Actualité
17H58 - lundi 7 octobre 2019

Extinction Rebellion, le Nobel de médecine, Edouard Philippe renoue avec les quotas, le gouvernement hongkongais envisage de limiter l’accès à internet, l’actualité du 7 octobre en 4 photos

 

Climat : Extinction Rebellion lance une série d’actions dans le monde entier

Des militants pour le climat dans les rues de Londres le 7 octobre 2019 – AFP / Ben STANSALL

 

De Sydney à Londres en passant par Berlin, les militants écologistes d’Extinction Rebellion ont lancé lundi deux semaines d’actions coups de poing dans le monde pour dénoncer l’inaction « criminelle » des gouvernements face à la crise climatique, entraînant des dizaines d’arrestations. Deux semaines après l’appel plein de colère de Greta Thunberg aux dirigeants de la planète à l’ONU, Exinction Rebellion, mouvement né en 2018 au Royaume-Uni qui prône la désobéissance civile, a promis de semer la pagaille dans les capitales du monde entier, donnant lieu à des actions d’abord en Nouvelle-Zélande et en Australie, puis en Europe.

A Londres, qui s’annonce comme un épicentre de la mobilisation, quelques activistes se sont enchaînés à l’aube à une remorque supportant un faux missile balistique Trident aux abords du ministère de la Défense, pour exhorter le gouvernement à utiliser les fonds publics contre le changement climatique. Les militants, qui souhaitent bloquer Westminster, où sont concentrés les lieux de pouvoir de la capitale britannique, mènent des actions sur plusieurs sites, dont le pont qui fait face à Big Ben, que la police a fermé à la circulation. « Nous avons besoin de changements radicaux », mais « le gouvernement ne s’occupe que du Brexit », a déclaré Harriet Thody, 53 ans, assise sur la chaussée, recouverte d’un drapeau rose d’Extinction Rebellion. « Stop à la guerre, stop au changement climatique », pouvait-on lire sur certaines pancartes. Au mégaphone, l’un des militants a qualifié de « héros » ses camarades, affirmant à la police qu’ils « viennent en paix ».

Vingt-et-une personnes ont été arrêtées, dont certaines dès ce week-end, selon la police londonienne. Une « cérémonie d’ouverture » a attiré dimanche soir des centaines de personnes dans le centre de Londres. Les manifestants espèrent bloquer des sites clés, notamment les ponts de Westminster et de Lambeth. Extinction Rebellion espère rassembler dans la capitale britannique 20.000 à 30.000 personnes sur deux semaines et ainsi réunir cinq fois plus de monde que lors des actions d’avril dernier, où les activistes avaient mené pendant 11 jours des actions perturbant la circulation, donnant lieu à plus de 1.100 arrestations.

A Berlin, des centaines de manifestants ont investi dès 4H30 locales (2H30 GMT) la « grande étoile », l’un des principaux ronds-points de la capitale allemande, équipés de sacs de couchage et de couvertures de survie, sous une température avoisinant les 0°C. D’autres actions doivent suivre à Berlin, notamment à la porte de Brandebourg.

A Amsterdam, 50 personnes ont été interpellées après l’occupation d’un pont près du Musée national.

A Paris, des centaines de militants écologistes ont occupé samedi et dimanche, pendant 17 heures, un centre commercial. Pour cette opération, baptisée « Dernière occupation avant la fin du monde », des centaines de manifestants, membres notamment de XR, ont investi un centre commercial qui, avec ses 130 boutiques et restaurants dans le sud-est de Paris, est pour eux un « symbole du capitalisme ».*

Né en 2018 au Royaume-Uni, « XR », met en garde contre une imminente « apocalypse » environnementale. Prônant la désobéissance civile, il s’est étendu grâce aux réseaux sociaux et revendique aujourd’hui 500 groupes dans 72 pays.

En Australie, les militants prévoient des événements comme la promulgation de la disparition des abeilles, un défilé nu ou un cortège funèbre pour la planète. « Nous avons essayé les pétitions, le lobbying et les manifestations, et maintenant le temps presse », a déclaré la militante australienne Jane Morton. « Nous n’avons pas d’autre choix que de nous rebeller jusqu’à ce que notre gouvernement déclare une urgence climatique et écologique et prenne les mesures qui s’imposent pour nous sauver », a-t-elle ajouté.

