Solutions pour la France
11H53 - jeudi 8 octobre 2020

Jeunes connectés contre le Covid-19 : la solution est dans votre poche ! L’édito de Michel Taube

 

 

Retrouvez Benjamin Davido dans le prochain Live Opinion Internationale jeudi 12 novembre 2020 de 19h à 20h30 sur Zoom. Programme et inscription ici.

 

Depuis quelques semaines, Benjamin Davido, infectiologue, directeur médical de crise Covid-19 à l’hôpital Raymond Poincaré de Garches (92), rapporte à qui veut l’entendre, et sur les plateaux de télévision et de radio, la conversation amusée de plusieurs jeunes avec leurs smartphones : « tiens j’ai croisé 2 personnes contacts » ; « tiens, grâce moi, on a sauvé trois personnes », « j’ai fait dépister 10 cas contacts et mon ELO atteint 110 likes ».

Le médecin défend l’idée d’une appli avec des challenges comme les jeunes en raffolent pour aider à pister le coronavirus et à alerter les asymptomatiques contaminés. Vous savez, ceux qui depuis les nuits torrides de l’été ont peut-être transmis le virus à celles et ceux qui arrivent aujourd’hui en surnombre en réanimation.

Mais ce scénario, nous ne l’aurons pas en France ! Du moins pas pour le moment, alors que d’un geste, Emmanuel Macron et son gouvernement pourraient le rendre possible…

On le sait, Dépister – Tracer – Isoler, tel est le triptyque cher à l’OMS, afin de se protéger au mieux les uns des autres. Au-delà du port du masque et des gestes barrières, le dépistage et le traçage des personnes positives à la COVID-19, peuvent seuls permettre de briser les chaînes de contamination.

C’est bien faute d’avoir su pendant l’été convaincre (aurait-on dû les obliger ?) les jeunes de se faire dépister et tracer que le gouvernement est à nouveau en retard sur la pandémie et cède en cet automne, comme en mars dernier, à des mesures tantôt contradictoires et parfois abruptes voire brutales comme à Marseille récemment. Et voilà qu’on nous prépare un reconfinement des Ehpad, bref les mêmes mesures qu’en mars et avril derniers.

Le gouvernement n’a pas fait le choix d’un outil de relai et de communication entre jeunes qui aurait pu faire la différence.

 

L’échec StopCovid

C’est à ce public jeune, mobile, fêtard et geek que l’application StopCovid était pourtant destinée. Or nous avons tous vécu le flop monumental de cette très coûteuse (pour le contribuable) application que le Premier ministre Jean Castex a définitivement enterrée en une seconde lors de sa première grande émission politique sur France 2 le 24 septembre 2020, avouant (avec Eric Dupont-Moretti et Marlène Schiappa, la ministre citoyenne dites-vous ?) ne l’avoir jamais téléchargée.

Stop à StopCovid ! Fin août, la Direction générale de la santé (DGS) annonçait 2,3 millions de téléchargements (avec déjà ½ million de désinstallations fin juin). Environ 1500 personnes auraient utilisé l’application pour signaler un diagnostic positif, ce qui déboucha sur seulement 72 notifications de contacts à risques. Tout ça pour ça ! Le ridicule ne tue pas ? En l’espèce, les faits nous font douter même des proverbes les plus fameux…

En Allemagne, l’application Corona-Warn a été installée 18,4 millions de fois depuis sa mise en service en juin et a le mérite de fonctionner au-delà de ses frontières pour alerter. Depuis sa conception cette application a bénéficié d’un relooking auprès des géants de la Silicon Valley afin de booster son efficacité, sa compatibilité pour tracer au-delà de ses propres frontières ! Elle a permis le dépistage de 5000 cas positifs à la Covid-19, un chiffre qui risque, hélas, de remonter fortement avec le rebond de l’épidémie. D’autres pays ont été plus « vertueux » encore, comme les Etats-Unis, l’Australie, la Turquie, ou encore l’Inde.

 

La solution est dans votre poche !

Or la solution de dépistage des personnes contaminées est toute la journée dans votre main ou dans votre poche ! En effet, nos smartphones mettent à disposition, gratuitement et sans téléchargement, un outil d’une extrême simplicité : depuis la dernière mise à jour d’Androïd et d’iPhone (13.7), en intégrant une « notification d’exposition potentielle à la Covid-19 » fonctionnelle aux Etats-Unis et permettant de communiquer directement avec les autorités de Santé. Hélas, on ne peut l’activer en la France : un message indique que « les notifications d’exposition sont actuellement indisponibles car elles n’ont pas été activées pour votre région par votre autorité de santé publique ».

