International
05H37 - jeudi 10 décembre 2020

Jean-Noël Tronc : « il faut sauver la Scène française, les auteurs-compositeurs et les éditeurs de musique de la crise du Covid »

 

Dans Alice aux Pays des Merveilles, Lewis Carroll imagine des personnages qui fêtent chaque jour leur « non-anniversaire ». Pour nous, pour les auteurs et les compositeurs et les éditeurs de musique, pour le spectacle vivant, pour tant de professionnels de la culture, c’est tous les jours la « non-réouverture ».

Pour la Sacem, ce lundi 7 décembre était une triste soirée de « non-cérémonie des Grands Prix Sacem ». Chaque premier lundi soir de décembre, depuis 20 ans, cette cérémonie chaleureuse est l’occasion de célébrer les talents de nos membres. Dès le début de la crise nous avions décidé, la mort dans l’âme, avec le Conseil d’administration de la Sacem, composé d’auteurs et d’autrices, de compositeurs et de compositrices, d’éditeurs et d’éditrices de renoncer à cette cérémonie, qui devait se dérouler au théâtre du Châtelet, pour faire des économies.

Comme chaque année, nous avons eu un palmarès magnifique, de créateurs.trices et éditeurs.trices, choisis par leurs pairs, et nous les avons mis à l’honneur d’une autre manière par le biais d’une web-série. Nous avons eu l’idée de cette journée de solidarité avec l’aide de nos partenaires qui ont répondu présent (Radio France, Nova, Public Sénat, Le Parisien, l’INA et la RATP) pour donner à ce palmarès une belle visibilité. Il illustre combien le répertoire français est vivace, combien il rayonne, y compris à l’international.

Nous voulions aussi faire de cette journée un moment de sensibilisation à la cause des auteurs et des compositeurs et éditeurs de musique et de solidarité avec toute la scène française, encore à l’arrêt. Comme leur maison commune, la Sacem, durement frappée économiquement, nos membres ont besoin d’être mieux reconnus, plus entendus et surtout plus fortement soutenus.

Cette année, la filière musicale aura perdu près de la moitié de ses revenus (48% d’après une étude du cabinet EY). Le maillon essentiel de la création que sont les auteurs et les compositeurs et éditeurs de musique en est aussi le maillon le plus fragile, le moins visible, et le moins aidé jusqu’à maintenant.  Si des mesures supplémentaires de soutien fortes ne sont pas mises en place, le risque d’une destruction irréversible d’une partie de la filière créative est réel.

Premiers à créer, nos membres sont aussi souvent les derniers à être rémunérés. Nous avons demandé au ministère de la Culture que dans ses moyens, notamment via le budget du Centre National de la musique, la priorité soit donnée au soutien aux auteurs-compositeurs et aux éditeurs de musique.

Nous demandons aussi au gouvernement de suivre l’exemple donné par le Sénat ce matin, suivant celui donné par l’Assemblée nationale il y a 15 jours : dans une « union sacrée » bienvenue, les deux Assemblées ont acté la nécessité que les éditeurs de musique aient enfin accès au crédit d’impôt, comme les producteurs de disque ou de spectacle, et que cesse une injustice qui dure depuis 10 ans. Au moment où il va plus que jamais falloir compter sur un investissement créatif, l’ouverture du crédit d’impôt aux éditeurs de musique est une condition de la relance créative.

Les auteurs, les compositeurs et les éditeurs dépendent pour une part de la diffusion de leurs œuvres pour vivre, surtout au moment où les médias sont, avec les plateformes de streaming, les seuls à avoir pu rester ouverts depuis le début de la crise Covid.  Beaucoup de médias ont d’ailleurs répondu présent à notre initiative #ScèneFrançaise, à laquelle 250 radios locales et nationales ont participé et qui encourage une prise de conscience sur le besoin d’être solidaire avec la scène française. Rappelons que, sans qu’il leur en coûte un euro de plus, plus les radios diffusent de la production française, plus elles rémunèrent la création française. En effet, ce que paye une radio est proportionnel à son chiffre d’affaires ; notre répartition, elle, est fonction des titres diffusés : la part que nous répartissons aux artistes, auteurs-compositeurs, éditeurs et producteurs français, dépend donc de la programmation des radios.

Pour cette Journée de Solidarité, les auteurs.trices, les compositeurs.trices et les éditeurs.trices de musique ont pris la parole via une série de vidéos que je vous laisse découvrir. Ils y témoignent de leurs difficultés mais aussi de leur passion artistique, de leur engagement, de leur solidarité avec tous les autres métiers créatifs qui les accompagnent.

 

Jean-Noël TRONC
Directeur général-Gérant / Chief Executive Officer Sacem

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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