La chronique de Patrick Pilcer
12H23 - vendredi 8 janvier 2021

Et en cas d’attaque bactériologique, c’est la même équipe qui gère ? La chronique de Patrick Pilcer

 

Le fiasco du démarrage de la campagne de vaccination anti-covid en France est révélateur de l’état de la gouvernance de notre administration. On a souvent tendance à dire, quand je me regarde je me désole, quand je me compare je me console. Mais à présent, on a beau se regarder et se comparer à nos voisins, la gestion de cette pandémie est un champ de désolation.

La goutte d’eau qui fait déborder le vase est certainement cette information selon laquelle l’Etat a mandaté un cabinet de conseil américain pour le conseiller sur le plan de vaccination. On croit rêver ! Les Français se targuaient d’avoir une haute fonction publique de grande qualité (et je pense très sincèrement que c’est bien le cas), une administration certes « mammouth » mais efficace (là cela fait longtemps qu’on ne peut que constater l’inverse, ne serait-ce que dans la gestion des hôpitaux), justifiant un taux d’imposition élevé. 

Si le gouvernement fait appel à un cabinet de conseil, est-ce parce qu’il ne fait plus confiance à son administration, et en premier lieu aux grands Corps de l’Etat ? Cela n’a aucun sens.

Pourquoi le gouvernement n’a-t-il pas confié la réflexion, la mise en place et la gestion de ce plan de vaccination aux Ingénieurs du Corps des Mines et du Corps des Ponts, voire aux services santé et logistique de l’Armée ? Ces spécialistes sont parmi les meilleurs au monde, férus aux problématiques de logistique comme de production ; les grandes entreprises internationales se les arrachent. Penser un tel plan n’est pas une tâche si difficile qui plus est ! 

Le choix fait par le gouvernement pourrait laisser à penser qu’en cas d’attaque bien plus grave, une attaque bactériologique ou chimique par exemple, rien n’est déjà pensé, préparé, en place. Pourtant depuis des années, le Livre Blanc de la Défense Nationale mentionne très explicitement les risques de telles attaques comme les risques d’une pandémie. Nos ministres et hauts fonctionnaires, pas seulement sous Macron, n’auraient-ils rien préparé malgré les avertissements écrits ? comptaient-ils faire appel à un cabinet de conseil américain en cas d’attaque terroriste de ce type ? Dans une telle situation, la rapidité de la réponse sanitaire est cruciale. La lenteur, dont se prévaut M Véran dans le démarrage de la vaccination, aurait coûté de nombreuses vies ; c’est aussi malheureusement le cas aujourd’hui. Chaque jour de pandémie supplémentaire, ce sont des milliers de gens contaminés et parmi eux certains mourront. Bonjour le principe de précaution, pourtant constitutionnel ! il pourrait y avoir d’ailleurs de nombreuses plaintes contre X très prochainement.

Alors pourquoi ce recours à un cabinet de conseil ? L’Etat a-t-il choisi de faire appel à un cabinet extérieur à la haute fonction publique pour mieux imposer ses propres choix à ses fonctionnaires ? nos ministres arrivent-ils encore à diriger leur administration et à se faire obéir ? ont-ils peur de leurs hauts fonctionnaires ? considèrent-ils leurs administrations comme inefficaces, incompétentes ? Le mille-feuille administratif, kafkaïen, que nous avons tous laissé prospérer au fil des ans empêche-t-il toute action rapide comme toute réforme. Mais alors, que font nos ministres pour remettre en ordre la fonction publique, qu’attendent-ils pour « dégraisser le mammouth » et justifier, légitimer, notre impôt ?

Je crois qu’il est à présent vital de lancer une commission d’enquête parlementaire sur ce plan de vaccination, savoir comment ce cabinet de conseil a été sélectionné, pour quels honoraires avec nos impôts, qu’a-t-il recommandé, ces dites recommandations ont-elles été appliquées et expliquent-elles le retard à allumage de notre pays, y-a-t-il eu des conflits d’intérêts, des membres de cabinet ministériels venant de ce cabinet, des membres de ce cabinet venant de cabinets ministériels et des donneurs d’ordre, etc… Il faudrait également examiner les autres missions attribuées aux cabinets de conseil, et savoir si leurs apports étaient nécessaires ou si l’Etat en interne aurait pu trouver les compétences adéquates. Cela pourrait vite sentir le scandale d’état !

Et question subsidiaire, mais essentielle, voire existentielle, en cas d’attaque bactériologique, quels plans de réponse sanitaire a-t-on ? et si nous n’avons rien, autant le savoir très vite, que chaque citoyen puisse en connaissance de cause s’équiper à temps en masque à gaz, tenues de protection, médicaments, nourriture, et papier toilette ! 

 

Patrick Pilcer

Conseil et Expert sur les Marchés Financiers