International
10H11 - mercredi 16 janvier 2019

Sale temps pour les nationalistes…au pouvoir en Europe ! par Frédéric Lefebvre

 

Angleterre, Grèce, Italie… Les belles paroles de campagne se sont envolées. Reste une réalité qui met à nu les billevesées proférées par les nationalistes qui gouvernent en Europe ! Autant ils ont le vent en poupe au moment des élections, autant leurs drapeaux sont en berne au moment des décisions !

« Gilet gialli, non mollate! » : le vice-président du Conseil italien Luigi Di Maio appelle les « Gilets jaunes » qui protestent pour plus de pouvoir d’achat et de démocratie participative à « ne rien lâcher ». Il est à la recherche d’un second souffle. Les nationalistes et isolationnistes en Europe, soudain partisans de plus de multilatéralisme, quand il s’agit, avec l’aide d’un Américain, proche de Donald Trump dont il fut le conseiller, Steve Bannon, de créer une « multinationale nationaliste ». L’homme fort de la coalition, Salvini, proche de Marine Le Pen, n’est pas en reste.

Cette agitation avant les Européennes n’est pas le fruit du hasard. Car leurs promesses folles faites aux citoyens italiens, pour être élus, se fracassent sur la réalité.

Quelques jours avant, par 327 voix pour et 228 voix contre, les députés italiens ont ratifié le 29 décembre 2018 le budget italien rectifié par la Commission européenne et la Banque centrale européenne.

Le commissaire européen à la stabilité financière, aux services financiers et à l’union du marché des capitaux, ValdisDombrovskis, a d’ailleurs déclaré : « Le gouvernement italien a fait du chemin. Il y a quelques semaines, nous entendions des discours offensifs, mais d’intenses contacts ont permis de trouver une solution et d’éviter d’enclencher une procédure de déficit excessif ». Comme il est aimablement dit : le gouvernement italien s’est couché.

Theresa May affronte une défiance parlementaire d’une même nature, sur le compromis qu’elle a dû négocier avec Michel Barbier comme sur le « no deal » concernant le Brexit, option des anti-Brexit radicaux comme Boris Johnson. Après s’être faite déposséder du dossier par une courte majorité de 303 voix contre 296 voix, à la Chambre des communes. Vingt défections de députés conservateurs qui avec les travaillistes notamment, ont décidé que la première ministre britannique, ne pourrait accepter seule un Brexit sans accord avec l’Union européenne. Cette majorité additionnait déjà les plus ultras anti-européens comme les pro-maintien dans l’Union Europeenne, du Royaume Uni, et augurait du terrible revers, qui lui est infligé le 15 janvier, quand l’accord négocié avec Michel Barnier a été soumis aux voix. 432 voix contre 202 ! Une centaine de défections dans son propre camp. Avec le risque pour elle de devoir reporter la date du Brexit ! On murmure même qu’un nouveau référendum pourrait pointer son nez…

Le Brexit, solution miracle à tous les maux, selon certains, se mue en inextricable piège, dont les conservateurs n’arrivent pas à se sortir. La population s’affole et stocke des produits de base en prévision du Chaos…

Le poids des mots mais le choc du réel !

Cela résume la fuite en avant qui devient la seule voie pour ces élus qui ont choisi de faire rêver les peuples en flattant les réflexes de survie liés aux peurs de ceux qui souffrent le plus.

Il faut se souvenir des Grecs qui, avec Tsipras, appliquent depuis des années l’exact inverse du projet démagogique qu’ils avaient défendu. Et avec succès, car le rétablissement est là, au prix du départ de beaucoup de Grecs du pays et d’un niveau de vie en baisse. La coalition des extrêmes a mené la politique inverse de celle qu’elle avait promise.

Quel revers !

Et son allié de droite souverainiste prend aujourd’hui prétexte d’un débat sur le nom de la Macédoine pour prendre ses distances en vue des prochaines législatives.

Tsipras, héros de l’extrême gauche européenne, n’a pas hésité à s’allier à Orban, héros de l’extrême droite européenne, sur la question de l’immigration. Car ces partis extrémistes de droite et de gauche font peu de cas des valeurs qu’ils portent ou des promesses sur lesquelles ils se sont engagés.Seule compte leur capacité à durer au pouvoir et donc à prospérer sur le dos du peuple qu’ils prétendent défendre.

Les Français voient l’agitation des partis extrémistes en France autour des gilets jaunes avec des tentatives souvent réussies de noyautage du côté du Rassemblement National de Marine le Pen et des essais désespérés de récupération du côté de la France Insoumise de Jean Luc Mélenchon.

Car les vautours planent au-dessus des plus désespérés, en prévision des prochaines élections européennes.

Les Français doivent méditer les exemples autour d’eux, avant de se laisser embarquer dans une aventure rouge et brune sans lendemain ou sans lendemain qui chante.


 

 

 

 

 

Frédéric Lefebvre
Vice-président d’Agir, avocat et ancien ministre