À nos enfants !
08H11 - vendredi 7 décembre 2018

Imagine 2019… Et si nos décideurs politiques investissaient dans la petite enfance…

 

Imagine 2019…

Nous sommes, en France, les champions des inégalités éducatives.

Les difficultés tels le décrochage de notre système éducatif dans les classements internationaux, les dizaines de milliers de jeunes sortant de l’école sans qualification, un taux de chômage élevé… se jouent dès la petite enfance.

A quatre ans, un enfant issu d’une famille défavorisée a entendu 30 millions de mots en moins qu’un enfant d’une famille aisée et il maîtrise aussi en moyenne deux fois moins de mots. Cet enfant sera alors gêné lorsqu’il devra entrer dans les apprentissages scolaires.  

Des solutions existent pour parer à ces difficultés, des initiatives concrètes – le programme jeux d’enfants ou Learning games, le programme Parler Bambin, l’accompagnement individuel des parents dans le Video Interaction Project, …-

sont à promouvoir et à développer. Elles ont été éprouvées à l’étranger et en France, dans certaines villes, et peuvent être, dès aujourd’hui, mises en place par les élus locaux, les professionnels de la petite enfance et nos responsables politiques nationaux sur l’ensemble du territoire.

Deux projets peuvent déjà inspirer nos décideurs politiques : le premier a été mené entre 1962 et 1967, dans une petite ville des Etats-Unis. C’est le « Perry Preschool Project » ou programme de préscolarisation intensif.

Une équipe de professionnels de crèches et de chercheurs pensent qu’il est possible de prouver scientifiquement que les inégalités peuvent être corrigées très tôt. 123 enfants entre 3 et 5 ans sont alors suivis jusqu’à l’âge de 40 ans.

Puis, à la fin des années 60, c’est le « Le Carolina Abecederian » ou jeux d’enfants qui prend le relais en approfondissant la démarche et en suivant 111 bébés pendant 30 ans.

Ces deux projets sont des références, ils sont accompagnés de dispositifs scientifiques rigoureux. Les résultats montrent pour tous ces enfants une meilleure réussite scolaire, un accès à l’enseignement supérieur plus important, un chômage plus faible, de meilleurs revenus, une meilleure santé et un moindre risque de tomber dans la délinquance.

Selon le prix Nobel James Heckman, il s’agit de l’investissement éducatif le plus rentable pour la société.

La France ayant la chance de bénéficier de capacités d’accueil élevées pour les enfants entre 0 et 3 ans pourraient rapidement mettre en œuvre une politique visant une meilleure égalité des chances en assurant l’accès des familles défavorisées à l’accueil collectif, comme l’Etat s’y est engagé, et en orientant les crèches vers une mission préventive et pédagogique. Ces lieux doivent devenir la clé de voûte de l’égalité des chances en France.

Lucie Breugghe

Enseignante chercheuse, chef de rubrique « A nos enfants ! »

 

Pour aller plus loin : 

http://tnova.fr/system/contents/files/000/001/400/original/31052017_-_Investissons_dans_la_petite_enfance.pdf?1496938599

https://youth.gov/content/perry-preschool-project

https://abc.fpg.unc.edu

www.eif.org.uk/publication/the-best-start-at-home

www.parlerbambin.fr

Pour un usage plus raisonné des notes à l’école

L’évaluation des élèves, en France, est encore aujourd’hui excessivement centrée sur une notation systématique, laquelle permet aux parents de suivre la scolarité de leurs enfants et aux élèves de se situer dans la compétition scolaire.