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Sylvère-Henry Cissé ne souffre pas de « mais »

Sylvère-Henry Cissé se définit lui-même en une phrase bien tournée : « Le goût des mets, le refus des “mais” et l’envie d’aimer ». Succincte, la formule en dit long à celui qui regarde au-delà du seul jeu des mots. C’est que l’homme est habile.

N’essayez pas de grappiller des détails inédits sur sa vie personnelle. Le privé, c’est sacré. Vous aurez juste son CV. Vous le suivrez difficilement, tant il semble pressé, sur son parcours professionnel qu’il retrace à grands coups de pinceaux, en brûlant les étapes. Il vous faudra parfois le tirer par la manche pour obtenir in extremis une ou deux précisions. C’est qu’il a tant à faire, et le passé, c’est le passé. Il citera les noms de ceux qui l’ont marqué. Les grandes voix de cette radio qu’il cachait sous son oreiller pour l’écouter jusqu’à pas d’heure, bien après l’extinction des feux : Gonzague Saint Bris, Yves Bigot, bien sûr aussi Jean-Loup Lafont, avec son hit-parade, qui lui a fait connaître les Bee Gees et The Pretenders, entre autres coups de cœur. Il racontera les rencontres. Aussi improbables que magiques. Ce Paul Basse, par exemple. Un soir que, dans un bar, il déclarait à un ami qu’il allait tout plaquer, que la radio c’était fini, qu’il en avait soupé, un parfait inconnu, ce Paul Basse justement, lui a tapé sur l’épaule, l’a remis sur les rails pour disparaître de sa vie quarante-huit heures plus tard, après y avoir tout changé…

Comment ? De quoi s’agit-il ?

Sylvère-Henry Cissé était de ceux qui au lycée, manquant d’inspiration, s’inscrivent à n’importe quelle fac pour étudier n’importe quoi sans aucune conviction. Il opta donc pour Villetaneuse et l’administration économique et sociale. Puis, heureusement, un jour, quelqu’un le sortit de là, lui proposant de présenter une émission de cinéma sur une radio pirate. Pour lui, rien de subversif dans cette histoire de « pirates ». Et d’ailleurs peu après les radios se sont libérées. Il n’envisageait pas alors de faire carrière dans ce métier. Ça lui plaisait, il était jeune… et assez insouciant – téméraire ? – pour continuer.

C’est ainsi qu’il est embauché, à Mouvaux dans le Nord, par la nouvelle Radio Temps Libre. Il y anime tous les jours, de 14 heures à 18 heures, un programme musical. Il travaille d’arrache-pied. Cette nouvelle station n’est pas à court d’ambitions. Lui non plus. Ni d’espoir. C’est qu’on lui fait de grandes promesses. Puis arrive le licenciement. Le découragement. Et Paul Basse. Car c’est là qu’intervient le fameux inconnu du bar : il l’envoie rencontrer Pierre Lattès à Paris, 11 rue de la Fontaine-au-Roi. Sylvère-Henry Cissé s’en souvient comme d’hier.

Célèbre animateur, entre autres du Pop-Club, Pierre Lattès avait contribué à développer NRJ, et lançait maintenant sa Radio Fun, en dissidence. Après deux heures d’entretien dans des conditions burlesques (Pierre Lattès, en slip et marcel, le reçoit dans son salon avec son perroquet), Sylvère-Henry est recruté. En voiture donc pour Montpellier d’où, après une semaine d’essai, il partira dans toute la France ouvrir des antennes Fun.

Ensuite, de hasards en rencontres, les choses s’enchaînent heureusement – c’est qu’il sait s’emparer des chances qui passent à sa portée –, sa carrière rebondit de Fun Radio à Canal + en passant par Disney Channel. Il parle de cinéma, musique, gastronomie, actu, sport…

Stop ! Vous avez dit sport ?

S’il a pratiqué le rugby, le foot, le hand, le basket et le saut en hauteur à l’époque du lycée, s’entraînant trois fois par semaine, plus les matchs du week-end, il ne l’aborde dans son métier de journaliste que plus tard, en 1998, à l’occasion  – rêvée – de la Coupe du monde de football. Travaillant à Disney Channel, il propose une émission sport à destination des enfants. Le directeur des programmes, Patrice Blanc-Francard – qu’il admire – lui donne alors son feu vert. Ce sera Le Journal de la coupe du monde en 1998, puis 2002. Il produira ensuite On est les champions, encore sur Disney Channel, avant de passer à Canal +, où il présentera le sport de La Matinale et animera Chercheurs d’or.

Sylvère-Henry Cissé ou la passion du sport ? Il hésite sur le mot. Trop de tumulte dans la passion. Lui est un homme tranquille. Il aime le sport bien sûr. Comme il aime la musique, le cinéma, la cuisine. C’est le pouvoir du sport qui fait la différence : il peut changer le monde, car il a la vertu de rassembler, d’intégrer. Convaincu de l’impact que le sport peut avoir sur le mieux-vivre-ensemble, Sylvère-Henry Cissé a fondé en 2013 Sport et Démocratie, « club citoyen de réflexion autour des problématiques liées au sport ». Il espère ainsi contribuer, en toute humilité, à une société plus juste. Car l’injustice le révolte. C’est même sans doute la chose qui le bouleverse le plus.

Et quand il ne change pas le monde, Sylvère-Henry savoure la vie et régale ses amis avec des plats qu’il mijote – variations impromptues sur des recettes choisies. Et son plus grand plaisir ? Les voir sourire quand il demande : « Est-ce que tout est à votre goût ? »

Pour nous, oui, c’est parfait, monsieur Sylvère-Henry Cissé, merci, continuez…

Le 31 mai, Sylvère-Henry Cissé animera le Mardi du Club des décideurs engagés d’Opinion Internationale à 19h.

Renseignements : michel.taube at opinion-internationale.com

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