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10H49 - vendredi 9 août 2019

Décès du cinéaste Jean-Pierre Mocky le franc-tireur du cinéma français

 

Jean-Pierre Mocky, le 17 octobre 2002 au théâtre « Le Brady », à Paris – AFP/Archives / JEAN-PIERRE MULLER

 

Le cinéaste Jean-Pierre Mocky, le plus inclassable des réalisateurs français, est mort jeudi à l’âge de 90 ans, a annoncé sa famille à l’AFP.

« Jean-Pierre Mocky est mort chez lui cet après-midi à 15H00 », a indiqué son gendre Jérôme Pierrat à l’AFP.

« Jean-Pierre Mocky est parti tourner son prochain film avec Bourvil, Michel Serrault, Michel Simon, Fernandel, Jacqueline Maillan, Jeanne Moreau, Jean Poiret, Francis Blanche, Charles Aznavour et tant d’autres. Le cinéaste s’est éteint dans sa 91e année à son domicile parisien, entouré de sa famille et de ses proches », ont indiqué le fils et la fille du cinéaste, Stanislas Nordey et Olivia Mokiejewski, dans un communiqué adressé à l’AFP.

Auteur de plus d’une soixantaine de films dont « Un drôle de paroissien » avec Bourvil ou encore « A mort l’arbitre » avec Michel Serrault et Eddy Mitchell, Jean-Pierre Mocky était considéré comme « l’anar » du cinéma français, toujours sur la brèche, sempiternel râleur et, avant tout, libre.

« Jean-Pierre Mocky c’était un style, une gouaille, des amitiés, des coups de gueule et surtout du cinéma, son cinéma : unique, inclassable, provocateur et poétique. Sa liberté de ton et son regard sur le monde vont nous manquer. Je pense à sa famille et à ses proches », a indiqué le ministre de la Culture Franck Riester sur son compte Twitter.

Premier à réagir à l’annonce du décès du réalisateur, Jack Lang, qui était son ami, a rendu un hommage appuyé au cinéaste « talentueux irrévérencieux et insurgé du quotidien ».

« Sa filmographie était à son image : caustique, anticonformiste, loin des clichés. Ses films n’épargnaient rien ni personne, et dénonçaient inlassablement les travers et les dérives de la société.

En vieil et irréductible anarchiste, c’était un provocateur outrancier qui cachait une âme sensible et cultivée. Écorché vif et éruptif, il agaçait souvent, mais sa parole et ses mots avaient toujours la justesse et la vérité des révoltés », a ajouté l’ancien ministre de la Culture.

Dans un entretien publié par Le Figaro en 2014, le cinéaste avouait crûment: « J’ai connu 27 ministres de la Culture; sur ces vingt-sept, il y a eu un type formidable à droite, Malraux, et un type formidable à gauche, Lang. Les vingt-cinq autres étaient des nuls ».

Le maire de Nice, Christian Estrosi a également salué la mémoire de Jean-Pierre Mocky, né dans sa ville. « Beaucoup d’émotion en apprenant le décès de Jean-Pierre Mocky, ce « gamin » de Nice (…) Ce roublard était aussi provocateur qu’attachant. Adieu l’artiste », a-t-il écrit sur Twitter.

« Sa liberté, sa démesure, son impertinence, son regard caustique, sa gouaille râleuse manqueront au cinéma français. C’est un sublime et salutaire impertinent que la France perd et pleure aujourd’hui », a indiqué l’Elysée dans un communiqué rendant hommage à celui « qui faisait des films comme d’autres respirent ».

Si la naissance de Jean-Pierre Mocky à Nice est avérée, il persiste un doute sur sa date de naissance.

Juillet 1929 ou juillet 1933? Dans son autobiographie, « Je vais encore me faire des amis » (Cherche-Midi, 2015), Mocky raconte être né en 1933 mais que son registre d’état-civil avait été falsifié au début de la guerre pour qu’il puisse prendre seul le bateau pour l’Algérie afin d’échapper aux nazis.

Falsifié ou non, le registre de l’état-civil le faisant naître en 1929 n’a jamais été jamais modifié et la notice du « who’s who » (revue par Mocky) le fait naître le 6 juillet 1929.

Au cours de sa carrière, il a tourné avec les grands acteurs de Bourvil à Catherine Deneuve en passant par Charles Aznavour et Gérard Depardieu.