International
17H07 - mercredi 23 octobre 2019

Russie, le grand retour. La chronique de Dominique Trinquand

 

En Syrie tout d’abord, la Russie a réussi le tour de force de négocier la prolongation d’un cessez-le-feu initié par les Américains. Ce cessez-le-feu n’a pas été négocié par les partis en présence, mais imposé par les Etats Unis pour permettre aux forces américaines de quitter la zone et au Président Trump de faire une nouvelle démonstration médiatique sans effet sur la crise considérée. En revanche, Vladimir Poutine a négocié pendant plusieurs heures mardi un véritable accord, dans la durée, où la Russie est garante de la sécurité de la frontière Turco syrienne.

Dans cette crise, le véritable arbitre est bien le Président Poutine, soutien des Syriens de Bachar El Assad et allié du Président Erdogan qu’il a reçu avant-hier à Sotchi. Le Président Macron ne s’y était pas trompé qui avait demandé au Président Poutine de faire en sorte de prolonger le cessez-le-feu initié par les Américains. Il est clair maintenant que la constance du Président russe voit l’aboutissement de sa politique menée par les armes en Syrie depuis 2015. Il ne reste plus qu’à régler la question d’Idlib qui fait là aussi l’objet d’un accord entre Poutine et Erdogan. Opportunément, le Président Bachar El Assad y apparaît au moment où le Président Erdogan s’est rendu à Sotchi. Il rappelle là que le triangle inégal Damas / Ankara / Moscou est celui qui établira la stabilité dans la région.

Nos démocraties, qu’elles soient d’un côté ou de l’autre de l’Atlantique, voient dans cette conclusion l’échec des demi-mesures et des fluctuations au gré des changements de gouvernements pendant huit ans.

Le Tsar a reçu mardi 22 octobre sur la mer noire le Sultan avant de rencontrer les 23 et 24 octobre le continent africain pendant deux jours. Ici encore, avec ce premier sommet Afrique / Russie où plus de 30 chefs d’Etat se sont retrouvés, la Russie marque un retour à une politique impériale où la diplomatie et les armes sont en appui d’une pénétration économique. Après un premier essai en Centrafrique, c’est tout le continent qui est ciblé.

Ce retour de la Russie illustre pour nous la nécessité de disposer non seulement d’une stratégie de long terme mais aussi de forces armées capables. La France montre le chemin aux Européens, mais entendront-ils le message ? L’appel du Président Macron à inclure la Russie dans l’Europe et à dialoguer avec elle doit tenir compte des victoires qu’elle vient de remporter mais aussi des sensibilités européennes envers la Russie. L’appel à une présence russe au Sahel pour lutter contre le terrorisme avec les Européens permettrait peut-être de diminuer les tensions. Il conviendra aussi pour l’Alliance atlantique de résoudre une question existentielle, avec un allié turc incontrôlable et un pilier américain qui tous les jours marque son éloignement.

 

Général (2S) Dominique Trinquand

 

Général (2s) - Chroniqueur Opinion Internationale

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