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Éric Bazin, d’un engagement à l’autre

Passionné, inspiré, Éric Bazin a aussi un sens aigu du réel. Et c’est la clé de son succès. Car les idées ne suffisent pas, il faut savoir leur donner vie.

Il aurait pu se contenter de surfer sur ses réussites, confortablement installé tout en haut de sa vague. Qui le lui aurait reproché ? À chaque âge, il a au contraire choisi de se mettre au défi et d’innover sans jamais craindre de voir en grand. Pour lui jouer, c’est gagner. La dernière de ses aventures est le développement d’incubateurs africains et le lancement de conférences sur l’Afrique… pour les africains. Son parcours en quelques clins d’œil.

Après des études de droit à Dijon, il a intégré une école de journalisme à Paris. Lors de son premier stage, à l’agence Gamma, il « découvre la photographie ». Et là, premier éclair d’inspiration : il invente le concept du reportage photo réalisé en binôme – un photographe, un rédacteur –, qui séduit de grands titres comme Paris Match, Géo, Stern et le Sunday Times. La machine « Bazin » est lancée.

En 1993, il crée sa propre agence de presse. Afin de pouvoir financer des projets au long cours, aussi coûteux qu’ambitieux, il produit une série de reportages people. « 24 heures avec Claudia Schiffer », pour ne citer que cet exemple, rapporte 3 millions de francs. À l’époque, un carton !

Mais le marché évolue. Il est temps pour Éric Bazin d’aborder le prochain virage.

C’est en skiant à Courchevel qu’il a la révélation. Voyant défiler les piliers qui dénaturent le paysage, il imagine les cacher par des photographies géantes. Un coup de génie, sans doute. Nous sommes aujourd’hui habitués à ces clichés qui recouvrent les façades en rénovation, mais à l’époque c’était une révolution. L’idée ne suffit pas. Il pense alors au contenu. Il s’agira par ces images de sensibiliser les visiteurs de la station (1,4 million par an) à la préservation de la planète. Les photos présenteront des sites naturels du patrimoine mondial de l’Unesco en péril et des espèces animales en voie d’extinction.

Il  trouve le budget, mobilise des photographes, les meilleurs de leur génération. Il croit le concept bouclé jusqu’à ce dîner entre amis. L’un d’eux, George J. Gendelman, qui deviendra son partenaire, suggère d’organiser en marge de l’événement des tables rondes, de travail et de discussion, autour du développement durable.

Et c’est ainsi que naissent en 2005, en même temps que « la plus belle et plus grande galerie photo à ciel ouvert – à 2 400 mètres d’altitude », les Ateliers de la Terre. Une première en la matière.

De Courchevel à New York en passant par Deauville, Copenhague, Évian et Rio, ces Ateliers roulent leur bosse. De succès en succès jusqu’au fiasco de l’Unesco, à Paris, en 2013. On ne s’arrête pas sur un échec. Aussi continue-t-il encore deux ans, puis passe à la prochaine aventure.

Au cours de ses activités, il a remarqué que l’Afrique n’a jamais droit au chapitre. Pourquoi ne pas s’investir pour changer cette donne ? Il en a une furieuse envie. Comment ? Il y réfléchit et bien sûr trouve : la Cop21 se profile à l’horizon 2015. Il doit agir pour empêcher qu’une fois encore l’Afrique en soit la grande exclue. Il a l’idée d’un concours de start-up africaines avec trois prix à la clé. Financiers, mais pas seulement. Les lauréats gagneront un tutorat, proposé par SciencePo, et trois mois dans l’incubateur de la ville de Paris, Paris & Co. Il ne lui restait plus qu’à organiser l’événement – pas une mince affaire.

Et ainsi, du 2 au 11 décembre dernier, 100 jeunes entrepreneurs africains ont pu pitcher leur business models devant un parterre de chefs d’entreprises, investisseurs, journalistes, ONG, etc. Le LAB – Land of African Business –, incubateur africain, était désormais sur ses rails, mais il y a encore à faire. « Ces jeunes sont extraordinaires. Ils ont des projets magnifiques. Il leur manque un savoir-faire, mais surtout le faire-savoir. »

Ils sont entre de bonnes mains avec Éric Bazin et son LAB, pour l’Afrique de demain.

 

 

labLa deuxième édition du LAB, Land of African Business, se tiendra, en préambule à la COP22 de Marrakech, du 19 au 24 octobre 2016 à Paris, à l’hôtel de l’Industrie. Ses organisateurs promettent que « pendant 6 jours, le cœur d’une Afrique innovante et performante battra au cœur de Paris ».

Plus de 100 start-up africaines seront invitées à présenter leur Business Model. Des conférences et 35 tables rondes seront par ailleurs proposées.

Cette initiative a pour ambition « de créer un espace unique pour favoriser les rencontres entre experts, entrepreneurs, politiques, étudiants et média », un espace de « réflexions mais avant tout de solutions pour l’Afrique, nouveau relais de croissance aux frontières sans cesse repoussées ».

 Le LAB avait été lancé en 2015. Se déroulant parallèlement à la COP21, l’événement avait attiré 3 000 participants de plus de 40 nationalités.

Pour en savoir plus : le LAB

 

Opio Derrick Hosea
Homayra Sellier
Sylvère-Henry Cissé
Dominique Attias
Corinne Evens
Gérard Idoux
Stéphanie Mbida
Fadia Otte
Maurice de Kervénoaël
Marie-Odile Vincent
Dominique Serra
Éric Bazin
Jean-Paul DELEVOYE