Les méthodes employées en Australie par Extinction Rebellion ont conduit de hauts responsables politiques australiens à appeler à la réduction des prestations sociales perçues par les manifestants ainsi qu’à leur dénonciation.

« XR » a appelé à des manifestations non violentes au cours des deux prochaines semaines, principalement en Europe, en Amérique du Nord et en Australie. Des événements sont également prévus en Inde, à Buenos Aires et au Cap.

 


 

Le Nobel de médecine à des travaux sur l’adaptation du corps aux niveaux d’oxygène

Les chercheurs américains William Kaelin (D) et Gregg Semenza (G) et leur collègue britannique Peter Ratcliffe (C) ont été distingués le 7 octobre 2019 par le prix Nobel de médecine – AFP / Jonathan NACKSTRAND

 

Les caprices d’O2 : le prix de médecine a ouvert lundi la saison Nobel en récompensant deux Américains et un Britannique dont les travaux sur l’adaptation des cellules aux besoins en oxygène ouvrent des perspectives dans le traitement du cancer et de l’anémie.

Cette nouvelle édition des récompenses les plus convoitées au monde dans les six disciplines honorées culminera avec la littérature jeudi, pour laquelle seront dévoilés deux lauréats au titre des années 2018 et 2019, et le prix de la paix décerné vendredi à Oslo.

Les chercheurs américains William Kaelin et Gregg Semenza et leur collègue britannique Sir Peter Ratcliffe ont été distingués par le prix de médecine pour avoir « révélé les mécanismes moléculaires à l’oeuvre dans l’adaptation des cellules à l’apport variable d’oxygène » dans l’organisme, a expliqué dans ses attendus l’Assemblée Nobel de l’Institut Karolinska à Stockholm, qui avait reçu 633 nominations cette année.

« L’importance fondamentale de l’oxygène est connue depuis des siècles » et son fonctionnement dans le métabolisme animal mieux compris depuis Lavoisier, « mais le processus d’adaptation des cellules aux variations de niveau d’oxygène est longtemps resté un mystère », a souligné l’Assemblée Nobel.

Altitude, exercice physique, anémie : ces mécanismes jouent également un rôle central dans les tumeurs dont la croissance dépend de l’apport en oxygène du sang, en particulier certains cancers à progression rapide comme celui du foie qui consomment tellement d’énergie qu’ils brûlent tout l’oxygène disponible autour d’eux.

« Des efforts intenses en cours dans les laboratoires universitaires et les entreprises pharmaceutiques se concentrent maintenant sur le développement de médicaments capables d’interférer à différents stade d’une pathologie soit en activant ou en bloquant le mécanisme de captation de l’oxygène », selon le jury Nobel.

 


 

Immigration : Philippe prône de réviser les « logiciels » lors d’un débat sensible

Le Premier ministre Edouard Philippe à l’Assemblée le 7 octobre 2019 – AFP / Alain JOCARD

 

Il faut « accepter de réviser nos logiciels » : Edouard Philippe a dressé lundi un bilan critique de la politique migratoire française en proposant six axes de travail, en ouverture d’un débat sensible à l’Assemblée voulu par Emmanuel Macron mais qui divise jusque dans la majorité.

Revendiquant « une politique sans coup de menton ni naïveté », Edouard Philippe a donné le coup d’envoi de la discussion devant un hémicycle clairsemé, avant de céder la parole à Jean-Yves le Drian (Affaires étrangères), Christophe Castaner (Intérieur) et Agnès Buzyn (Santé).

Puis les orateurs des différentes groupes politiques, dont Marine Le Pen (RN) et Jean-Luc Mélenchon (LFI), prendront la parole pendant plus de deux heures et demie, avant les réponses des ministres. Un débat similaire aura lieu mercredi au Sénat.

Un an après la promulgation de la loi asile-immigration-intégration, le Premier ministre a admis que le gouvernement n’avait « pas atteint tout (ses) objectifs » en matière migratoire, soulignant l’augmentation de 22% entre 2017 et 2018 du nombre de demandes d’asile. « Le système français d’asile est aujourd’hui saturé », a-t-il déploré, estimant que l’idée de « quotas » n’est pas « taboue ».

