La chronique de Jean-Philippe de Garate
10H06 - mardi 4 mai 2021

Napoléon, loin de tout… Si près de nous. Chronique de la nouvelle époque de Jean-Philippe de Garate

 

Wellington, vainqueur de Waterloo, daguerréotype, 1844

Comme nombre d’entre nous, je l’ai appris récemment. Un artiste n’allait pas se dénuder totalement sous le dôme des Invalides, au sein de l’église Saint-Louis des Invalides, et projeter sur lui-même de la peinture couleur orange-corail-biodégradable, dans une « saisissante performance », mais asseoir un squelette de chèvre, non pardon ! un squelette de cheval sur la tombe de Napoléon. Comme bien d’autres de ma génération – et des suivantes-, j’en ai tellement vu que vraiment, ce genre de choses « m’interpelle » autant qu’un ticket de métro exposé au Moma ou au cinquième étage de Beaubourg. Ou tombé sur le quai de la station Réaumur-Sébastopol, ligne 3. C’est dire.

Notre époque a atteint un tel niveau de puérilité, d’inculture crasse, d’imposture, d’inversion des valeurs et du reste que comme les contemporains de Tibère et autres Macron, je ne regarde plus vers Rome. Ah ! J’oubliais ! Au passage … Qui était Macron ? « Macron : Quintus Naevius Cordus Sutorius Macro, né vers 21 av. J.-C., mort en 38, est un préfet du prétoire romain. Selon Tacite et Dion Cassius, il serait l’assassin possible de l’empereur Tibère. » (source : Wikipédia). Non, Rome n’est plus, et je regarde vers la France, ce qu’elle est, ce qu’elle demeure. En profondeur.

Que ça plaise que ça déplaise, l’Empereur Napoléon est présent. L’historien Jean Lucas-Dubreton avait avec modestie, proposé en 1959 un ouvrage sur « Le culte de Napoléon (1815-1848) » démontrant ce que tout le monde sait : « La révolution avait chassé les Bourbon de l’esprit des Français, Napoléon les a chassés de leur cœur ». Je reproduis cette citation avec une liberté entière, car les Basques -dont je suis- ont toujours eu avec Wellington et les Anglais une forme de compagnonnage naturel, préférant l’océan au canon, le surf aux casernes, les usages traditionnels au très romain code civil, la liste n’est pas close… J’ajouterais même, en incorrigible insolent, que « les lignes » imaginées et perfectionnées – avec les guérilleros – en Espagne par le duc de fer – Wellington-, ces lignes en profondeur qui encaissent tout, les charges furieuses de l’exceptionnelle cavalerie française, la science, que dis-je ? le génie, l’œil de l’artilleur Bonaparte, et surtout, surtout, l’inhumaine résistance des fantassins français aguerris par vingt campagnes du Caire à Moscou, tout cela serait réglé à Waterloo, Belgique. 

Eh bien, non ! Notre éleveur de chèvre, non c’est décidément, un cheval, assis aux Invalides sur le mausolée de l’Empereur, n’existe pas. Car ce qu’ignorent ceux qui veulent ne rien savoir, c’est que cette médiocre reproduction d’un canasson en plastoc, a un modèle. Ce modèle, c’est le cheval bai brun d’Arthur Wellesley. Le maréchal Wellington. La démonstration serait la suivante : toi, Napoléon, impudent Français, tu as voulu, tel un demi-dieu, t’élever au-dessus des hommes, mais les sabots de fer du duc de fer martèleront ton front. Mais il n’y a qu’une réponse à opposer à ce paltoquet : Merde ! en français dans le texte ! Tous avec Cambronne !

Mais surtout ! Le duc de Wellington n’aurait jamais accepté un tel manque de fair-play ! Ces palefreniers qui jouent aux créateurs ! Ramassez le tout, Monsieur ! purin et le reste ! Napoléon a beaucoup de défauts, et ses plus grands thuriféraires sont les premiers à les relever. Mais il est une chose, une seule, qu’on ne pourra jamais arracher du front du rêveur corse : transcender le quotidien. Wellington est un solide Anglais, ni génial ni prétendant l’être, et l’Angleterre, en dépit de son Empire – le plus vaste jamais établi – n’aura jamais porté autre chose dans les flancs de ses navires qu’un message du large et de libertés. À commencer par les libertés commerciales. Ce n’est pas si mal, mais…

Mais Napoléon, ça plaît ou ça ne plaît pas, est l’image de la gloire, des défis de vitesse, d’intelligence appliquée au fait, le démonteur des montagnes russes, en fait, un vrai « perché » dans les nuages. Des victoires réputées impossibles ! Un contre sept ! dix ! Alors, aujourd’hui comme tous les 5 mai, oublions les palefreniers, Tibère et les autres. Qu’ils ramassent décidément leur chose et qu’ils dégagent ! L’heure est à la France d’Austerlitz ! Et j’ajoute : même à Waterloo, surtout à Waterloo, la France a été française, et s’est résumée à la Garde. Napoléon demeure près de nous. 

 

Jean-Philippe de Garate

 

 

 

 

 

 

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