Edito
10H55 - dimanche 13 septembre 2020

Covid-19, et l’Intendance ne suivit pas ! L’édito de Michel Taube

 

Dans son discours de politique générale en juillet, Jean Castex avait promis de remettre l’intendance au cœur de la politique française. Notre Grand Intendant est-il si sûr de lui ?

Vendredi 11 septembre, 17h30 : le chef du gouvernement, après plusieurs heures de suspense, prend solennellement la parole pour annoncer (roulements de tambour), au cours d’un discours bref (10 minutes), direct, concret (re-roulements de tambour)… rien ! Ou presque : « Le virus est là pour quelques mois encore et nous devons réussir à vivre avec lui sans nous laisser entraîner à nouveau dans une logique de confinement généralisé ».

Et quoi d’autre ? L’annonce d’un isolement réduit de 14 à 7 jours. Un simple communiqué y aurait suffi.

L’épidémie de coronavirus reprend, ce dont tout le monde se doutait depuis longtemps. On a fait la fête durant les vacances, collés les uns aux autres et pas toujours masqués. Les jeunes, dont on ne sait si on doit les comprendre et les excuser, ou dénoncer leur irresponsabilité et leur égoïsme (les deux, sans doute) disséminent généreusement la petite bestiole rencontrée dans les chaudes soirées estivales et de rentrée. Et encore, cela aurait été bien pire sans prise de conscience (relative) de l’importance du port du masque, même si les réfractaires ne sont sanctionnés qu’au compte-gouttes.

Six mois après la recommandation de l’OMS, l’heure est aux tests massifs…. En ordre dispersés et de façon anarchique ! Une fois encore, l’intendance ne suit pas : un jeune homme nous raconte avoir attendu trois heures trente dans la file d’attente d’un laboratoire, avec 40° de fièvre. Il put tout juste bénéficier de ce fameux sésame nasal quand, soudain, un employé dudit laboratoire surgit pour indiquer qu’il n’y aurait pas de tests pour tout le monde, faute de réactifs. Bravo, la coordination !

Son test se révéla bien positif… après quatre jours d’attente (certains témoignages parlent de dix jours dans certains labos), mais au moins a-t-il pu en bénéficier.

Il nous racontera ensuite qu’il n’a jamais été contacté par l’assurance-maladie, contrairement à ce que stipule le protocole officiel, et que sa femme, bien que « cas contact », a préféré aller travailler, par crainte de se retrouver au chômage (elle est en période d’essai dans le magasin amiral d’une grande marque française). Il faut dire qu’il faudrait être bête pour prendre ce risque, quand on sait qu’il faut attendre jusqu’à dix jours pour obtenir le résultat d’un test, période durant laquelle la plupart des testés auront continué leur activité, si leur état de santé le leur permet, et auront donc propagé le virus s’ils en sont porteurs.

L’obsessionnelle politique du chiffre continue à sévir : on va atteindre le million de tests par semaine. Cela nous fait chaque jour 1,95 test pour mille habitants, contre 1,91 en Espagne et 1,88 en Allemagne. « Allez les Bleus ! ». On a été mauvais en mars ? On est géniaux en septembre ! Le test pour tous, même sans bonne raison (symptômes, voyage…).

Les médecins préconisent de faire marche arrière avec un dépistage sur prescription médicale. Jean Castex allait-il l’annoncer vendredi après le Conseil de défense ? Eh bien non !

Le pire, c’est que le test salivaire existe, comme nous l’expliquions dans les colonnes d’Opinion internationale en prônant l’ouverture d’une deuxième filière de tests, notamment dans les pharmacies. Il est français, compétitif et prêt à être diffusé à grande échelle. Et surtout, il donne un résultat en une heure. Les autorités de santé, malades de leur surrèglementation, ne l’ont pas encore homologué. Question de fiabilité ? Peut-on faire moins fiable qu’un test PCR classique qui met 10 jours (ou même deux jours) pour rendre son verdict ?

Il y a bien un mal français, une bureaucratie autosatisfaite qui étouffe les initiatives, empêche l’anticipation, tout en privilégiant certaines solutions (leurs amis, leurs futurs employeurs ?).

Emmanuel Macron et Jean Castex sont issus de ce moule. Le pays des start ’up ? On en est loin ! Et ce n’est pas la réception demain soir d’une centaine de leaders français du monde d’après (tiens le concept a disparu du débat public), à l’occasion du France Digitale Day, qui y changera quelque chose.

 

Michel Taube

Directeur de la publication