International
10H10 - lundi 11 avril 2016

Une Semaine en Inde (du 4 au 11 avril 2016)

 

 

Le défi de Modi pour une Inde propre

Campagne « Inde propre ». Crédit : EPA

Campagne « Inde propre ». Crédit : EPA

Des Indiens expatriés aux touristes, la situation de l’hygiène et des déchets en Inde étonne par sa gravité et l’absence d’amélioration. Et cela à tel point que le pays se classe, dans sa gestion des problèmes de santé publique à l’origine de retards de croissance physique ou mentale chez l’enfant, juste derrière le Bangladesh et les pays d’Afrique sub-saharienne. Chaque année, le pays, dont la population est quatre fois plus nombreuse que celle des États-Unis, collecte entre 55 et 70 millions de tonnes de déchets contre 250 millions pour les Etats-Unis, soit plus de autres fois moins.

Le Premier ministre Narendra Modi a décidé de prendre le problème à bras-le-corps – d’autant que les attentes électorales sur cet enjeu semblent de plus en plus fortes. Ainsi a-t-il lancé le 2 octobre 2014, date anniversaire de la naissance de Gandhi pour qui l’hygiène était déjà une préoccupation importante, sa campagne Swachh Bharat !, « Inde propre », avec pour objectif de construire 100 millions de toilettes privées et 500 000 publiques d’ici à 2019. Depuis se sont donc succédé d’importantes campagnes de publicité et de sensibilisation, coûtant plus de 20 millions de dollars – une mobilisation budgétaire suivie de l’implication tant du gouvernement que de la Cour suprême qui précise peu à peu sa réglementation.

 

Au moins 79 morts dans un incendie lors d’un feu d’artifice

Le week-end dernier, la célébration du Nouvel An hindou dans un temple du Sud-Ouest de l’Inde, dans le Kerala, a causé la mort de 79 personnes, en blessant 250. Le temple, dédié à Puttingal Devi, a été pris par un incendie suivi d’une bousculade que les forces de sécurité – aujourd’hui accusées de laxisme – n’ont pas réussi à endiguer. Le Premier ministre Narendra Modi a de son côté fait part de son émoi face à cette catastrophe, annonçant que son ministre de la Santé et lui-même se rendraient sur place pour « faire le point de la situation ». Surnommé « le propre pays de Dieu », le Kerala est une zone particulièrement touristique.

Principalement incriminé : le feu d’artifice, dont les étincelles en retombant auraient provoqué l’incendie. L’agence Press Trust of India (PTI) a pour sa part rapporté que l’incendie avait été provoqué par l’explosion de pétards dans l’entrepôt où ils étaient rangés.

Ce genre n’accidents n’est pas rare en Inde. Les bousculades y sont nombreuses et souvent meurtrières : dans la panique, la densité ne pardonne pas. Mais l’impact de cet évènement est d’autant plus important qu’il s’est produit au début de la campagne législative.

 

L’émergence d’une nouvelle religion : le Dinkan, ou comment devenir un parti politique d’influence

La BD Balamangam, 1983, à l’origine d’une nouvelle religion

La BD Balamangam, 1983, à l’origine d’une nouvelle religion

Depuis son arrivée au pouvoir en mai 2014, Narendra Modi n’a eu de cesse d’affirmer le caractère presque exclusivement hindou du pays. Au point d’exaspérer une grande partie de sa population, qui trouve divers moyens d’exprimer sa non-adhésion à ce qui est perçu comme une infraction à la Constitution, qui affirme en effet la « sécularisation » — comprise au sens de coexistence des religions – du pays.

Parmi ces moyens de contestation, des athées indiens ont trouvé une façon de faire porter leur voix… en créant une nouvelle religion. Proclamant son attachement à la défense des femmes et des droits de l’homme, revendiquant l’absence de mesures contraignantes – une allusion directe au végétarianisme prôné par l’hindouisme –, le dinkoisme trouve son origine dans une bande dessinée des années 1980, Balamangalam. Agressée par des extraterrestres qui voulaient mener sur elle une expérience, la souris Dinkan acquit des superpouvoirs qu’elle utilise pour secourir les animaux.

Bien qu’athée, ce mouvement reprend toutes les caractéristiques d’une religion : texte sacré, sanctuaires… Rationaliste, ce sont les thèses scientifiques de la création du monde que cette « religion » défend et  « les valeurs modernes de la société » qu’elle prône. Le dinkoisme se réclame d’ores et déjà de centaines de milliers d’adhérents, majoritairement présents sur les réseaux sociaux.

Pourquoi se faire le chantre d’une nouvelle religion précisément lorsque l’on ne croit pas ? En Inde, les athées sont minoritaires et pas toujours positivement considérés. Y compris en politique, la place de l’irrationnel, du magique et du religieux, est considérable : la religion, vecteur puissant, porte donc le message politique plus loin, multipliant son impact et permettant une forte mobilisation.

 

Rire porte-t-il atteinte à la dignité humaine ?

M. Singh, ancien Premier ministre indien, portant un turban emblématique de la communauté - Crédit photo : Blog do Plannalto, Wikimedia Commons

M. Singh, ancien Premier ministre indien, portant un turban emblématique de la communauté – Crédit photo : Blog do Plannalto, Wikimedia Commons

Les blagues Sikhs sont aussi nombreuses et appréciées que les belges en France. Au point que l’avocate Harvinder Chowdhury a saisi l’institution de la Cour suprême pour en réclamer l’interdiction. Selon elle, ces plaisanteries heurtent la sensibilité de la communauté des « Sardars », ceux qui portent le turban, les désignant comme des « personnes idiotes et ridicules ». C’est ainsi que  l’avocate a argumenté, en octobre 2015, allant jusqu’à parler de violation du droit fondamental à la dignité humaine, garanti par la Constitution.

Certains humoristes indiens ont même été arrêtés pour « avoir porté atteinte au sentiment et au respect d’autrui » – arrestations interprétées comme une nouvelle entorse à la liberté d’expression dans le pays. En Inde, pour réclamer la censure d’une déclaration ou d’une prestation, il suffit qu’une personne s’en « offusque » et fasse une telle demande au nom de sa communauté.

Les modalités d’application des mesures de répression de ces histoires paraissent cependant difficiles, comme l’a souligné la Cour suprême en octobre 2015. Identifier les auteurs des plaisanteries, mais surtout ceux qui en rient ne semblent pas être une mince affaire – d’autant que souvent les Sikhs sont eux-mêmes à l’origine de ces blagues.

Arrêtons de dénigrer notre chère Tunisie !

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