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17H17 - mercredi 25 mai 2016

Liban: La société civile tente renverser le clientélisme politique

 

Cette liste sympathique est hautement féminisée selon les critères libanais et, sans que sa direction soit clairement établie sur le mode protocolaire des partis de pouvoir, c’est Nadine Moussa qui émerge à sa tête avec quelques autres. Nous l’avons rencontrée au célèbre Chez Paul, pâtisserie-salon de thé-restaurant, sorte de café de Flore à Beyrouth. Cette juriste, mère de deux enfants, francophone et anglophone, et impressionnante par sa sérénité alerte, n’hésite pas à nous faire, à nous Européens, un doux reproche : « La société civile européenne et les gouvernements européens devraient conditionner leur aide au Liban à la réforme électorale, afin d’affaiblir les clans traditionnels ». Car en tant que féministe et réformiste du système politique, ce sont à ces clans qu’elle s’oppose.

Nadine Moussa

Nadine Moussa – Crédit photo : Harold Hyman

Parmi ses nombreux projets : lever le secret bancaire, absolu au Liban. Cette idée secouerait les clans traditionnels qui font de la politique à coup de milliers voire millions de dollars. De l’argent pour la politique mais pas pour gouverner. En effet, en octobre, l’État n’a pas eu de quoi payer les salaires des soldats de ses Forces armées. Les aides internationales continuent quand même d’affluer, et selon madame Moussa elles maintiennent le clan des six sous respiration artificielle. Les chefs des six clans politiques : Nasrallah du Hezbollah, Nabih Berri du parti chiite arabe nationaliste, Amal, Michel Aoun le chef chrétien, allié au Hezbollah, Samir Geagea chef du Parti chrétien, appelé autrefois antisyrien et antipalestinien, Walid Joumblatt chef du Parti druze et Saad Hariri chef du Parti du futur, Mostaqbal, opposé à la Syrie de Bachar al-Assad.

Elle appelle donc l’étranger à interrompre son aide ou tout au moins à la mettre sous condition afin de changer le système électoral et mettre la  « Bande des six », comme elle les nomme, sous pression. « Les Libanais du peuple détestent les partis politiques », assure-t-elle.

Nadine Moussa dirige une espèce de sous-parti de la société civile, le Mouvement de la citoyenneté, qui tente de s’ancrer sur tout le territoire. « On a une culture de tolérance au Liban, les Libanais sont un exemple pour les autres Arabes. » Donc le MC doit réussir !

Autre point sur la situation intérieure du pays : les réfugiés. Beaucoup ne fuient pas la guerre, dit-elle, mais arrivent ici pour des raisons économiques. À Arsal (dans le Nord-Est), il y a même parmi eux des islamistes durs. Il faudrait tous les recenser, voir combien sont là pour des raisons sécuritaires et relocaliser les autres, selon la bonne pratique humanitaire, plus près de chez eux en attendant qu’ils y retournent.

Mais comment les recenser alors que l’on ne recense pas la population libanaise depuis la Deuxième Guerre mondiale ? Encore un blocage ! Par son mouvement, Nadine Moussa entend contribuer à doter le système politique libanais de maturité. « Notre contrat social a toujours été imposé de l’extérieur. Ottomans, Français, Syriens, Saoudiens. » Il serait donc temps, selon elle, que les citoyens, débarrassés des clans, prennent le relais. Et si les citoyens ne sont pas encore tous acquis, les masses lentement se réveillent.

 

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