International
15H10 - jeudi 23 juin 2016

Le sénat américain sourd aux larmes d’Orlando

 

Rien ne semble pouvoir ébranler les législateurs en matière d’armes à feu aux États-Unis. Suite au refus du Sénat d’adopter une loi sur le contrôle des armes, plusieurs élus démocrates ont lancé hier soir un sit-in dans l’hémicycle. Ils appellent à l’ouverture d’une nouvelle discussion pour placer cette question au centre de la campagne présidentielle. Bien qu’assez inhabituelle dans l’enceinte de cette chambre plutôt conservatrice, cette protestation a peu de chances de faire bouger les lignes.

Crédit photo : M&R Glasgow, Flickr CC

Crédit photo : M&R Glasgow, Flickr CC

Le 12 juin dernier, Orlando connaissait la fusillade la plus meurtrière de l’histoire des États-Unis. Omar Matten entrait dans un club, le Pulse, haut lieu de la communauté LGBT d’Orlando, et ouvrait le feu, tuant 49 personnes. Il était armé d’un Sig Sauer MCX, fusil d’assaut dernière génération originellement créé par le géant suisse de l’armement afin d’équiper les forces spéciales américaines. Cette arme de guerre est disponible pour le grand public depuis 2015. Il possédait également une arme de poing, un Glock 17. Ce pistolet autrichien, initialement conçu pour équiper les forces de l’ordre et l’armée, est devenu l’une des armes les plus populaires sur le marché civil américain. L’homme de vingt-neuf ans avait acheté légalement ces deux armes ainsi qu’une réserve conséquente de munitions, le tout dans une seule et même boutique.

On aurait pu penser que ce traumatisme amènerait une majeure partie de l’opinion publique et des législateurs à vouloir restreindre l’accès aux armes. Il n’en est rien.

Lundi dernier, le Sénat américain a refusé d’adopter une loi visant à interdire la vente d’armes aux personnes figurant sur les listes de surveillance terroriste et à systématiser la vérification des antécédents psychiatriques et criminels des acheteurs. Cette mesure, proposée par les sénateurs démocrates à la suite du drame d’Orlando, a été rejetée par les républicains, majoritaires au Sénat.

Dans la société civile, le désir de s’armer augmente parmi les citoyens américains. Le 5 octobre 2015, le Washington Post annonçait qu’il y avait désormais plus d’armes que de citoyens aux États-Unis (1,12 par personne en 2013). Ce chiffre ne cesse d’augmenter d’une année sur l’autre, pire l’augmentation en est exponentielle : le marché est florissant.

Ce paradoxe trouve plusieurs explications.

La justification la plus répandue est que si plus de personnes étaient armées, ils pourraient mettre fin à ce genre de tueries en abattant le criminel. C’est d’ailleurs ce que Jesse Hugues, chanteur des Eagles of Death Metal et donc premier témoin des évènements du Bataclan, ne cesse de répéter dans tous les médias. Cette idée est pourtant totalement fausse. Les chiffres le prouvent. Non seulement les pays les plus armés dans le monde sont ceux qui connaissent le plus de tueries par arme à feu (États-Unis, Yemen), mais le nombre de fois où un tueur de masse a été abattu par un civil est insignifiant. Les défenseurs des armes surestiment la capacité d’un individu à réagir dans ce genre de situations. Le sang-froid nécessaire à une réaction efficace s’acquiert à force d’entraînement, comme celui des militaires et policiers.

Les attentats terroristes en Europe et la création de l’État islamique ont renforcé l’islamophobie latente de certaines franges de la société américaine, l’incitant à s’équiper. Pourtant de nombreuses tueries américaines n’avaient rien à voir avec des groupes islamistes. On pense notamment à celles qui se sont déroulées dans les écoles, comme à Columbine en 1999, à l’université de Northern Illinois en 2008 et à Sandy Hook en 2012. Les trois ont été perpétrées par de jeunes hommes jugés mentalement instables. En 2012 également, à Aurora, un jeune diplômé en neuroscience, James Eagan Holmes, ouvrait le feu dans une salle de cinéma lors de la projection de Batman : The Dark Knight Rises, assassinant 12 personnes. L’homme s’était teint les cheveux en rouge et se faisait appeler « Le Joker ». Le terrorisme islamiste est donc loin d’être la seule cause de meurtres de masse aux États-Unis.

La plus puissante opposition au renforcement du contrôle des armes vient certainement du lobby de la NRA (National Rifle Association), forte de près de 5 millions d’adhérents. Depuis près de cinquante ans, elle fait pression sur les législateurs conservateurs (généralement républicains) pour que rien n’évolue dans ce domaine. D’ailleurs, elle a compté et compte encore parmi ses membres des personnalités politiques telles que Theodore Roosevelt, Dwight Eisenhower, John Fitzgerald Kennedy ou bien encore George H. W. Bush. Mais il ne faut pas s’y tromper : bien que la NRA invoque à chaque prise de parole le 2e amendement de la Constitution américaine, censé garantir le droit pour tout américain à posséder une arme, l’organisation travaille moins au bien-être des détenteurs d’armes et des citoyens américains qu’à la prospérité de l’industrie de l’armement. Donald Trump a d’ores et déjà annoncé son soutien à la NRA, dont il était l’invité spécial lors de son congrès annuel en mai dernier.

 

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