Edito
06H30 - vendredi 29 novembre 2019

Black Yellow Friday ! L’édito de Michel Taube

 

Il n’y a pas à dire : en business, les Ricains savent faire ! Alors que débutent les achats de Noël (fête initialement religieuse que l’oncle Sam a transformée en foire aux cadeaux apportés par un père noël rouge Coca cola), ils ont imposé le vendredi noir de Thanksgiving (qui dure tout le week-end et parfois toute une semaine) pour raviver la frénésie consumériste.

Certes, dans le bras de fer qui oppose les Etats-Unis à la Chine, les Chinois ont pris le dessus : leur Black Friday, c’est la Journée des célibataires qui a lieu le 11 novembre. Cette année, les Chinois ont dépensé un milliard de dollars en 68 secondes sur le site de vente en ligne Alibaba et le total du Single’s Day a atteint 34,74 milliards d’euros, soit une hausse de 26% par rapport à 2018.

Trump commettra-t-il un twit appelant les Américains à faire mieux que leurs rivaux chinois ?

Revenons en France : vu le contexte morose, les gilets jaunes et les manifestants du 5 décembre auront-ils raison du Black Friday ? Allez, chers Gilets jaunes qui, le 16 novembre, avez envahi les Galeries Layette, « temple de la consommation », et tenté d’investir à plusieurs reprises le centre commercial Italie 2 à Paris [notre photo], avouez : vous irez bien sur Amazon faire vos emplettes de Noël. Amazon, c’est plus d’emplois détruits que créés, surtout hors des Etats-Unis. Avec 1000 milliards de capitalisation boursière, c’est l’entreprise la plus riche du monde (enfin, son patron, Jeff Bezos), à côté de laquelle nos grands magasins font figure de boutiques de quartier. Amazon, ce sont des salariés payés au SMIC, sous pression du matin au soir. Des commerces en péril, du plus petit à la grande distribution. Ce sont des millions de paquets livrés aux quatre coins du monde, au mépris de l’écologie.

Elisabeth Borne sera-t-elle entendue ? La ministre de la transition écologique avait alerté sur la frénésie de consommation et la pollution générée par le Black Friday.

Ah non. Opinion internationale ne va pas jouer les cassandres ! N’en déplaise aux prétendus anticapitalistes (qui consomment autant que les autres) et aux gilets jaunes et rouges, consommer, ça fait aussi plaisir ! C’est pas bien de le dire, car c’est pas écolo et de moins en moins tendance.

Comme toutes les périodes de soldes ou de promos, nous serons tentés d’acheter ce dont nous n’avons aucun besoin. Certains penseront même s’être enrichis en bénéficiant d’importantes ristournes. D’autres se feront avoir, surtout sur internet : prix majorés artificiellement la veille du jour J, marchandises défectueuses, etc… Ce n’est pas propre au Black Friday, mais l’événement aiguise la convoitise de quelques escrocs.

Certes, tout ceci est vrai mais osons reconnaître cette réalité : ça fait aussi du bien de consommer. Ceux qui en sont privés ne demandent pour la plupart qu’à consommer plus. D’où le succès des jeux d’argent, surtout chez les plus pauvres, jeux qui les rendent pour la plupart encore plus pauvres (mais quel succès, la privatisation de la Française des jeux !). Autant profiter du Black Friday, si possible chez nos commerçants qui ont déjà tellement souffert des mouvements sociaux (et ce n’est pas terminé avec le décembre que les syndicats nous promettent).

Les salariés de la RATP qui toucheront leur 13èmemois le 1erdécembre ont le choix : soit se lâcher en ce beau Black Friday soit épargner pour tenir la grève tout le mois de décembre. Notre crainte est qu’ils n’aient déjà fait leur choix !

Dommage car le Black Friday, c’est aussi de l’activité économique et donc de l’emploi, même temporaire. Et puis, on peut acheter des livres pour lire, des produits bio et écolo pour moins polluer, des biens issus du commerce équitable !

Un black Friday écolo solidaire en somme !

L’oncle Sam et les célibataires chinois auront-t-ils raison du gilet jaune gaulois ? Réponse ce week-end…

 

Michel Taube

Directeur de la publication

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