La chronique de Jean-Philippe de Garate
06H01 - vendredi 18 septembre 2020

Vous n’allez pas le croire… Chronique pour la nouvelle époque de Jean-Philippe de Garate

 

Parce que c’est à première vue incroyable. Quand on ne dispose pas d’un dictionnaire français-macronien, la réalité demeure difficile à saisir. Mais courage ! si vous avez conservé quelques souvenirs de la langue socialiste – Jupiter ayant été membre de l’auguste parti dès 2006 -, vous percevez l’enjeu. Comprendre l’enjeu d’un problème, c’est déjà un début pour le poser, et donc le résoudre.

  1. Le « monde socialiste », cette nébuleuse qui n’en finit pas de se décomposer et tente de se recomposer, a contribué à détruire son propre électorat. La référence peut sembler antédiluvienne … Qui a vécu la ferveur pour Mitterrand et celle des salles combles, au tournant des années 1970-80, conserve devant soi le visage de ces enseignants, fonctionnaires, « hauts » ou « moins hauts », intellectuels  du moment et, on l’oublie, une part non négligeable de gens du peuple.
  2. Le « monde socialiste », devenu « libéral » ou pas, a scié sa base sociale – comme le parti communiste a vu détruire la classe ouvrière nationale et structurée qui le portait- et court désespérément derrière des « communautés » pour conforter sa nouvelle structure attrape-tout, LREM et ses satellites, LFI et PS compris.
  3. Il n’est pas excessif de dire – c’est la réalité qui devient excessive ! – que la manière de penser des dirigeants de la « mouvance socialiste » procède désormais d’une logique de l’apartheid, en afrikaans : développement séparé. Je sais la puissance du mot « apartheid ». Ce n’est pas le chroniqueur qui sombre dans les superlatifs mais la réalité tangible, audible, visible qui impose le parallèle… Un seul « exemple » : Paris socialiste se mue en ville clairement ségrégationniste. Que ceux qui en doutent retirent leurs œillères et chaussent de solides croquenots pour parcourir la ville un jour de semaine travaillée, avant 7 heures et après 19 heures. C’est saisissant. Jamais la segmentation sociale n’est apparue si caricaturale. Le « monde socialiste » encourage les plantes vertes au détriment du peuple des banlieues et du peuple tout court, astreint à des parcours compliqués, à la peine entre deux transports publics, des livraisons acrobatiques entre deux cyclistes bobos (en français, des bourgeois, pas très nomades et encore moins SDF). Voies sur berges réservées aux riverains ou catégories de population ciblées, demain périphérique paysager…Il ne manque plus que la sirène qu’on entendait jadis à Johannesburg à vingt et une heures pour inviter les non-résidents à dégager et rejoindre leur cambrousse avant que le dernier « incident technique », « malaise voyageur » du train de banlieue les astreigne à marcher, patienter, marcher encore et les dissuade décidément de revenir trop souvent dépenser le produit de leur plus récent emprunt bancaire dans les boutiques formatées des Halles ou d’ailleurs… Jusqu’aux plaques indicatrices de rues ont été ici et là appropriées par telle « minorité visible », dans le Marais ou ailleurs. Le comble réside dans cette inversion du langage – décidément il nous faut un dictionnaire- puisque nos importants de la mouvance socialiste n’ont à la bouche que des mots -égalité, par exemple- diamétralement opposés à la réalité sensible.
  4. Dans ce contexte, la population d’origine africaine constitue une cible de choix. Pas une liste LREM ou socialiste aux élections sans « représentant » des segments « porteurs de valeurs ». Hier employés, ouvriers, paysans, aujourd’hui blacks, femmes « libérées », gays, avec pour têtes de listes les … mêmes, formatés ENA HEC etc. Avec Emmanuel dernier en clef d’ogive de l’édifice. Que tout change pour que rien ne change.
  5. On ne comprend rien au débat sur les « restitutions » d’œuvres d’art à certains pays africains si on oublie l’impératif absolu de reconstituer l’électorat de cette « gauche ». Arrêtons-nous pour finir sur cet épisode étymologiquement délirant.
  6. Phase un : E.M., dans sa geste jupitérienne, décrète que 26 objets d’art seront « restitués » au Bénin.
  7. Une première question vient aux lèvres, tant elle est évidente : le Bénin a-t-il demandé ces objets ? La réponse est non. Pour une raison tellement évidente. La notion de « musée » – que nombre d’artistes ou penseurs réfutent- est encore plus étrangère au Sud, les seuls musées étant nés de la période…coloniale. Très accessoirement, entre Ebola, crise économique, Covid et autres « négligeables » carences en hôpitaux, routes, irrigations ou assèchement de certains marais, etc… la priorité n’est peut-être pas d’accueillir des objets fragiles.
  8. Le tout petit détail : où les accueillir ? Qu’à cela ne tienne ! La France -dont la santé financière est sans doute trop florissante- va financer la construction d’un musée pour accueillir les objets. Coût estimé : 750 millions d’euros. Le Bénin a évidemment accepté l’aubaine, mais rien ne dit que demain, la nécessité aidant, les bâtiments servent à autre chose. Eh alors ! personne ne trouvera à redire si le musée devient clinique …
  9. D’autant qu’on finira par cette « cerise » sur ce bien pesant plum-pudding. Ces objets n’ont pas été volés mais abandonnés aux coloniaux. L’exemple-type en sont les masques de cérémonie initiatique que les Africains détruisaient à l’issue de la nuit. Cela n’a rien que de très naturel. Le frère jumeau du palais de Luxembourg, élevé à Montceaux-lès-Meaux, une pure merveille de style Renaissance, a été abandonné puis dépecé à l’époque de la monarchie, le centre du pouvoir s’étant déplacé à l’ouest de Paris. L’idée de thésaurisation, de conservation, de musée relève d’une logique à la Eugénie Grandet… Si Versailles a été sauvé, c’est du fait de Louis-Philippe « le roi bourgeois », et non grâce à Charles X ni Louis XVIII. Le fait à réfléchir ! et réfléchir encore ! Dans un monde dominé par Dieu, et quelques pesantes ombres, les objets ne sont rien, Versailles comme le reste.

Julien Volper, conservateur des collections ethnographiques du musée qui, en Belgique, veille sur les objets d’art africains, a stigmatisé dans des écrits d’une extrême alacrité le « jeu macronien ». Ce n’est pas l’Afrique qui est bénéficiaire de ces « restitutions », mais les électeurs français d’origine africaine, imprégnés de notre éducation, qui sont par cette « machine » constitués en cible pour la prochaine échéance de 2022. Et c’est tout ! Que le comité des associations noires, dont on a pu constater sur les Champs-Elysées « la brillante élévation d’esprit », ou ses dirigeants en mal de strapontins ou en mal tout court, se plient à l’objectif du « grand mâle blanc » en dit long sur la réalité de la « lutte contre le communautarisme » qu’on nous serine soir et matin… La vérité demeure : nous voici en plein développement séparé, un peu loin de la République…

Développement séparé. En français dans le texte.

 

Jean-Philippe de Garate

 

 

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