La chronique d'Anne Bassi
19H43 - vendredi 1 mai 2020

Didier van Cauwelaert et Joseph Kessel. La chronique littéraire d’Anne Bassi

 

Voici deux romans inspirés de faits réels dans lesquels se mêlent histoire et fiction. Ils se déroulent pendant la Seconde Guerre mondiale et nous rappellent les temps maudits et le terrible pouvoir dont l’Allemagne nazie disposait alors. Deux romans extraordinaires sur des épisodes méconnus. A lire par tous temps, confinés ou non confinés !

 

La femme de nos vies, Didier van Cauwelaert – Albin Michel

Un récit étonnant d’amitié et de survie qui nous plonge dans l’univers scientifique à travers les thèmes de l’identité, de l’amour et du dépassement de soi. 

David Rosfeld est épileptique et surdoué. Il détient un secret, celui de sa mère, Yaël Rosfeld, physicienne de renom et spécialiste de la fission des atomes. Elle était proche de la découverte de la bombe atomique quand les nazis ont brûlé ses recherches et l’ont assassinée.

Jürgen Bolt est fils d’agriculteurs, il a grandi comme garçon vacher. Ses parents le considèrent comme attardé mental car il a refusé de mener un veau à l’abattoir et le dénoncent au régime nazi pour éviter la réquisition de leur bétail et être considérés comme de bons allemands.  

David et Jürgen se retrouvent à l’hôpital psychiatrique d’Hadamar où les nazis font tester les premières chambres à gaz pour se débarrasser des « bouches inutiles » et aider ainsi les familles à se purifier. Ils sont voisins de dortoir, les confidences se transforment en amitié.

Ilsa Shaffner est officier de la Wehrmacht et fondatrice d’une école pour enfants surdoués. Mystérieuse scientifique, elle est chargée d’exploiter le génie de David qu’une école pour enfants au QI extraordinaire attend. Il devra aider le régime du Reich à développer la bombe atomique à partir des travaux de Yael Rosfeld, sa mère.

 Alors que Jürgen est condamné, David Rosfeld doit échapper à la mort grâce à son génie. 

Mais David n’a qu’un souhait, rejoindre sa mère sans que ses travaux ne se perdent pour autant. « Tu vas me remplacer Jürgen, tu vas devenir moi, et je mourrai à ta place ». « Comment refuser ce qui était la supplique de mon seul ami et mon unique chance d’échapper à la mort ».

David lui transmet le savoir et le dernier cahier de sa mère, « le secret des atomes ». Ils échangent leur identité et leur matricule. Jürgen devient David.

Le subterfuge marche mais Ilsa ne sera pas dupe. Pourtant, elle ne dira rien. Il en va de sa vie à lui et de sa crédibilité à elle. Entre eux débute alors une relation ambigüe basée sur la manipulation et l’amour.  Grâce à elle, il deviendra un grand physicien, sera envoyé aux Etats-Unis et sera nommé l’assistant d’Einstein. 

L’histoire aurait pu s’arrêter là mais les destins s’enchevêtrent. Des années plus tard, Jürgen retrouve Ilsa à l’hôpital d’Hadamar, là où tout a commencé soixante ans plus tôt. Elle a 100 ans. Elle est dans le coma.

A son chevet, il rencontre alors sa petite fille, Marianne Bret, avocate engagée dans la lutte contre les algues toxiques. Elle a toujours refusé de rencontrer sa grand-mère qu’elle considère comme une criminelle nazie. Il la convainc de l’écouter et avec beaucoup de patience et de tendresse David remonte le cours de l’histoire. Il découvrira alors à son tour, le passé d’Ilsa dont il ignore tout, celui d’après 1945. 

  

Les mains du miracle, Joseph Kessel – Gallimard

Un roman à couper le souffle dans lequel Joseph Kessel nous relate l’incroyable histoire du docteur Felix Kersten. Une histoire dramatique. Longtemps épuisé, puis réédité en 2013, « les mains du miracle » a marqué des générations de lecteurs.

En pleine Seconde Guerre mondiale, Heinrich Himmler, souffre de douleurs d’estomac chroniques que rien ne soulage. De terribles crampes le torturent. Son entourage lui fait connaître Felix Kersten, spécialiste des massages thérapeutiques et adepte des méthodes tibétaines. Kersten a un don, celui d’apaiser et de soigner par la force de ses mains.  

Tiraillé entre les principes de sa profession et ses convictions personnelles, il finit par consentir à examiner Himmler, et les douleurs s’estompent peu à peu. Kersten n’a plus le choix. Il doit lui obéir. Il doit l’apaiser, le soigner et devenir son médecin personnel.

Commence alors une aventure de quatre années. Jour après jour, Kersten dissipe les souffrances du bourreau. Il lui devient indispensable et gagne sa confiance.

Prenant peu à peu la mesure de son emprise, il lui réclame des faveurs que Himmler n’est pas en mesure de refuser. Quelques vies sauvées par ici et par là en échange de sa dévotion de soignant. Ainsi, en œuvrant dans l’ombre et en négociant des délais, Kersten parvient à sauver des milliers d’hommes et de femmes.

 

Anne Bassi

Présidente de l’agence de communication Sachinka, chroniqueuse littéraire d’Opinion Internationale

Présidente de Sachinka, chroniqueuse littéraire

Liens. La chronique littéraire d’Anne Bassi

Certains auteurs choisissent des héros principaux qui éclairent de façon inattendue leur ouvrage. C’est le cas pour La Revanche du prépuce (1), roman de cette rentrée, ainsi que pour deux autres livres…
Anne Bassi

« Le passeur » est passé par la Closerie des Lilas

Malgré le contexte sanitaire, les fondatrices du Prix de la closerie des Lilas ont maintenu leur prix. Merci à elles de défendre la littérature et les auteures. La chronique littéraire d’Anne Bassi
Anne Bassi