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15H35 - mercredi 1 juin 2016

Zebunet, prendre les chèvres par les cornes

 

Zebunet a quinze ans. Pas question de rater cette occasion de faire la fête. Surtout que l’association a largement mérité soutien et reconnaissance.

Crédit photo : Scott Bauer, Wikimedia Commons

Crédit photo : Scott Bauer, Wikimedia Commons

Dans le monde de l’humanitaire se distinguent différents courants, parmi lesquels la charité, elle-même partagée en tendances. Il y a la tendance « aumône » qui pare au plus pressé. Elle consiste à combler les manques en soins, en nourriture ou en éducation. Essentielle dans l’urgence, cette formule comporte le risque d’installer une dépendance. Il y a par ailleurs la tendance « aide au développement ». Qui à longue échéance permet à ses bénéficiaires de voler de leurs propres ailes et pourquoi pas un jour de soutenir d’autres à leur tour. Ici, le microcrédit est le nerf de la paix. Ce n’est pas sans raison qu’il est en vogue aujourd’hui. Mise à l’honneur en 2006 avec le prix Nobel remis à Muhammad Yunus, fondateur de la Grameen Bank, cette formule humanitaire ne cesse de démontrer ses effets positifs sur l’existence des plus pauvres.

C’est dans ce deuxième courant que s’inscrit Zebunet. Créée en 2001, l’association soutient « l’agriculture paysanne par le développement d’activités d’élevages ». Comment ? En prêtant de l’argent, entre 100 et 200 euros, pour financer l’achat de bêtes. Les bienfaiteurs « du Nord », contributeurs exceptionnels, parrainent ainsi les animaux de paysans « du Sud ». À ces derniers de s’employer à faire fructifier leur cheptel, à profiter de ses bienfaits en matière de lait, fromages, œufs, en gérer la reproduction, la vente… Et le système a fait ses preuves. En quinze ans rares sont ceux qui n’ont pas remboursé leurs prêts – ils sont moins de 3 % – c’est une affaire d’honneur. La plupart des mauvais payeurs l’ont été malgré eux. Quant à l’association, elle sait bien sûr passer l’éponge sur une ardoise s’il le faut, pas question d’aggraver encore une situation difficile.

Les femmes sont les premières à bénéficier du projet. Parce qu’elles sont les plus vulnérables, aussi en matière de statut – à Madagascar, par exemple, une veuve regagnera sa place dans la communauté si elle possède un zébu – et les plus responsables. Les femmes savent économiser et investissent avant tout dans l’éducation des enfants, leur nourriture, leur bien-être. Les femmes, à l’épreuve du temps, sont un plus sûr « investissement ». Elles se négligeront au profit de leur foyer.

À l’origine de ce projet, une femme exceptionnelle. Née à Saigon – Hô-Chi-Minh-Ville – Hahn Ha a quitté le Vietnam un peu en catastrophe, à la fin de la guerre. Benjamine d’une fratrie de huit, elle rejoint ses grands frères et sœurs en région parisienne et entre en terminale. Grâce à « un surgé » attentif – aujourd’hui CPE –, elle entre en classes préparatoires puis direction normal sup’ Cachan, l’agrégation de biochimie, l’enseignement – trente-deux ans. Mais l’exil vous rattrape. Et dans son cas, c’est bien heureux. Lorsqu’elle retourne au Vietnam, elle y découvre la pauvreté. Son père prête comme il peut autour de lui à la famille. Puis il y a cette usurière, travailleuse acharnée et tout à fait décomplexée. Les taux d’intérêts qu’elle pratique sont aussi scandaleux que sa richesse affichée et sa vulgarité. Hahn Ha décide d’intervenir. Elle prêtera elle aussi, pour aider non pour s’enrichir. Elle soutient par exemple l’épicier du quartier qui au lieu de lui rembourser ce qu’elle lui a prêté le donne à des jeunes filles pour financer leurs études. L’argent tourne. Et c’est bien. Puis elle rencontre Gérard Feldzer qui lui suggère de développer l’idée. Ils y réfléchissent ensemble. Et c’est ainsi que naîtra de ces deux esprits généreux l’association Zebunet présente désormais au Vietnam, au Niger, au Togo, au Burkina Faso, ainsi qu’en Mauritanie et à Madagascar.

 

L’anniversaire de Zebunet se fêtera en musique vendredi 3 juin, à 20 heures, à l’église Saint-Eustache de Paris avec le groupe Zhangomusiq, accrédité par le prince Albert de Monaco. Cet ensemble musical à vocation caritative est né de l’idée de Zhang Zhang, premier violon de l’orchestre philarmonique de Monaco. Originaire de Pékin, issue d’une famille d’artistes, Zhang Zhang croit en la musique comme « instrument puissant de changement positif ». Elle explique qu’en chinois l’idéogramme « musique » se compose de deux mots : son et bonheur. Et c’est au bonheur des plus pauvres qu’elle espère humblement contribuer par ses concerts. Depuis la création de son ensemble Zhangomusiq, elle en a donné cinquante dont 100 % des gains ont été reversés à des projets humanitaires et écologiques. À son programme, cohabitent musique classique, bossanova, blues, jazz et bien d’autres…

Pour tout renseignement complémentaire, rendez-vous sur le site de Zebunet

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