International
10H48 - samedi 25 novembre 2017

PAUSE : une course contre la montre pour des scientifiques en danger et réfugiés en France

 

L’opinion publique et les Etats sont ballotés, tiraillés sur la politique migratoire à adopter face à la venue des migrants d’Afrique et du Moyen-Orient. Pendant ce temps, des scientifiques réfugiés sont accompagnés par le Collège de France et les universités françaises. Avec le soutien de Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, de Thierry Mandon, ancien secrétaire d’Etat à l’Enseignement supérieur et patron du futur hebdo EBDO, et de Lilian Thuram et sa Fondation « Education contre le racisme ».

« Lorsque j’ai réalisé que j’étais en danger permanent et que ma vie était menacée à chacun de mes déplacements, j’ai dû prendre la décision de quitter le pays », explique Komait Abdallah, archéologue syrien qui, jusqu’en 2015, a tout fait pour rester dans son pays. « C’était un réel défi pour nous de conserver les antiquités archéologiques et de documenter les dégâts perpétrés sur des sites pillés ou détruits à cause de la guerre. Mais c’était devenu trop dangereux. Plusieurs de mes collègues ont été blessés ou ont trouvé la mort.» Ce chercheur est aujourd’hui l’un des lauréats du Programme national d’aide à l’Accueil en Urgence des Scientifiques en Exil (PAUSE) décerné par le Collège de France. « En ayant fait mon post-doc en France, je connaissais encore quelques collègues qui m’ont permis de venir à Paris. J’ai pu rejoindre l’Ecole normale supérieure grâce à plusieurs bourses qui m’ont été octroyées. Puis j’ai candidaté au programme Pause.»

En dix mois d’existence, ce programme a permis à une centaine de scientifiques, pour la plupart en provenance de Syrie, de Turquie, mais aussi plus récemment de pays tels que le Venezuela, de rejoindre la France et de pouvoir continuer à travailler dans des établissements de recherche publics ou des universités. Plus de 56 structures ont ainsi répondu à l’appel du Collège de France lancé en janvier 2017. Laura Lohéac, directrice exécutive du programme Pause dresse un premier bilan positif à l’occasion des premières rencontres internationales de Pause qui se sont déroulées le 9 novembre dernier. « En moins d’un an nous avons accueilli à la fois des jeunes chercheurs mais aussi des chercheurs plus confirmés issus de tous horizons scientifiques (histoire, droit, archéologie, sciences politiques, biologie, agronomie..). La parité homme – femme est aussi respectée. Et le programme Pause va au-delà, il permet aussi un accompagnement sur un plan plus personnel comme la prise en charge des traumatismes subis.»

Pérenniser la situation des cent premiers bénéficiaires et accueillir de nouveaux chercheurs, c’est tout l’enjeu des prochains mois pour les organisateurs du programme. Le financement octroyé à l’accueil de chaque lauréat peut varier selon les besoins de 20.000 à 60.000 euros par an. Pour répondre aux besoins financiers, un fonds de souscription a été ouvert sous l’égide de la Fondation de France.

Ce programme s’inscrit dans la tradition d’accueil par les universités des chercheurs réfugiés. Sous le régime nazi, un Claude Levi Strauss avait été pris en charge par la Fondation Rockfeller dans les années 40 qui lui avait permis de se réfugier aux États-Unis.

Retour en 2017 : d’autres questions voient aussi le jour au fur et à mesure de l’avancement du projet comme celles du retour des scientifiques dans leur pays quand la situation le leur permettra ou encore de la mise en place d’un « réseau Pause» pour que chacun puisse faire bénéficier les autres de ses expériences ou au contraire évoquer les difficultés rencontrées.

« Ma situation n’était pas unique et sur place, la préoccupation de savoir si nous serons encore vivant le jour suivant est celle de tout le peuple syrien », tient néanmoins à préciser l’archéologue qui, depuis sa venue en France, a réussi à écrire plusieurs articles scientifiques, participer à des colloques internationaux et va prochainement publier un livre sur le patrimoine archéologique syrien.

Lilian Thuram à travers son implication dans la Fondation « Education contre le racisme », Thierry Mandon ou encore Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation faisaient partie des personnalités présentes lors de ces rencontres internationales.

 

Priscille Rivière

 

Pour aller plus loin : http://www.college-de-france.fr/site/programme-pause/index.htm

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