La chronique d'Anne Bassi
09H30 - mercredi 4 novembre 2020

Impossible selon Erri de Luca. La chronique littéraire d’Anne Bassi

 

« Impossible, c’est la définition d’un évènement jusqu’au moment où il se produit ».

Engagement politique, justice, secret, amour et condition humaine sont des thèmes chers à l’écrivain Erri de Luca. Dans « Impossible » (Gallimard 2020), l’auteur déploie à nouveau son talent.

Un homme chute en montagne et meurt. Plus tard, un autre homme donne l’alerte. Les deux randonneurs se connaissaient. Ils faisaient partie du même mouvement révolutionnaire durant les « années de plomb », quarante ans plus tôt, en Italie. Ils étaient liés depuis l’adolescence, ils étaient amis et camarades politiques. Mais le premier a trahi le second pour obtenir des réductions de peine.

Que s’est-il passé exactement sur ce sentier escarpé des Dolomites ? Coïncidence ?  Ou préméditation ?

C’est à un jeune juge d’instruction de tenter de le découvrir. Il ignore tout de la montagne et des années révolutionnaires mais, pour lui, c’est un hasard impossible, impensable. Alors, comment approcher la vérité ? 

Le livre prend la forme d’un long interrogatoire. Le pari était osé, il est totalement réussi. Le lecteur est pris dans ce huis-clos – l’avocat de la défense étant réduit, par l’accusé lui-même, à un rôle de figuration – entre le jeune juge tenace et un homme à l’expérience politique imparable. Le premier essaie de comprendre, le second se défend. Le juge tente de démêler les raisons d’un engagement politique de plus de dix ans et jamais renié par l’accusé. Deux générations et le contexte historique et politique séparent les deux protagonistes. Une période à part de l’Histoire italienne.

Progressivement, la confrontation se transforme en un dialogue. Un échange profond et philosophique s’instaure entre les deux hommes sur l’amitié et la trahison, le sens du devoir et la justice. Un lien se crée. Le débat s’engage alors comme un jeu d’échecs qui tient le lecteur en haleine.

L’interrogatoire est entrecoupé à intervalles réguliers par les lettres de l’accusé depuis sa cellule à sa bien-aimée, son ammoremio. Des textes empreints d’un grand romantisme et d’un amour profond.  

Un écho particulier résonne pour les juristes et les amoureux de la montagne.  Une écriture de toute beauté, forte et délicate.

 

Anne Bassi

Présidente de l’agence Sachinka et chroniqueuse littéraire d’Opinion Internationale, Anne Bassi publie le 9 novembre son premier roman, « Le silence des Matriochkas » (Editions Berangel).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Présidente de Sachinka, chroniqueuse littéraire

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