Il a ensuite développer « six orientations » qui doivent former « un tout cohérent de droits et de devoirs ».

Parmi celles-ci, une réflexion sur les prestations sociales accordées aux demandeurs d’asile. « La France (…) ne doit être ni plus, ni moins attractive que ses voisins », a plaidé Edouard Philippe en appelant à « regarder les choses en face, sans tabou, sans rien renier de nos principes », notamment sur les conditions d’accès aux soins. Sur ce point, Agnès Buzyn devrait proposer une réforme de la Protection universelle maladie (PUMa, ex-CMU) dont bénéficient les demandeurs d’asile, introduisant une période de carence de trois mois pour les soins non-urgents. Et si Emmanuel Macron a rejeté l’idée d’une suppression de l’aide médicale d’Etat (AME) aux sans-papiers, une évaluation du panier de soins pour lutter contre certains « excès » est en cours.

Edouard Philippe a également exhorté à redéfinir la stratégie de l’aide publique au développement, qui doit atteindre 0,55% du PIB en 2022, ou encore à « faire plus et mieux en matière d’intégration », en insistant sur le « volet insertion professionnelle » notamment pour les filières en tension.

Quelques jours après le virulent discours anti-immigration du polémiste Eric Zemmour, le Premier ministre a décoché quelques flèches contre les pourvoyeurs de « fausses solutions », fustigeant les « mythes et fantasmes » de « l’immigration zéro », de « l’immigration de remplacement » ou encore de « la fin du droit du sol ».

Répondant aux « inquiétudes » des Français, M. Philippe s’est dit aussi « prêt » à ouvrir un débat sur « les dérives communautaires », en indiquant qu’il ne liait pas le sujet à celui de la politique migratoire.

Dès avant le coup d’envoi des échanges, la présidente du Rassemblement national a fait le lien entre la tuerie de la préfecture de Paris, perpétrée par un Français radicalisé, Mickaël Harpon, et une « immigration anarchique » laissant se développer le « fondamentalisme islamiste ».

 


 

Hong Kong : le gouvernement envisage de limiter l’accès à internet

La police de Hong Kong a recours à des tirs de gaz lacrymogène contre des manifestants le 7 octobre dans le district de Mongkok – AFP / Mohd RASFAN

 

Le gouvernement hongkongais envisage de limiter l’accès à internet, a déclaré un membre du conseil exécutif, trois jours après l’interdiction du port du masque dans les rassemblements, qui, contrairement à son objectif, a attisé la contestation. « Le gouvernement n’exclura pas la possibilité d’interdire internet », a déclaré Ip Kwok-him, un membre du conseil exécutif et député pro-Pékin. Internet est un outil indispensable pour le mouvement pro-démocratie qui utilise les forums en ligne et les messagerie cryptées pour organiser les actions de la contestation. M. Ip Il a cependant souligné que restreindre l’accès à internet pourrait avoir des conséquences néfastes pour Hong Kong.

« Je pense que l’une des conditions de mise en œuvre de l’interdiction d’internet serait de ne pas affecter les entreprises de Hong Kong », a tempéré ce membre du conseil exécutif, qui est l’organe consultatif de la cheffe de l’exécutif Carrie Lam.

Cette nouvelle menace intervient après trois jours consécutifs de flashmobs et d’actions non autorisées, qui ont rassemblé des dizaines de milliers de personnes, à travers tout le territoire semi-autonome.

De nombreuses stations de métro ont été vandalisées, par des groupuscules radicaux, et une bonne partie du réseau est restée à l’arrêt pendant le week-end. Certaines stations et boutiques n’ont pas rouvert lundi, jour férié à Hong Kong. Des entreprises ayant des liens avec la Chine, notamment des banques chinoises, ont également été la cible de saccages.

Lundi après-midi, des rassemblements de manifestants masqués ont eu lieu dans plusieurs centres commerciaux de la ville, la police procédant à quelques tirs de gaz lacrymogène dans le district de Mongkok. C’est la décision, vendredi après-midi, d’interdire aux manifestants de dissimuler leur visage qui avait mis le feu aux poudres. Carrie Lam avait pris cette mesure après avoir rencontré le conseil exécutif, l’estimant nécessaire afin de mettre fin à quatre mois d’une contestation sans précédent.

Responsable du développement numérique