Billet de Catherine Fuhg
17H32 - vendredi 1 avril 2016

Le Sida, ce n’est pas fini

 

Il y a une trentaine d’années, des millions de jeunes sont tombés. Fauchés dans la fleur de l’âge. Une génération décimée, non par la guerre mais par l’amour. La génération sida. Tant de parents alors ont dit adieu à leurs enfants au bord de trous froids et humides. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Pourtant, malgré des progrès, il n’est pas temps de désarmer.

Crédit photo : Uf Fool / Flickr CC

Crédit photo : Uf Fool / Flickr CC

Ils sont tout beaux, ils sentent le neuf, à peine sortis de l’emballage –chrysalide est plus poétique –, et ils ont la vie devant eux. Ils sont tout fous, ils sont fougueux, ils avancent le nez au vent et la fringale au ventre, envie de rire et d’en découdre, vers leur futur passé – eux qui se croient éternels.

En France, tous les ans ils descendent dans la rue pour le plaisir de protester, de scander des slogans, lancés il y a longtemps – on ne sait même plus quand – ajustés à l’actu du jour, ou d’autres qu’ils viennent d’inventer. Ils ont besoin de déployer la force qui grandit en eux pour prendre le pouvoir demain. Ce pouvoir qui leur appartient. La jeunesse, toute de feu, est notre pérennité, le trésor de l’humanité.

Les manifestations d’étudiants et de lycéens appartiennent au folklore français. Dans notre doux pays, le printemps se doit d’être chaud. Et puis il y a le bac, l’été, la plage, les baisers volés et le retour de l’automne… Souriez, nostalgique, c’est permis, même recommandé. Ainsi, notre jeunesse a le droit de se révolter et les autres – les grands, les parents –, le devoir de les protéger, les encadrer, accompagner. S’il y a des manquements, bien sûr, à cette règle d’or – tous sont graves, et chacun de trop –, elle a le mérite d’exister. Ce qui n’est pas le cas partout. En revanche, dans le monde entier, les jeunes sont les premiers à se mettre en danger. Ivres des délices multiples à portée de leur impatience et de leur gloutonnerie, peu acceptent de se soumettre au principe dit de précaution. Ils se jettent dans la vie, comme s’ils en avaient au moins sept.

Et dans la vie, il y a l’amour, c’est même le plus important : « sans amour on n’est rien du tout ». Aussi protéger nos jeunes, les encadrer, accompagner, c’est continuer à leur dire que le Sida tue par l’amour, qu’il est un mal sournois, qu’il les guette au détour de la première inattention. Il faut le dire, le répéter, avec d’autant plus de force que nos jeunes confrontés, en ces temps noirs de l’histoire, à des dangers plus concrets sont quelque peu blasés et risquent de baisser la garde, abandonnés par l’espoir.

Bien sûr il y a des avancées

Alors qu’il y a trente ans les malades du Sida n’avaient pas d’espérance de vie – leur seul espoir étant la mort qui mettrait fin à leurs souffrances –, il est possible désormais grâce aux antirétroviraux de survivre des dizaines d’années. La fin de la pandémie est même envisagée. L’Onusida s’est fixé cet objectif pour 2030. Anne Hidalgo, maire de Paris, a lancé « Paris sans Sida », objectif 2030 aussi. Pour les plus exposés, un traitement préventif peut être prescrit en France depuis novembre dernier. Et mercredi à Baltimore, des chirurgiens ont annoncé avoir procédé à deux greffes – foie et rein – entre porteurs du VIH.

Pourtant si tout laisse à penser que la science vaincra ce virus, dans un avenir proche peut-être, il ne faut pas crier victoire. Et surtout en vertu de nos devoirs envers ces jeunes, si fous et si fougueux, si amoureux de l’amour. En effet, chaque année encore, la France recense de nouveaux cas, entre 6 000 et 7 000. Leur nombre ne veut pas baisser. Il faut donc continuer à investir dans la recherche pour trouver un vaccin et contribuer ainsi à rendre un jour à la jeunesse son charmant grain de folie.

 

 

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Catherine Fuhg