Voilà donc un moyen simple, universel, global d’alerte Covid, intégré au smartphone, qu’on se refuse d’utiliser au nom d’une « certaine liberté » alors même que cet outil est pleinement en phase avec les habitudes et les goûts des jeunes qui vivent à vitesse de leur siècle (99% des moins de 25 ans ont un smartphone).

Sur ce plan, les apôtres du droit et de l’éthique, qui invoquent la vie privée et la confidentialité pour s’opposer à de tels outils, sont des irresponsables. La France est un État de droit, dont le premier rôle est de nous protéger. Et il ne le fait que trop ! Nous ne sommes pas en Chine ou au Venezuela où les données peuvent être exploitées à des fins obscures. Quant à la peur de Google et consorts, ces mêmes moralisateurs, qui, pour certains, se mettent à nu (virtuellement ou pas !) sur des réseaux sociaux (Facebook, Instagram, TikTok etc.) ou encore lorsqu’ils utilisent leur GPS (Waze, Maps, Coyote etc.) ou réalisent des payements sur internet, ne peuvent ignorer que d’une manière ou d’une autre, leurs smartphones connectés sont autant de mouchards qui collectent d’innombrables données (Spams, newsletters et SMS), malgré les limitations souvent contournées du RGPD (le règlement européen sur la protection des données). En quoi les notifications d’exposition à la Covid-19 changeront la vie des usagers de smartphones, déjà largement tracés par d’innombrables fonctionnalités et applis de ces nouveaux compagnons technologiques ?

Pourquoi mettre la protection de la vie privée au pire endroit, celui de la protection de la vie tout court ? C’est ce prétexte qui avait conduit le gouvernement (en particulier Cédric O, secrétaire d’État chargé du Numérique, largement responsable du fiasco de StopCovid et pourtant reconduit à son poste lors de la succession de Jean Castex à Edouard Philippe à Matignon) à refuser d’intégrer la solution européenne notamment adoptée par l’Allemagne, qui s’appuie sur Google et Apple.

Si le risque pandémique continuait son envolée, il ne serait pas illégitime de rendre obligatoire le traçage numérique encouragé par l’OMS en s’appuyant sur ce système d’intelligence artificielle très fluide basé sur des notifications comme des SMS et disponible immédiatement.

Et c’est là que l’on retrouve l’infectiologue Benjamin Davido et son challenge auprès des jeunes ! Son scénario de mobilisation ludique et citoyenne des jeunes fait penser que cette fonctionnalité de notification d’exposition « user-friendly » dans nos smartphones pourrait faire fureur.

Imaginez de méga campagnes de communication dans les écoles, dans les bars, sur les murs de France et au travers de la publicité : télévision, « Ads », bouche à oreille : « eh bouffon j’espère que tu as activé la fonction Covid de ton iPhone car ce soir, c’est soirée challenge Covid !», sauvez des vies d’un geste pendant que vous likez le post de votre pote sur Facebook ou Insta! 

Bref il est encore temps de miser en priorité sur la jeunesse et ne pas la culpabiliser ou stigmatiser. Et si les jeunes étaient nos sauveurs ?

Briser la bureaucratie, encourager l’innovation, comprendre les jeunes, tout cela est indispensable à la mise en œuvre une réelle politique publique de santé publique basée sur la prévention. Ce mot barbare en France, particulièrement dans le domaine de la santé.

La prévention de la Covid-19 aurait dû davantage consister à stopper les transmissions aux deux bouts de la chaîne humaine : protéger, voire isoler les personnes âgées et celles qui présentent des « comorbidités », mais aussi et surtout en agissant en amont sur les porteurs asymptomatiques que représentent les adolescents, les étudiants et les jeunes actifs.

Et comme en France, tout revient au politique et que le politique, sous la Vème République, c’est le chef de l’Etat, eh bien Monsieur Emmanuel Macron, vous qui faites encore partie des jeunes (<45 ans), décrochez votre téléphone, réunissez les patrons des compagnies de téléphone et d’Internet et annoncez tous ensemble que dans trois jours, tous les Français auront accès – et seront massivement encouragés par de grandes campagnes de communication, à utiliser ces notifications d’exposition.

Tiens, nous pouvons même vous suggérer un lieu pour cette conférence de presse solennelle : un bar sur le Vieux Port de Marseille !

Plutôt que d’infliger des mesures « paniques » qui ne s’attaquent pas à la source de ce fléau, utilisons des solutions numériques à notre portée qui ont le mérite d’éviter des effets collatéraux économiques désastreux.

 

Michel Taube

 

 

Inscrivez-vous dès maintenant au prochain Live Opinion Internationale jeudi 12 novembre 2020 de 19h à 20h30 sur Zoom. Programme et inscription ici.

 

 

 

Notre indépendance, c’est vous !

Parrainez Opinion Internationale

 

Directeur de la publication