanctionnant lourdement la Russie, ils ont envoyé les prix des matières premières dans des zones stratosphériques. Lundi, le Brent touchait les 130 $ ! et je ne parle même pas du gaz, de l’aluminium, du blé, et des autres matières premières indispensables à notre économie.

Il est donc tentant pour certains de faire rentrer à nouveau l’Iran dans le circuit des producteurs de pétrole « fréquentables », rouvrir les robinets et calmer les pressions sur les prix. Quel dilemme ! comment choisir entre la peste et le choléra ? doit-on choisir ? Mais dans la vraie vie, il y a des moments comme ceux que nous vivons où nous devons, implicitement ou explicitement, choisir. Faut-il continuer à acheter du gaz et du pétrole aux Russes, en fait à Poutine, et à ses oligarques, malgré sa prise de contrôle de tout ou partie de l’Ukraine, contre la volonté du peuple ukrainien, ou faut-il réinsérer l’Iran dans les pays producteurs, alimenter les caisses des Ayatollahs et de leurs gardiens de la révolution, et les laisser ainsi plus facilement encore déstabiliser le Moyen-Orient ?

Les choix à courte vue sont trop fréquents dans le monde actuel. Chacun sait que l’Iran cherchera encore et toujours à dominer la région, à financer les groupes terroristes au Yémen, au Liban, dans la bande Gaza, en Afrique et ailleurs. Comment être aussi aveugle, continuer à négocier avec l’Iran en sachant que ce pays n’aura de cesse ensuite de déstabiliser le monde entier ? Doit-on être cynique et préférer Poutine à Khamenei ? Ne serait-ce pas de la Realpolitik, la prise en compte de nos intérêts à moyen et long terme sur une analyse court-termiste ?

Dans ce moment, force est aussi de s’étonner du silence des pays arabes producteurs de pétrole et de gaz. Le Koweït aurait dû se sentir solidaire de l’Ukraine attaquée par son grand voisin. Surtout, l’OPEP aurait pu et dû ouvrir les vannes et faire retomber la pression sur les prix ! Certes, ces pays gagnent beaucoup plus aujourd’hui qu’il y a un mois. Des profits, toujours des profits… Mais qui ira les sauver si demain l’Iran les attaque ? L’Iran qui au passage gagne à présent de l’argent grâce à la hausse des cours. Le point mort de son budget est à 90 $ le baril. L’Iran engrange des excédents qui ne seront pas investis dans l’amélioration des conditions de vie de sa population, malheureusement ! Il est temps que l’OPEP agisse !

Espérons surtout que la France, l’Allemagne et les États-Unis ne se laissent pas aveugler par des considérations à court terme et demeurent fermes face à l’Iran. Il se peut aussi que Poutine utilise les négociations de Vienne sur le nucléaire iranien comme levier, voire comme monnaie d’échange, dans ses discussions sur l’Ukraine et cesse de soutenir les Ayatollahs.

Et finalement, que le Donbass et la Crimée, dont la grande majorité des habitants se considère russe, rejoignent la Russie serait moins choquant et plus logique que de voir l’Iran accéder à la bombe nucléaire et/ou continuer à déstabiliser le Moyen-Orient et le monde entier !

Patrick Pilcer

Président de Pilcer & Associés, conseil et expert sur les marchés financiers
Patrick Pilcer, Président de Pilcer & Associés, conseil et expert sur les marchés financiers