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17H00 - jeudi 6 octobre 2016

De l’Accord de Paris à Marrakech, le relai est assuré entre la France et le Maroc

 

Il est désormais acquis que l’Accord de Paris sur le climat entrera en vigueur avant l’ouverture de la COP22, permettant à cette dernière de réunir à Marrakech la Conférence des parties et de se concentrer sur les adaptations et les solutions.

Philippe Lacoste, Ambassadeur, chargé des relations internationales pour le climat, conseiller de Segolène Royal, Ministre de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie et présidente de la COP21, rappelle les chantiers que la COP21, sous présidence française, a portés pour permettre à la COP22, présidée par le Maroc de poursuivre la lute contre le réchauffement climatique.

Philippe Lacoste - Crédit photo : DR

Philippe Lacoste – Crédit photo : DR

 
La préparation de la conférence de Paris sur le Climat (COP21) a été construite autour de quatre grands axes : l’Accord de Paris, les contributions nationales, les moyens de mise en œuvre, et les actions immédiates. Après l’adoption de ce « paquet » en décembre dernier au Bourget, la France, qui assure la présidence de la COP jusqu’au début la conférence de Marrakech (COP22), est en action pour assurer le suivi de chacune ces composantes et placer cette COP22 dans les meilleures conditions. Le travail de préparation entre la France et la Maroc est, depuis le  début de l’année très étroit, à l’image de la coopération fructueuse en 2015, pour la COP21, entre la France et le Pérou, alors en présidence de la COP20.

Revenons brièvement sur chacun des quatre axes et mesurons le chemin parcouru.

L’Accord de Paris entrera prochainement en vigueur dans un délai record

Le texte adopté à Paris en décembre 2015 est court (29 articles) et il fixe le cadre international de la lutte contre les changements climatiques pour les prochaines décennies. Il est universel (tous les pays sont concernés), ambitieux (avec l’objectif de contenir l’accroissement de la température à la fin du siècle bien en deçà de 2°C), équilibré (car il insiste notamment sur les politiques d’adaptation aux changements climatiques), dynamique (avec des cycles de revue à la hausse tous les 5 ans) et transparent  (avec la mise en place d’un système de suivi des engagements de toute nature).

Cet Accord, la présidence française s’est d’abord efforcé de le transformer en réalité juridique en incitant les Etats à le ratifier officiellement pour qu’il entre en vigueur avant la COP22. Comme pendant la préparation de la COP21, tout le réseau diplomatique français s’est mobilisé pour que les conditions requises (55 Etats représentant au moins 55 % des émissions mondiales) soient atteintes La présidente de la COP21, Mme Ségolène Royal a effectué de nombreux voyages à l’étranger à cet effet et elle s’est fortement impliquée pour que l’Union européenne trouve les moyens juridiques de s’associer à cet effort collectif. Aujourd’hui, c’est quasiment chose faite et la 1ere réunion des parties à l’Accord de Paris devrait se tenir à Marrakech. C’est un exemple inédit dans l’histoire des Nations Unies. Une forme de réponse à l’urgence climatique.

Le travail technique pour élaborer les « décrets d’application » de cet Accord de Paris a déjà commencé. Il se poursuivra de manière accélérée dans les prochains mois afin notamment de pouvoir être en mesure de faire un premier bilan mondial de la situation en 2018.


Les projets de contributions nationales se transforment en mesures concrètes

Il s’agit de la composante la plus innovante de l’Accord de Paris qui s’appuie sur ces plans nationaux de réduction des émissions de gaz à effet de serre et d’adaptation au changement climatique, proposés par les Etats de manière volontaire en fonction de la structure de leurs économies et de leurs priorités nationales.

190 (sur 196) de ces contributions sont aujourd’hui publiées. Ces intentions se transformeront en engagements fermes à compter de l’entrée en vigueur de l’Accord de Paris.

Aujourd’hui,  ces contributions nationales doivent être précisées pour certaines d’entre elles, déclinées secteur par secteur, mesures par mesures, et surtout mises en application.

La France l’a déjà fait par exemple avec sa loi de transition énergétique en se fixant un cap précis et les moyens de l’atteindre. Certains pays qui le souhaitent pourront bénéficier d’un appui international pour réaliser cet exercice complexe car transversal et plusieurs initiatives en ce sens seront présentées lors de la COP22.

Les engagements en termes de moyens de mise en œuvre sont tenus

Afin que les contributions nationales puissent être mises en œuvre, une coopération internationale renforcée est nécessaire et l’Accord de Paris fixe des objectifs communs en matière de financement de la transition énergétique et de l’adaptation au changement climatique, en matière de transferts de technologie et de formation (dans le jargon des négociateurs climat ce sujet porte le nom de « renforcement des capacités »). C’est la réponse à la question de la justice climatique.

S’agissant des finances, une feuille de route fixant la manière dont l’objectif de 100 mds de dollars par an de fonds publics et privés en faveur du climat sera atteint en 2020 sera rendue publique lors de la COP22. Des efforts de simplification pour un meilleur accès à ces financements sont en cours afin qu’ils bénéficient aux pays les plus vulnérables.

En matière de renforcement des capacités, les résultats des efforts de coordination demandés à Paris seront exposés à Marrakech et de nouvelles initiatives opérationnelles de coopération triangulaire seront en particulier présentées.

Les actions immédiates se poursuivent et se renforcent

La négociation internationale entre Etats est un exercice complexe, les précédentes COP l’ont bien montré, et le résultat final est un compromis qui n’est pas toujours à la hauteur des enjeux. L’agrégation des contributions nationales envisagées aujourd’hui nous conduit plutôt vers un résultat de 3°C que des 2°C visés. C’est pour cela que la présidente française de la COP s’est beaucoup impliquée pour encourager des initiatives d’acteurs non étatiques souhaitant aller plus vite et plus loin. Des coalitions d’entreprises par exemple ou des regroupements de collectivités locales, qui se trouvent au cœur de la transition énergétique et des efforts pour renforcer la résilience de nos communautés.

C’est la composante qui a été appelée l’Agenda de l’Action et qui a rassemblé, à Paris, plus de 70 coalitions sur 12 thèmes variés allant des transports à l’océan, des bâtiments aux forêts. Ces réalisations permettront de revoir à la hausse les contributions nationales car les Etats ont souvent été conservateurs dans leurs annonces, et ainsi d’atteindre les objectifs de l’Accord de Paris.

La présidence française s’est particulièrement mobilisée sur quatre de ces initiatives lancées à Paris au niveau des chefs d’Etat et de gouvernement :

  • l’Alliance solaire internationale, en liaison étroite avec l’Inde,
  • l’Initiative africaine pour les énergies renouvelables, en liaison avec les Etats africains et sur laquelle la présidente de la COP a récemment déposé un rapport,
  • la Coalition pour un prix du carbone, animée par la Banque mondiale,
  • la Mission innovation qui vise à doubler les crédits de recherche en faveur des énergies propres, en collaboration avec les Etats Unis et la fondation Clinton.

Toutes ces coalitions ont progressé, elles se sont structurées, elles ont adopté des programmes de travail et elles présenteront des résultats concrets de leurs travaux à la COP22.

Avec ces travaux préparatoires intenses, la COP22 tiendra sa promesse d’être une conférence de l’action comme la COP21 a tenu la sienne de fixer un cadre international et une vision à long terme partagée.

 

Philippe Lacoste, Ambassadeur, chargé des relations internationales pour le climat, conseiller de Segolène Royal, Ministre de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie et présidente de la COP21

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