International
16H42 - vendredi 22 juillet 2016

Chronique des libertés – 22 juillet 2016

 

Assassinat d’un journaliste biélorusse

Crédit photo : Koras, Wikimedia Commons

Crédit photo : Koras, Wikimedia Commons

Pavel Sheremet était un journaliste confirmé. Il avait notamment dénoncé les manquements aux libertés du gouvernement d’Alexandre Loukachenko, président de la République de Biélorussie depuis 22 ans. Son arrestation par les autorités biélorusses avaient conduit à un incident diplomatique entre la Russie et la Biélorussie. Son travail lui avait d’ailleurs valu d’obtenir en 1998 le prix international de la liberté de la presse. Il travaillait depuis à Ukrayinska Pravda, un média d’investigation ukrainien.

Il est mort ce mercredi dans une explosion de voiture à Kiev. La justice ukrainienne décrit l’incident comme un assassinat et n’exclut pas l’implication des services secrets russes dans l’affaire. Il laisse derrière lui une femme et deux enfants.

 

Un journaliste sous pression en Thaïlande

Crédit photo : Sodacan, Wikimedia Commons

Crédit photo : Sodacan, Wikimedia Commons

La femme du journaliste britannique Andrew MacGregor Marshall aurait été entendue par la police vendredi dernier pour un cas de crime de lèse-majesté. Cette loi musèle toute voix dissidente en Thaïlande, interdisant de critiquer le Roi ainsi que la politique de son gouvernement. Marshall aurait été à l’origine de plusieurs posts critiques envers les autorités. Il aurait également diffusé des photos peu flatteuses du prince Maha Vajiralongkorn. Andrew MacGregor Marshall est un spécialiste de la famille royale thaïlandaise. Il a d’ailleurs publié le livre « A Kingdom in Crisis » sur la question, livre qui a été banni en Thaïlande.

Alors que sa femme, Noppawan « Ploy » Bunluesilp, était en visite dans sa famille accompagné de leur fils de trois ans, la police a procédé à une perquisition, arrêtant Ploy et son père pour les interroger et saisissant l’ordinateur, l’iPad et plusieurs documents du journaliste. Andrew Marshall a déclaré qu’il n’y avait aucune raison d’arrêter sa femme, qu’il s’est employé à la garder à l’écart de son métier de journaliste et qu’elle ne partageait de toute façon pas ses vues sur la politique thaï.

Andrew MacGregor Marshall risque de 3 à 15 années de prison (peine cumulable) s’il est reconnu coupable de lèse-majesté.

 

Ukraine : des exactions de chaque bord

Crédit photo : LionKing, Wikimedia Commons

Crédit photo : LionKing, Wikimedia Commons

Dans un rapport conjoint, Human Rights Watch et Amnesty International ont révélé que les séparatistes pro-russes comme les autorités ukrainiennes ont détenu plusieurs civils de façon illégale, allant jusqu’à les torturer. Les services secrets ukrainiens (SBU) auraient détenu dans le secret jusqu’à 16 personnes dans un centre de rétention non officiel à Kharkiv. Les séparatistes quant à eux opèrent « sans contrôle » à Donetsk, « privant leurs détenus des droits les plus élémentaires » selon le rapport. Les deux organisations appellent les deux opposants à instaurer un contrôle sur les agissements de leurs troupes, à cesser les détentions illégales, la torture, et à autoriser le travail d’observateurs indépendants.

 

En Turquie, la purge.

Crédit photo : kremlin.ru, domaine public

Crédit photo : kremlin.ru, domaine public

Suite au coup du 15 juillet, la Turquie est entrée en état d’urgence. Selon le premier ministre Numan Kurtulmus, bien qu’il ait été proclamé pour trois mois, il pourrait s’interrompre avant cela si besoin. Suivant l’exemple de la France, la Turquie dérogera à quelques aspects de sa constitution afin, selon le président Recep Tayyip Erdogan, de permettre à la police de travailler plus efficacement pour arrêter ceux qui se sont rendu coupables de trahison.

L’Union européenne s’est dite inquiète de voir cet état d’urgence instauré, alors que depuis une semaine, les milieux universitaires, judiciaires et médiatiques subissent une vraie purge, allant de la simple destitution au lynchage populaire. On compte aujourd’hui plus de 50.000 fonctionnaires suspendus, 600 écoles fermées et une trentaine de journalistes limogés.

Mais le président s’est montré totalement insensible aux appels de la France et de l’Allemagne à limiter la répression contre les putschistes. Erdogan a appelé Jean-Marc Ayrault à « s’occuper de ses affaires », selon des propos rapportés par la BBC.

 

Qandeel Baloch, un crime d’honneur

Au Pakistan, Qandeel Baloch était devenue une star d’internet. Après s’être fait connaitre dans une télé crochet, elle avait rassemblé autour d’elle une large communauté sur les réseaux sociaux. Active et activiste, elle postait régulièrement des photos légèrement provocatrices selon les standards pakistanais ainsi que des vidéos dans lesquelles elle discutait de la place de la femme dans la société entre autres. Plus qu’une starlette 2.0, elle avait également survécu à un mariage forcé à 17 ans avec un homme qui la violentait.

Le 15 juillet, son frère l’a étranglée dans son sommeil. La raison invoquée : Qandeel salissait l’honneur de sa famille. Les crimes d’honneur sont courants au Pakistan. Selon Human Rights Watch, plus d’un millier de femmes pakistanaises seraient tuées chaque année dans ces circonstances. Habituellement, la législation prévoit qu’aucune charge ne soit retenue si la famille de la victime « pardonne le crime ». Mais dans ce cas précis, probablement à cause de la popularité de la jeune fille, les autorités pakistanaises ont décidé d’incriminer le frère de Qandeel. La mort de la jeune femme pourrait donc être un tournant pour toutes les pakistanaises : déjà la population appelle à ce que justice soit faite et des politiciens de tous bords ont annoncé leur volonté de voir cette loi réformée. Même dans la mort, Qandeel Baloch aura remporté l’un des combats qu’elle menait.

 

Arrêtons de dénigrer notre chère Tunisie !

En cette ère où les images ont un pouvoir émotionnel puissant et peuvent fausser la réalité, Nous, enfants de la France et de la Tunisie, et amis de cette terre d’Afrique du…