International
11H17 - mercredi 31 août 2016

Pour son dernier discours de politique étrangère, François Hollande voit un avenir sombre

 

Comme à chaque Conférence (devenue Semaine) des ambassadeurs, depuis 24 ans, le Président de la République  donne le « la » en politique étrangère pour l’année à venir. Une continuité assez marquée se dégage de ces discours, notamment ce leitmotiv typique de la classe dirigeante française : le rôle mondial de la France, rôle qui dépasse notre seul destin national. La France a une parole et une attitude que le monde extérieur guette de près, nous rappelle François Hollande, une « place spéciale dans les problèmes de planète ». Décryptage d’un discours passé un peu trop inaperçu avec la démission d’Emmanuel Macron.

François Hollande face aux ambassadeurs -  © Présidence de la République - J. Bonet

François Hollande face aux ambassadeurs – © Présidence de la République – J. Bonet

Cette année encore, la bonne vieille ambiance festive typique des années Chirac est bel et bien révolue. Les journalistes sont évacués tout de suite, aucun dialogue, aucun échange. Dommage, la bonhomie peut chasser l’usure devant les grands discours. 

La Syrie reste insoluble, le terrorisme permanent, l’Europe désunie

Prenons le ton général du discours : un avertissement que le monde va mal, mais que sans le poids de la France ce serait pire. Au Moyen-Orient, face à Daech, la France agit militairement, de concert avec les États-Unis, la Turquie et la Russie. Le gouvernement français constate cependant que l’action russe et turque est contradictoire : Bachar al-Assad profite de l’appui russe pour éliminer tous les opposants, et la Turquie attaque les Kurdes autant que Daesh. La Russie, semble dire Hollande, ne se soucie guère de ses contradictions, alors que la France, elle, veut que les violences cessent et que la solution politique soit privilégiée. Et de rappeler : l’usage des armes chimiques a repris, du côté du régime sans oublier que Daesh aussi en fait usage. « Ces crimes ne resteront pas impunis », poursuit Hollande, mais est-ce que cela fait peur ?

Le terrorisme djihadiste, lui, est constant et le président remarque qu’en détruisant les principaux lieux de Daesh l’on ne le détruit pas entièrement car les foyers sont nombreux en Asie et en Afrique, sans oublier l’Europe. Ici, la réflexion présidentielle s’arrête, ce qui est normal, car la politique étrangère n’est pas seulement l’instrument de la lutte contre la folie meurtrière des psychopathes djihadistes.

La désunion de l’Europe, enfin, est un fait que le Brexit a révélé au grand jour. La volonté populaire britannique doit être respectée, alors même que la volonté populaire des autres Européens doit l’être tout autant. François Hollande le martèle : l’UE ne va pas aménager une place hybride pour le Royaume-Uni, elle va plutôt préserver sa propre unité, fût-ce au prix de fixer les limites d’un nouvel arrangement avec les Britanniques. 

 

L’action immédiate : Hollande met les points sur quelques « i »

TTIP ou Tafta : le traité ne pourra aboutir d’ici la fin de l’année, car il est trop déséquilibré : le mieux est de ne pas prolonger discussions qui ne pourront aboutir faute de bases adéquates. La France regarde les choses en face, et ne va pas « cultiver les illusions ». Cependant, la communauté internationale pourrait se retrouver autour d’enjeux qui restent bien réels. 

Libye : les institutions se sont effondrées, les milices ont  proliféré, et finalement Daesh s’est installé à Syrte, « d’où il est en train d’ être chassé ». Et donc la France invite le Premier Ministre Fayez el-Sarraj dans les prochaines semaines – sans doute pour consolider un peu son pouvoir chancelant. 

Ukraine : l’annexion de la Crimée reste un changement grave des frontières en Europe. En ce qui concerne l’avenir de la zone rebelle de l’est ukrainien, il faudra des élections sous le droit ukrainien, et des observateurs de l’OSCE. Hollande regrette que la proximité nécessaire et naturelle avec la Russie soit gênée par cette inconduite russe.

 

Le climat, une constante de Hollande

La défense des Accords de Paris, adoptés lors de la COP 21 en décembre dans la capitale française, doit encore être ratifiée par de nombreux États. Hollande appelle cela la « première urgence », et espère l’entrée en vigueur des Accords avant fin année. « Messieurs les Ambassadeurs, relayez à vos gouvernements la nécessité d’une ratification. » 

Hollande s’étend avec beaucoup de détails sur la décarbonation de nos économies, et sur l’importance de la culture. Des vérités sur le besoin de promouvoir la francophonie, et la lutte contre les destructions du patrimoine… Un catalogue de bonnes intentions.
Enfin, pas de commentaire sur les élections contestées au Gabon, un sujet qui sûrement aurait fâché.

Au final, le consensus de la France et de l’Europe, autour de grands principes dont toujours le même : le monde a besoin de la France. Une dose de gaullisme délicieusement surannée, agrémentée de préoccupations vertes et d’un discours sur le sauvetage de l’Europe.

 

Harold Hyman

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